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Journée contre la drogue : l'ONU appelle à privilégier les actions contre la filière de l'offre

La Police nationale haïtienne regarde la fumée émise par des drogues illégales, y compris de la marijuana et de la cocaïne, saisies à Port-au-Prince, qui sont brûlés à Ganthier. Photo : ONU / Victoria
La Police nationale haïtienne regarde la fumée émise par des drogues illégales, y compris de la marijuana et de la cocaïne, saisies à Port-au-Prince, qui sont brûlés à Ganthier. Photo : ONU / Victoria

Journée contre la drogue : l'ONU appelle à privilégier les actions contre la filière de l'offre

A l'occasion de la Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues, plusieurs hauts responsables des Nations Unies ont mis l'accent vendredi sur la nécessité de développer des solutions alternatives pour les agriculteurs produisant des cultures illicites, ainsi que de renforcer l'action pénale contre la filière de l'offre, au lieu de se centrer sur la pénalisation et l'incarcération des consommateurs.

Afin d'exprimer sa détermination à renforcer l'action et la coopération pour éliminer la drogue de la société, l'Assemblée générale a décidé en 1987 de célébrer cette Journée chaque année le 26 juin. Le thème de cette édition 2015 est « Le développement de – nos vies, nos communautés, nos identités – sans drogues ».

Le Rapport mondial sur les drogues 2015 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), dont la publication a coïncidé avec l'édition 2015 de la Journée, révèle que 246 millions de personnes – un peu plus de 5% des personnes âgées de 15 à 64 ans à travers le monde – ont utilisé une drogue illicite en 2013.

Selon le rapport, environ 27 million de personnes sont des utilisateurs de drogues à problème, dont presque la moitié sont des personnes qui consomment des drogues injectables. L'étude estime que 1,65 million des personnes qui ont utilisé des drogues injectables en 2013 étaient également atteintes du VIH.

Le rapport précise par ailleurs que les hommes sont trois fois plus sujets à l'utilisation du cannabis, de la cocaïne et des amphétamines que les femmes, tandis que les femmes sont plus susceptibles d'abuser d'opioïdes et de tranquillisants prescris sur ordonnance.

L'étude de l'ONUDC se penche également sur le développement d'une « stratégie à long terme visant à développer des sources alternatives de revenus pour les agriculteurs tributaires de la culture de drogues illicites ».

Dans un message rendu public pour la Journée, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a rappelé qu'en septembre, les dirigeants du monde entier se réuniront à l'ONU pour adopter un nouveau programme de développement durable visant à éliminer la pauvreté extrême et à permettre une vie dans la dignité pour tous.

« Cette ambition, certes réalisable, se heurte toutefois à divers obstacles, notamment le fatal préjudice que portent, aux collectivités et aux individus, le trafic et l'abus de drogues », a déploré le Secrétaire général.

Pour relever ensemble ce défi, a-t-il dit, l'ONU s'appuie sur les conventions internationales relatives à la lutte contre la drogue et plaide pour un délicat rééquilibrage des politiques internationales en matière de lutte contre les drogues placées sous contrôle.

« Nous devons étudier des solutions autres que la pénalisation et l'incarcération des consommateurs, pour privilégier l'action pénale contre la filière de l'offre », a affirmé le chef de l'ONU, appelant les Etats à insister davantage sur des questions telles que la santé publique, la prévention, le traitement et la prise en charge et à rechercher des stratégies dans les sphères économique, sociale et culturelle.

« Nous devons briser le lien entre drogues illicites et violence, corruption et terrorisme », a-t-il ajouté, soulignant les corrélations étroites qui existent entre les trafiquants de drogues et les réseaux criminels impliqués dans la contrebande d'armes à feu, les enlèvements, la traite des êtres humains et d'autres crimes.

Pour y parvenir, le secrétaire général a plaidé en faveur d'une coopération internationale accrue dans le cadre des conventions des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la corruption.

« Pour lutter contre les drogues illicites, nous devons, parallèlement, œuvrer à promouvoir des débouchés grâce à un développement équitable et durable », a-t-il dit.

A cette fin, le Secrétaire général a rappelé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le problème mondial de la drogue, qui se tiendra en avril 2016, offrirait l'occasion aux pays de mettre en commun leurs connaissances dans ce domaine et de trouver des solutions communes.

Suite à la publication du rapport de l'ONUDC au siège de l'ONU à New York, le Vice-Secrétaire général de l'Organisation, Jan Eliasson, a déclaré que « les liens entre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et la violence armée sont de plus en plus étroits, avec des effets négatifs et de grande ampleur sur la sécurité, la gouvernance et le développement, pour ne pas parler des effets dévastateurs sur les gens et les communautés ».

M. Eliasson a également noté que « le développement alternatif peut changer des vies, et ce faisant, accroître les possibilités économiques et sociales ».

Dans un message également rendu public vendredi, le Directeur exécutif de l'ONUDC, Yury Fedotov, a lui aussi pris position en faveur du développement alternatif.

« Le développement alternatif favorise la protection de l'environnement, appuie les collectivités touchées par d'autres formes de criminalité, y compris la criminalité forestière et contre la faune, et autonomise les femmes », a-t-il dit.