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Soudan du Sud : quatre ans après l'indépendance, le nombre de déplacés ne cesse d'augmenter, selon le HCR

Des femmes et des enfants souffrant des violences dans l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud. Photo UNICEF/Soudan du Sud/Sebastian Rich
Des femmes et des enfants souffrant des violences dans l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud. Photo UNICEF/Soudan du Sud/Sebastian Rich

Soudan du Sud : quatre ans après l'indépendance, le nombre de déplacés ne cesse d'augmenter, selon le HCR

Alors que le Soudan du Sud s'apprête à célébrer cette semaine le quatrième anniversaire de son indépendance, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a déclaré mardi que le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur du pays ne cesse d'augmenter en raison de la poursuite de la guerre civile qui secoue le pays depuis décembre 2013.

Selon le HCR, depuis le début de la guerre civile en décembre 2013, plus de 730.000 personnes ont fui vers les Etats voisins du Soudan du Sud, qui compte par ailleurs environ 1,5 million de personnes déplacées. De plus, le pays continue d'accueillir des réfugiés fuyant un autre conflit au Soudan voisin – près de 250.000 personnes au total, la plupart issues des Etats du Nil Bleu et du Sud Kordofan.

« Les efforts politiques pour mettre fin au conflit ont échoué jusqu'ici et les perspectives pour les populations touchées restent sombres », a déclaré un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'un point de presse à Genève.

M. Edwards a constaté ces dernières semaines une escalade de la violence dans les Etats d'Unity et du Haut-Nil, marquée par de violents combats qui ont forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir dans la brousse et les marécages alentour pour tenter d'atteindre d'autres zones difficiles d'accès.

« Les hostilités en cours et les rapports signalant une intensification des violations et atteintes aux droits de l'homme ont provoqué des déplacements supplémentaires », a regretté le porte-parole, ajoutant que cette situation instable et dangereuse empêche l'accès des agences humanitaires aux zones concernées.

Malgré le nombre croissant de réfugiés, les pays d'accueil maintiennent leurs frontières ouvertes, a par ailleurs déclaré M. Edwards, tout en précisant que 90% des nouveaux arrivants sont des femmes et des enfants.

En Éthiopie, environ 180 réfugiés arrivent en moyenne chaque jour à travers quatre passages frontaliers dans la région de Gambella, a indiqué le porte-parole, ajoutant que l'Ethiopie accueille aujourd'hui plus de 275.000 Soudanais du Sud, en plus de 425.000 réfugiés issus d'autres pays. Pour faire face à cet afflux, le HCR procède actuellement à la construction d'un sixième camp de réfugiés dans le pays.

Au Soudan, le nombre de réfugiés en provenance du Soudan du Sud a atteint un niveau record en 2015, alors que plus de 38.000 d'entre eux sont entrés dans le pays rien qu'au mois de juin dernier. Selon le porte-parole, le nombre total de Soudanais du Sud réfugiés au Soudan s'élève désormais à environ 188.000 personnes, en plus des 350.000 autres qui étaient restés dans le pays après la sécession.

En Ouganda, selon M. Edwards, plus de 155.000 réfugiés sont venus rejoindre depuis décembre 2013 les 22.000 Soudanais du Sud qui avaient décidé de rester dans le pays après l'indépendance.

Dans le même temps, au Kenya, les camps de réfugiés de Kakuma ont accueilli 46 .000 réfugiés supplémentaires cette année, ce qui porte la population totale des camps à 185.000, bien au-delà de leur capacité totale, a précisé le porte-parole.

Face à cette situation, les programmes d'aide aux réfugiés dans la région manquent sérieusement de financement, a-t-il déploré, rappelant que le HCR et ses partenaires ont demandé 810 millions de dollars supplémentaires pour venir en aide aux 821.000 réfugiés issus du Soudan du Sud actuellement en Ethiopie, au Kenya, au Soudan et en Ouganda.

À ce jour, a toutefois regretté M. Edwards, seulement à 13% des fonds demandés ont été perçus (102 millions de dollars), alors même que les réfugiés continuent d'arriver en masse.

« Les ressources restent insuffisantes pour fournir des rations alimentaires adéquates et des services de santé pour prévenir et traiter la malnutrition aiguë, fournir de l'eau potable en quantité suffisante et construire des latrines », a déclaré le porte-parole du HCR.

Parallèlement à la déclaration du HCR, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a fermement condamné mardi le meurtre d'une personne déplacée survenu le 5 juillet dernier dans l'un de ses sites de protection des civils situé près de Bentiu, dans l'Etat d'Unity.

Dans un communiqué de presse, la MINUSS a déclaré que son personnel avait entendu un coup de feu dimanche dernier vers 20h40 dans le périmètre nord du site. Après s'être rapidement rendu sur place, le personnel de la MINUSS a retrouvé le corps d'un homme, visiblement tué d'une balle dans le dos.