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Journée contre la torture : l'ONU appelle les Etats à ne pas utiliser cette pratique inhumaine pour combattre la terreur

Une vue du Musée du génocide de Tuol Sleng à Phnom Penh, au Cambodge, le site de la tristement célèbre prison de sécurité S-21 des Khmers rouges où la torture était couramment pratiquée. Photo : ONU / M. Garten
Une vue du Musée du génocide de Tuol Sleng à Phnom Penh, au Cambodge, le site de la tristement célèbre prison de sécurité S-21 des Khmers rouges où la torture était couramment pratiquée. Photo : ONU / M. Garten

Journée contre la torture : l'ONU appelle les Etats à ne pas utiliser cette pratique inhumaine pour combattre la terreur

A l'occasion de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé vendredi les Etats à ne pas utiliser cette « pratique odieuse et inhumaine » pour combattre la terreur, car elle porte atteinte aux principes mêmes que les terroristes cherchent à ébranler.

Le 12 décembre 1997, l'Assemblée générale de l'ONU a proclamé le 26 juin Journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture, en vue d'éliminer totalement la torture et d'assurer l'application effective de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui est entrée en vigueur le 26 juin 1987.

« La montée de l'extrémisme violent et le nombre sans précédent de personnes déplacées de force exigent une réponse globale, et rien n'est plus urgent à cet égard que d'aider les victimes de la torture, à laquelle ces phénomènes exposent de plus en plus de personnes », a déploré M. Ban dans un message rendu public pour commémorer le Journée.

Le chef de l'ONU a déclaré que le monde entier est, à juste titre, choqué et horrifié par le traitement que les extrémistes violents réservent à des civils innocents, et en particulier aux femmes. Ceux, toujours plus nombreux, qui fuient de chez eux s'exposent à un voyage périlleux au cours duquel ils sont dans bien des cas victimes de violations des droits de l'homme, et notamment d'actes de torture, a constaté M. Ban.

« En cette Journée internationale, je demande à chacun de se montrer solidaire envers les victimes de la torture, leurs familles et leurs communautés », a appelé le Secrétaire général, rejetant cette « pratique odieuse et inhumaine ».

M. Ban a rappelé qu'en temps de conflit armé, la torture constitue un crime de guerre. Commise de manière systématique ou généralisée, elle est aussi un crime contre l'humanité, a-t-il insisté.

« Le recours à la torture est absolument interdit – en temps et en toutes circonstances – par le droit international », a résumé le Secrétaire général.

À l'heure où les États cherchent une réponse à l'extrémise violent, M. Ban a insisté sur le fait que la torture ne peut être utilisée pour combattre la terreur.

« De fait, la torture sème la terreur. C'est une pratique injustifiable, tant moralement que stratégiquement », a-t-il dit, ajoutant qu'en portant atteinte à la démocratie, à la justice et au respect des droits de l'homme, qui sont les principes mêmes que les terroristes cherchent à ébranler, son utilisation donne à ceux-ci des arguments pour faire de nouvelles recrues.

« Les victimes de la torture ont le droit à la compensation et à la réinsertion », a ajouté le chef de l'ONU, tout en insistant sur la nécessité d'enquêter sur les cas de torture afin d'identifier leurs auteurs et de les traduire en justice.

« En cette Journée internationale, je demande instamment qu'une protection spéciale soit accordée aux défenseurs des droits de l'homme, qui s'exposent courageusement à de graves dangers pour mettre en évidence les cas de torture, et je rends hommage aux nombreux médecins, avocats, psychiatres et travailleurs sociaux qui donnent espoir aux victimes et les aident à guérir et à se réinsérer dans la société », a dit M. Ban, qui a également saisis cette occasion pour rappeler aux États que le droit international leur fait obligation de fournir réparation aux victimes.