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Quatre ans de guerre : l'ONU appelle à aider les Syriens à s'extirper de ce « cauchemar »

Des réfugiés syriens traversent la frontière entre la Syrie et la Turquie près de la ville de Kobané en 2014. Photo HCR/I. Prickett
Des réfugiés syriens traversent la frontière entre la Syrie et la Turquie près de la ville de Kobané en 2014. Photo HCR/I. Prickett

Quatre ans de guerre : l'ONU appelle à aider les Syriens à s'extirper de ce « cauchemar »

Alors que la guerre en Syrie entre dans sa cinquième année, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé jeudi la communauté internationale à ne pas abandonner les Syriens et à aider trouver une solution politique pour mettre fin à ce conflit.

« Les Syriens se sentent de plus en plus abandonnés par le monde alors qu'ils entrent dans la cinquième année d'une guerre qui déchire leur pays. Ils continuent, ainsi que leurs voisins, de souffrir sous les yeux d'une communauté internationale, toujours divisée et incapable de prendre des mesures collectives pour arrêter le massacre et la destruction », a dit le chef de l'ONU dans une déclaration à la presse.

Selon lui, il est impératif de mettre fin au conflit syrien « si nous voulons éteindre les feux de l'extrémisme violent et du sectarisme qui se répandent dans toute la région ».

« L'Organisation des Nations Unies continue de fournir tous les jours une assistance au peuple syrien pour sauver des vies. A Alep, l'Envoyé spécial (Staffan) de Mistura travaille sans relâche pour parvenir à une suspension de l'utilisation d'armes lourdes afin que l'ONU puisse fournir davantage d'aide humanitaire à la population assiégée de la ville », a ajouté M. Ban.

Le Secrétaire général a indiqué qu'il allait présider plus tard en mars une conférence internationale de bailleurs de fonds au Koweït pour recueillir des fonds pour aider les Syriens et les pays de la région qui supportent un lourd fardeau en accueillant des millions de réfugiés syriens.

Le chef de l'ONU a rappelé que l'aide humanitaire ne suffit pas à soulager les souffrances, ni à arrêter la guerre. « Pour cela, une solution politique à ce conflit insensé est nécessaire. J'appelle la communauté internationale à s'unir et à apporter son plein soutien aux efforts de l'ONU pour forger une transition politique dirigée par les Syriens, inclusive, fondée sur le communiqué de Genève, et qui réponde aux aspirations du peuple syrien en matière de liberté, de dignité et de justice », a-t-il dit. Il a ajouté qu'il incombait également aux parties syriennes elles-mêmes, notamment le Président Bachar al-Assad, de prendre des mesures décisives pour mettre fin à l'effusion de sang et commencer un processus politique.

« Nous avons l'obligation envers le peuple syrien de faire en sorte que les crimes graves commis au cours des quatre dernières années ne restent pas impunis », a-t-il conclu, invitant le Conseil de sécurité des Nations Unies à prendre des mesures résolues pour résoudre cette crise. « Nous ne pouvons pas esquiver cette responsabilité collective », a-t-il ajouté.

De leur côté, les agences humanitaires onusiennes ont appelé jeudi la communauté internationale à accroître son assistance aux millions de réfugiés qui ont fui les affrontements et à aider les Syriens à se sortir de ce « cauchemar de souffrances ».

Selon l'ONU, plus de 200.000 personnes ont été tuées depuis le début de la crise en Syrie en mars 2011. Quelques 12,2 millions de personnes ont maintenant besoin d'aide humanitaire, et plus de 11 millions ont été forcées de fuir leurs maisons. Des millions d'enfants syriens souffrent de traumatismes et de problèmes de santé, et plus de la moitié des hôpitaux de la Syrie ont été détruits.

Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont réclamé jeudi des fonds pour aider les Syriens à se sortir de ce cauchemar. Selon ces agences humanitaires, le conflit syrien est la « pire crise humanitaire de notre époque » et « devrait susciter un grand élan de solidarité mondiale, et non pas une baisse de l'aide ».

Selon l'UNICEF, davantage d'investissements sont nécessaires pour aider les 14 millions de jeunes adolescents souffrant des conflits qui ravagent la Syrie et une grande partie de l'Iraq. En Syrie, la situation de plus de 5,6 millions d'enfants dans le pays reste particulièrement désespérée. Cela inclut près de deux millions d'enfants qui vivent dans des zones largement coupées de l'aide humanitaire en raison des combats ou d'autres facteurs. Environ 2,6 millions d'enfants syriens ne vont pas à l'école.

« Alors que la crise entre dans sa cinquième année, cette génération de jeunes risque d'être perdue dans ce cycle de violence et de répéter pour la prochaine génération ce qu'ils ont souffert », a déclaré le Directeur général de l'UNICEF, Anthony Lake, dans un communiqué à la presse.

Près de deux millions d'enfants syriens vivent en tant que réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie et dans d'autres pays voisins. En Iraq, environ 2,8 millions d'enfants ont été déplacés de force, beaucoup d'entre eux pris au piège dans les zones sous le contrôle des groupes armés.

« Pour les enfants les plus jeunes, cette crise est tout ce qu'ils ont connu », a déclaré M. Lake. « Pour les adolescents entrant leurs années de formation, la violence et la souffrance ont non seulement marqué leur passé; elles façonnent leur avenir ».

Selon le HCR, sans solution politique au conflit en vue, la plupart des 3,9 millions de réfugiés syriens en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Iraq et en Egypte ne voient aucune perspective de revenir chez eux dans un avenir proche, et ont rarement la possibilité de redémarrer leur vie en exil alors que nombre d'entre eux vivent dans des logements précaires et dans la pauvreté.

« Après des années d'exil, l'épargne des réfugiés est depuis longtemps épuisée et un nombre croissant ont recours à la mendicité, à la prostitution de survie et au travail des enfants. Les familles de la classe moyenne avec des enfants survivent à peine dans la rue : un père de famille a expliqué que la vie de réfugié, c'est comme être coincé dans des sables mouvants, chaque fois que vous bougez, vous vous enfoncez un peu plus », a dit le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres.

« Avec les appels humanitaires systématiquement sous-financés, il n'y a tout simplement pas assez d'aide pour répondre aux besoins colossaux, ni assez de soutien au développement pour les pays d'accueil qui craquent sous la pression de tant de réfugiés », a-t-il ajouté.

Face aux préoccupations croissantes en matière de sécurité et un soutien international insuffisant, plusieurs voisins de la Syrie ont pris des mesures ces derniers mois pour endiguer le flux de réfugiés, qu'il s'agisse de nouvelles réglementations aux frontières aux exigences plus lourdes et plus complexes pour prolonger son séjour. Beaucoup de gens risquent leur vie pour se rendre à l'Europe.

Pour sensibiliser le public à la situation désastreuse des Syriens, l'ONU a lancé une campagne sur les médias sociaux intitulée #WhatDoesItTake pour encourager le public, les Etats membres et la communauté internationale à exprimer leur frustration et appeler à aider les Syriens.

Les gens peuvent participer en prenant une photo d'eux-mêmes avec le slogan #WhatDoesItTake puis la poster sur Facebook, Twitter ou Instagram en utilisant le hashtag. Toutes les images seront capturées sur le site de la campagne www.syria-whatdoesittake.org