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ENTRETIEN : un secouriste raconte ses efforts pour sauver des vies au Népal après le séisme

Des membres de l'équipe de secouristes d'USAID s'efforçant de sauver des victimes du séisme au Népal. Photo USAID
Des membres de l'équipe de secouristes d'USAID s'efforçant de sauver des victimes du séisme au Népal. Photo USAID

ENTRETIEN : un secouriste raconte ses efforts pour sauver des vies au Népal après le séisme

Alors que les équipes internationales de secours ont commencé à quitter le Népal suite à la décision du gouvernement de mettre fin aux recherches de survivants, Dewey Perks, un secouriste américain déployé à Katmandou après le tremblement de terre, a raconté au Centre d'actualités de l'ONU son expérience sur le terrain, notamment marquée par le sauvetage d'un adolescent népalais.

Ce jour-là, après quatre heures de travail acharné, l'équipe de M. Perks et la police népalaise sont parvenues à sauver un garçon de 15 ans qui était resté coincé à l'intérieur d'un trou dans un bâtiment.

« Deux de nos unités sur le terrain sont arrivées à croisement dans le secteur qui leur était assigné, et elles ont constaté que des équipements lourds étaient utilisés [par la police népalaise] afin de raser un immeuble », a décrit M. Perks par téléphone.

Cette procédure, a-t-il expliqué, est généralement utilisée pour sécuriser un périmètre et récupérer les corps des défunts.

« Soudain, leurs chiens ont été alertés par l'odeur humaine », a-t-il dit.

L'équipe de M. Perks a ensuite travaillé en collaboration avec la police locale, afin de pénétrer à l'intérieur du bâtiment.

« La situation était réellement intense », a-t-il dit. « Nous devions veiller à ne pas provoquer l'effondrement de tout l'immeuble ».

En fin de compte, l'opération de sauvetage s'est soldée par un succès, et l'adolescent a pu être immédiatement hospitalisé.

M. Perks est membre de l'Agence gouvernementale des Etats-Unis pour le développement international (USAID), au sein de laquelle il coordonne les équipes américaines de secours déployées à l'étranger lors de catastrophes.

Bien que M. Perks travaille pour le gouvernement américain, il considère l'activité de son agence comme s'inscrivant dans le cadre d'un effort international plus large, coordonné par le Groupe consultatif international de la recherche et du sauvetage (INSARAG), un réseau de plus de 90 pays dédié aux opérations de sauvetage en milieu urbain auquel l'USAID participe activement.

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Photo: USAID

En raison de la forte probabilité d'un tremblement de terre au Népal, l'INSARAG se préparait à intervenir dans le pays bien avant que la catastrophe du mois dernier ne survienne.

« Dans le cas d'un tremblement de terre majeur, nous savions qu'il serait très difficile de parvenir à rentrer dans le pays et qu'il serait également très difficile d'opérer une fois sur place », a précisé M. Perks.

Interrogé sur les circonstances de son déploiement à Katmandou, ce dernier a en effet souligné les difficultés d'accès que lui et équipe ont dû surmonter suite à l'annonce du tremblement de terre.

« Nous avons passé la plupart de la journée [samedi 25 avril], comme tout le monde, à la recherche d'avions pour nous transporter sur place. Nous savions qu'il y avait un tout petit aéroport [à Katmandou] et qu'il était fermé au début de la catastrophe », a-t-il indiqué.

En fin de compte, l'USAID a utilisé un avion militaire américain, qui a besoin de beaucoup moins d'espace que les avions civils au décollage et à l'atterrissage, afin de se rendre dans la capitale népalaise mardi matin, trois jours après la catastrophe.

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Photo: USAID

M. Perks et son équipe ont ensuite établi leur base d'opération dans une zone de Katmandou recommandée par l'ambassade des États-Unis, en utilisant les informations fournies par l'INSARAG et l'Equipe des Nations Unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe (UNDAC), tous deux déjà sur le terrain, afin de réaliser une première évaluation de l'ampleur des dégâts.

« Bien qu'il s'agisse d'un tremblement de terre majeur, les dommages n'étaient pas aussi graves que nous l'avions anticipé, ce qui est une très bonne nouvelle pour le Népal », a-t-il noté. « Malgré tout, de nombreuses infrastructures s'étaient effondrées et nous savions que nos collègues [népalais] auraient besoin de notre aide pour porter secours aux survivants ».

Dans la réalisation quotidienne des opérations de sauvetage, M. Perks et l'ensemble des équipes internationales de secours rassemblées au sein de l'INSARAG comptaient principalement sur le système des Nations Unies.

« Nous opérions sur place sous l'égide d'OCHA [Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires] », a-t-il précisé, ajoutant qu'il se rendait deux fois par jour au Centre local de coordination des opérations d'OCHA, « une fois pour la répartition des tâches entre [équipes internationales] et une seconde fois pour signaler nos progrès réalisés dans l'accomplissement de ces tâches ».

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Photo: USAID

Selon ce système, Katmandou a été rapidement divisée en secteurs, chacun d'entre eux affecté à une équipe internationale, alors que parallèlement le gouvernement du Népal déterminait les zones prioritaires en fonction du nombre d'habitants, du type de bâtiments et des chances de survie.

« Nous utilisions l'UNDAC comme agent de liaison avec le gouvernement népalais », a expliqué M. Perks, soulignant l'importance de la coordination des Nations Unies sur le terrain.

« Au lieu d'avoir 76 équipes tentant de se coordonner directement avec le gouvernement local, l'UNDAC travaille en étroite collaboration avec les autorités locales pour que leurs priorités soient ensuite transmises aux équipes de de secours », a-t-il expliqué.

Selon M. Perks, dont le rapatriement aux Etats-Unis est imminent, la situation est désormais stabilisée au Népal, ce qui explique pourquoi le gouvernement du pays, avec l'appui de toutes les agences étrangères impliquées, a décidé de mettre un terme aux opérations de secours.

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Photo: USAID

Revenant sur le sauvetage de l'adolescent népalais durant son déploiement, M. Perks a remarqué qu'il était emblématique de la façon dont devait se dérouler une opération internationale de secours.

« C'était un très bon exemple de coopération dans l'esprit 'international', où les autorités locales étaient au commandes et nous avons été en mesure de leur fournir des outils pour rentrer dans le bâtiment », a-t-il dit.