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Thaïlande : l'ONU se dit consternée par les sévères peines de prison pour lèse-majesté

Une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.
Une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani.

Thaïlande : l'ONU se dit consternée par les sévères peines de prison pour lèse-majesté

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCHD) s'est dit choqué mardi par les peines de prison prononcées ces derniers mois dans des cas de lèse-majesté en Thaïlande, jugeant qu'elles étaient disproportionnées.

Le 7 août 2015, le tribunal militaire de Bangkok a condamné un agent de voyage Phongsak Sribunpeng à 30 ans de prison pour violation de l'article 112 du code pénal (aussi connu comme la loi de lèse-majesté). M. Sribunpeng a été condamné pour six messages sur Facebook qui critiquaient des membres de la famille royale. La condamnation initiale était de 60 ans – 10 ans pour chaque message sur Facebook – mais elle a été réduite après qu'il a plaidé coupable.

Le même jour, le tribunal militaire de Chiang Mai a condamné à une peine de prison de 28 ans Sasiwimol Patomwongfa-Ngarm, employée dans un hôtel, pour avoir publié sept commentaires sur Facebook critiques de la monarchie. La peine initiale était de 56 ans et a été réduite après qu'elle a plaidé coupable. En mars 2015, le tribunal militaire de Bangkok a condamné Thiansutham Suttijitseranee à 25 ans de prison pour avoir publié cinq commentaires critiquant la monarchie sur Facebook.

« Ce sont les peines les plus lourdes que nous ayons enregistrées depuis 2006, lorsque nous avons commencé à documenter les cas de personnes poursuivies pour crime de lèse-majesté pour avoir exercé le droit à la liberté d'expression », a déclaré une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève.

Selon elle, il y a eu une forte augmentation du nombre de ces cas. Depuis le coup d'État militaire, au moins 40 personnes ont été condamnées ou se trouvent en détention préventive pour des crimes de lèse-majesté, en vertu de l'article 112 et de la loi sur les crimes informatiques de 2007. Début de mai 2014, avant le coup d'Etat, il y avait cinq personnes en prison pour crimes de lèse-majesté.

Parmi les personnes reconnues coupables ces derniers mois se trouvent des personnes avec un handicap. Le 6 août, le tribunal militaire de Chiang Rai a ainsi condamné Samak Pantae à cinq ans de prison pour la destruction d'un portrait du roi alors qu'il était ivre. L'hôpital de Chiang Rai a diagnostiqué une psychose chez M. Pantae et celui-ci prend des médicaments pour combattre des hallucinations visuelles et auditives.

« Nous appelons à la libération immédiate de tous ceux qui ont été emprisonnés ou se trouvent en détention préventive prolongée pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression », a dit la porte-parole du HCDH.

« Nous exhortons également le gouvernement militaire à modifier la loi vague et générale sur le lèse-majesté pour la mettre en conformité avec les normes internationales des droits humains », a-t-elle ajouté.