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Yémen : l'ONU s'inquiète de l'augmentation rapide du nombre de victimes civiles

Des enfants avec des jerrycans à Sana'a, la capitale du Yémen. Photo UNICEF/Mohamed Yasin
Des enfants avec des jerrycans à Sana'a, la capitale du Yémen. Photo UNICEF/Mohamed Yasin

Yémen : l'ONU s'inquiète de l'augmentation rapide du nombre de victimes civiles

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a dénoncé mardi l'augmentation rapide du nombre de victimes civiles au Yémen en raison du conflit qui secoue le pays depuis mars 2015.

« Le nombre de victimes civiles au Yémen a atteint 1.916 morts et 4.186 blessés depuis l'escalade du conflit armé, le 26 mars dernier », a indiqué une porte-parole du HCDH, Cécile Pouilly, lors d'un point de presse à Genève.

Selon la porte-parole, au cours des dernières semaines, deux attaques particulièrement dévastatrices ont été lancées dans des zones résidentielles : le 19 juillet, 95 civils, dont 29 enfants, ont été tués et 198 autres blessés à Aden dans le quartier d'Al Ghalil, où résident des membres de la communauté Al-Muhamasheen, un groupe ethnique marginalisé au Yémen, suite à des tirs de mortier par les comités populaires Houthi ; et le 24 juillet, au moins 73 civils, dont 11 enfants, ont été tués et 93 autres blessés, au cours du bombardement de deux complexes résidentiels à Taëz. Le HCDH enquête actuellement sur l'origine de la seconde attaque, a précisé la porte-parole.

Mme Pouilly a également mentionné la destruction croissante d'infrastructures civiles, citant notamment l'explosion de locaux abritant des réservoirs de gaz à Taëz, le 19 juillet dernier, suite à des affrontements violents entre des membres des comités populaires Houthi et de comités populaires locaux, ce qui est d'autant plus préoccupant, a indiqué la porte-parole, que le pays subit actuellement une pénurie de gaz de cuisine.

La porte-parole du HCDH s'est en outre dite profondément préoccupée par les attaques contre d'autres infrastructures civiles, y compris des lieux de culte, des hôpitaux et des écoles.

« Nous exhortons une nouvelle fois toutes les parties à faire systématiquement la distinction entre les cibles civiles et militaires, à respecter le principe de proportionnalité lors de la conduite des opérations militaires et à prendre toutes les précautions possibles pour éviter et minimiser l'impact de la violence sur les civils », a-t-elle appelé.

Parallèlement à cet appel du HCDH, l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, achevait une visite au Caire, en Egypte, au cours de laquelle il s'est entretenu avec le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Nabil Elaraby, sur la situation au Yémen.

« Le Secrétaire général de la Ligue arabe a fait part de son soutien envers les efforts déployés par l'Envoyé spécial, et a déclaré que, en temps voulu, la Ligue était prête à envisager de jouer un rôle d'observateur en cas de cessez-le-feu », a déclaré lors du même point de presse le Directeur de l'information des Nations Unies à Genève, Ahmad Fawzi.

L'Envoyé spécial, qui a également rencontré durant sa visite les dirigeants du Congrès populaire général, s'est dit toujours convaincu qu'il existe actuellement un contexte favorable pour une solution politique au conflit, a précisé M. Fawzi.

Le Directeur de l'information a également indiqué que l'Envoyé spécial se rendrait prochainement à Oman puis en Arabie saoudite, avant de se rendre à New York afin d'informer le Conseil de sécurité sur la situation actuelle.

Parallèlement à l'augmentation des victimes civiles du conflit constatée par le HCDH, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a quant à lui fait état d'une détérioration préoccupante de la situation humanitaire au Yémen.

Selon un porte-parole de l'agence, Adrian Edwards, 100.000 personnes ont fui le Yémen vers les pays voisins depuis le début du conflit en mars dernier et les pays d'accueil peinent à prendre en charge les réfugiés, notamment en raison du manque de financement.

A l'intérieur du Yémen, qui compte désormais 1,2 million de déplacés, le porte-parole du HCR a également déploré le manque de fonds disponibles pour mettre en œuvre une réponse d'urgence.

Sur les 105,6 millions de dollars demandés par le HCR afin de venir en aide aux déplacés yéménites, seuls 23% des fonds ont pour l'instant été perçus, a constaté M. Edwards.