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Syrie : un expert des droits de l'homme de l'ONU déplore « l'échec majeur de la diplomatie»

Le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Sérgio Pinheiro. Photo : ONU /Jean-Marc Ferré
Le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Sérgio Pinheiro. Photo : ONU /Jean-Marc Ferré

Syrie : un expert des droits de l'homme de l'ONU déplore « l'échec majeur de la diplomatie»

A l'occasion d'une réunion du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, le Président de la Commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, Paulo Sérgio Pinheiro, a déploré mardi l'absence de mesures prises par les parties pour limiter le nombre de victimes civiles en Syrie, pointant du doigt l'incapacité de la communauté internationale à agir collectivement pour mettre un terme au conflit.

M. Pinheiro a déclaré que les incidents récents confirmaient les constatations antérieures effectuées par la Commission, à savoir que les principales causes de pertes civiles sont la « prise pour cible et les attaques délibérées des populations ».

« Les zones sûres en Syrie se réduisent comme peau de chagrin », a constaté le Président de la Commission d'enquête, comme en témoigne les déplacements massifs de civils à l'intérieur et hors du pays.

« Les actes de la vie quotidienne – rendre visite à son voisin, aller à la boulangerie – sont désormais devenus des questions de vie ou de mort », a-t-il déploré.

Le gouvernement, étant donné sa puissance de feu supérieure et sa maîtrise du ciel, inflige le plus de dommages aux civils via ses attaques aveugles contre des villes, villages et camps de réfugiés improvisés, a affirmé M. Pinheiro.

Cependant, a-t-il ajouté, les groupes non étatiques continuent d'attaquer les villes tenues par les autorités, entraînant également des pertes civiles.

« Les belligérants ne prennent aucune mesure pour faire la distinction entre objectifs civils et militaires, obligation que leur impose pourtant le droit international, ou pour limiter tant que faire se peut les pertes civiles et les destructions de biens leur appartenant », a déploré le Président de la Commission d'enquête.

En raison des sièges et occupations militaires prolongés, a-t-il ajouté, des civils meurent de faim et de maladie : 40% des enfants du camp de Yarmouk souffriraient de malnutrition, victimes de la stratégie « la reddition ou la mort » adoptée par le gouvernement. Les civils vivant dans les villes assiégées par les groupes antigouvernementaux subissent des difficultés de même nature, a précisé M. Pinheiro.

« La poursuite du conflit en Syrie représente un échec majeur de la diplomatie », a-t-il affirmé.

Le Président de la Commission d'enquête a par ailleurs dénoncé l'attitude équivoque de plusieurs États influents, qui appellent à un règlement politique tout en accentuant leur implication militaire, favorisant ainsi l'internationalisation du conflit.

« Les belligérants sont inondés d'armes fournies par des intervenants extérieurs, au motif que la pression militaire serait une condition préalable de tout processus politique », a-t-il expliqué, soulignant que de telles attitudes n'ont d'autre effet que d'entraîner une escalade brutale de la violence et la mort de nombreux civils en Syrie.

M. Pinheiro a aussi pointé du doigt l'incapacité de la communauté internationale à agir collectivement pour faire triompher la justice en Syrie, ce qui contribue à enraciner une culture de l'impunité dans le pays.

« Les Syriens méritent que la communauté internationale manifeste un engagement univoque pour les aider à rétablir la paix dans leur pays ».