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Soudan du Sud : la violence partie de l'Etat d'Unité se propage à travers le pays, selon l'ONU

Des personnes déplacées dans l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud. Photo HCR
Des personnes déplacées dans l'Etat d'Unité, au Soudan du Sud. Photo HCR

Soudan du Sud : la violence partie de l'Etat d'Unité se propage à travers le pays, selon l'ONU

Les Nations Unies ont fermement condamné mardi l'escalade de la violence au Soudan du Sud, manifestée par l'intensification des combats dans l'Etat d'Unité et l'éruption de tensions intercommunautaires entre personnes déplacées internes à Juba, la capitale du pays.

Lors d'un point de presse à Genève, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), Rupert Colville, s'est fortement inquiété de la montée en puissance des combats entre le gouvernement et les forces d'opposition dans l'Etat d'Unité, une zone stratégique riche en réserves pétrolières.

Depuis le 29 avril, a déploré le porte-parole, au moins 28 villes et villages ont été attaqués et incendiés, incidents au cours desquels des massacres, des viols, des enlèvements et des pillages auraient été commis.

Des milliers de civils ont fui ces attaques, parmi lesquels 2.200 ont trouvé refuge auprès des sites de protection des civils de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) à Bentiu, a précisé M. Colville.

« D'après nos entretiens avec des civils parvenus à s'échapper, les auteurs de ces atrocités appartiennent à la SPLA [Armée populaire de libération du Soudan]. Les jeunes [membres de la SPLA] mobilisés seraient vêtus en civil et armés d'AK-47 », a indiqué M. Colville, qui a également mentionné des rapports inquiétant faisant état d'enlèvements et de violences sexuelles perpétrés par des éléments armés dans les environs des sites de protection des civils de la MINUSS.

A l'approche de la saison des pluies, où les populations sont généralement occupées à semer les récoltes, le porte-parole du HCDH a par conséquent exhorté l'ensemble des parties prenantes à faire preuve de la plus grande retenue.

Parallèlement, la MINUSS a vivement condamné mardi des affrontements intercommunautaires survenus durant le weekend entre des personnes déplacées internes au sein des sites de protection des civils de la Mission à Juba.

Une personne a été tuée et 60 autres ont été blessées durant ces violences, qui ont également causé le départ des sites d'environ 3.500 déplacés internes, a précisé la MINUSS dans un communiqué de presse.

Selon la Mission, une querelle de ménage survenue le vendredi 1er mai dans l'après-midi au sein de son site de protection des civils Numéro 1 serait à l'origine de l'incident. Cette querelle aurait ensuite dégénéré, jusqu'à impliquer environ 350 déplacés internes issus de deux communautés de l'Etat d'Unité, armés de machettes, de bâtons et de barres de fer.

« Les forces militaires et de police de la MINUSS sont intervenues et ont réussi à contenir les violences, mais les affrontements ont repris dans la matinée du samedi 9 mai à l'intérieur du site Numéro 3. Le personnel de la MINUSS a une fois de plus pris le contrôle de la situation jusqu'à l'aube du dimanche 10 mai, où les hostilités ont une nouvelle fois repris dans ce même site, impliquant cette fois environ 400 déplacés », a expliqué la MINUSS.

Suite à ces incidents, la MINUSS a sollicité la protection du gouvernement du Soudan du Sud pour les quelques 3.500 personnes déplacées ayant fui le site de protection Numéro 3.

Dans le même temps, les leaders d'une des deux communautés de l'Etat d'Unité impliquées ont demandé à la Mission de « relâcher » leurs ressortissants restés à l'intérieur des sites de protections, en particulier les enfants.

La MINUSS a réagi à cette demande en précisant que, en vertu de son mandat, toute personne ayant trouvé refuge dans l'un de ses sites de protection est libre d'en partir si elle le désire.