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UNESCO : 2,3 milliards de dollars nécessaires pour scolariser les enfants des pays frappés par la guerre

30 millions d'enfants à travers le monde ne peuvent pas retourner à l'école en raison du nombre record de conflits et de crises. Photo : UNICEF
30 millions d'enfants à travers le monde ne peuvent pas retourner à l'école en raison du nombre record de conflits et de crises. Photo : UNICEF

UNESCO : 2,3 milliards de dollars nécessaires pour scolariser les enfants des pays frappés par la guerre

Environ 34 millions d'enfants et d'adolescents ne sont pas scolarisés dans les pays touchés par un conflit, selon un nouveau document du Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

Pour les enfants et les adolescents les plus pauvres, la probabilité de ne pas être scolarisé est deux fois plus grande dans les pays en conflit que dans les pays en paix, note le document qui estime que 2,3 milliards de dollars seraient nécessaires pour les scolariser – soit un montant dix fois supérieur à la part de l'aide humanitaire actuellement consacrée à l'éducation.

Seul un tiers des pays a atteint les objectifs mondiaux pour l'éducation définis en 2000, et les conflits armés sont l'un des principaux obstacles à une amélioration des résultats dans ce domaine.

Dans les pays touchés par un conflit, les enfants présentent un risque de plus de 50% de ne pas être scolarisés, et les adolescents un risque de plus 60%, par rapport aux pays en paix. Dans les pays en guerre, les jeunes femmes ont presque 90% de risques de ne pas être scolarisées dans l'enseignement secondaire.

« Retourner à l'école est peut-être la seule lueur d'espoir et le seul signe de normalité pour beaucoup d'enfants et de jeunes des pays en crise », a affirmé la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova. « Quand survient une crise, l'éducation doit être considérée comme un élément de réponse immédiate et doit faire partie de toute stratégie de consolidation de la paix ».

L'insuffisance des financements est l'une des principales raisons qui expliquent le lourd tribut payé par l'éducation dans les zones de conflit. En 2014, le secteur n'a reçu que 2% de l'aide humanitaire. Selon le document, même l'objectif de 4% défendu depuis 2011 serait encore insuffisant. En admettant qu'il ait été atteint en 2013, 15,5 millions d'enfant et de jeunes seraient malgré tout restés dépourvus de la moindre aide humanitaire pour leur éducation.

« Cela fait un certain temps déjà qu'il aurait fallu définir un nouvel objectif pour orienter les financements vers l'éducation en période de conflit. Les objectifs actuels sont très insuffisants et ont pour effet de détourner l'attention des besoins réels des enfants et des jeunes sur le terrain. Pour l'enseignement primaire, il faudrait une somme supplémentaire de 38 dollars par enfant dans les zones de conflit. Dans le premier cycle de l'enseignement secondaire, le montant nécessaire est estimé à 113 dollars par adolescent. Nous pouvons trouver ces fonds. La plupart d'entre nous n'auraient qu'à retourner leurs poches pour y trouver de quoi financer l'éducation d'un enfant », a déclaré le Directeur du Rapport mondial de suivi sur l'Education pour tous, Aaron Benavot.

Les médias accordent plus d'attention à certains pays qu'à d'autres : entre 2000 et 2014, plus de la moitié de l'aide humanitaire disponible pour l'éducation a été dirigées vers 15 appels aux dons sur 342.

Beaucoup d'appels aux dons ne répondent pas à tous les besoins. En 2013, on a estimé à 21 millions le nombre de personnes nécessitant un soutien éducatif dans des pays touchés par des conflits. Les appels à l'aide humanitaire ont concerné à peine 8 millions d'entre eux. Sur ces 8 millions, seuls 3 millions ont reçu une assistance après la distribution des fonds – ce qui a laissé 18 millions de personnes sans aucune aide.