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Au Conseil des droits de l'homme, des responsables de l'ONU déplorent le manque de consensus politique

Une vue des journalistes couvrant l'ouverture de la vingt-huitième session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Photo : ONU/Jean-Marc Ferré
Une vue des journalistes couvrant l'ouverture de la vingt-huitième session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Photo : ONU/Jean-Marc Ferré

Au Conseil des droits de l'homme, des responsables de l'ONU déplorent le manque de consensus politique

A l'occasion de l'ouverture de la nouvelle session annuelle du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré lundi que l'Organisation disposait des outils nécessaires pour empêcher les violations des droits de l'homme, ajoutant que le manque de consensus politique parmi les Etats membres était le principal obstacle à leur bonne utilisation.

« J'appelle le Conseil des droits de l'homme à soutenir l'utilisation de mesures en amont et concrètes pour appuyer les acteurs nationaux dans la promotion et la protection des droits de l'homme », a déclaré M. Ban dans un message vidéo à l'entame de la 28ème session de l'organisme onusien, s'adressant aux 47 membres du Conseil réunis pour une durée de trois jours dans la ville suisse.

« Le monde est confronté à de graves violations des droits de l'homme, allant de la discrimination aux inégalités, en passant par l'oppression et l'extrémisme violent. Notre défi commun est d'en faire bien plus en amont pour empêcher ces abus de se produire », a ajouté le Secrétaire général.

« Le conflit en Syrie offre un bon exemple où des efforts plus précocement consentis par les Nations Unies pour remédier aux violations des droits humains auraient permis d'éviter une catastrophe humaine et politique », a-t-il affirmé.

S'exprimant également devant le Conseil pour la première fois depuis sa prise de fonction en 2014, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a déclaré que le monde devait être « guidé par les principes et par la ruse dans sa tentative collective d'affaiblir » les extrémistes violents.

« De notre point de vue, le droit international humanitaire et le droit international des droits humains ne doivent pas être pris à la légère ou contournés, mais pleinement respectés », a souligné M. Zeid, ajoutant que bien que la Charte des Nations Unies ait été rédigée il y a 70 ans, les droits humains continuent d'être ignorés et violés avec une régularité alarmante et parfois même de manière choquante.

Les Etats qui sont les auteurs de ces crimes se réfugient souvent derrière ce qu'ils présentent comme des circonstances exceptionnelles pour les justifier, a déploré M. Zeid.

« Ils trient et choisissent les droits. Un gouvernement sera disposé à soutenir les droits des femmes et ceux des communautés LGBT [Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres], mais refusera d'étendre ces droits aux immigrés en situation irrégulière. Un autre Etat respectera scrupuleusement le droit à l'éducation, mais cherchera à éradiquer brutalement les opinions politiques opposées. Un Etat tiers violera intégralement les droits politiques, civils, économiques, sociaux et culturels de son peuple, tout en défendant vigoureusement les idéaux des droits de l'homme devant ses pairs », s'est-il indigné.

Le Haut-Commissaire s'est par ailleurs dit « profondément troublé » par le mépris affiché par plusieurs Etats à l'égard des experts indépendants nommés par le Conseil ainsi que par les représailles et campagnes de dénigrement trop souvent exercées à l'encontre des représentants de la société civile.

La seule mesure réelle de la valeur d'un gouvernement ne réside pas dans sa participation au « ballet solennel de la grande diplomatie », mais plutôt dans la façon dont il est sensible aux besoins et protège les droits de ses ressortissants et des autres personnes qui relèvent de sa compétence, a dit M. Zeid.

En tant qu'organe intergouvernemental au sein du système onusien, le Conseil est chargé de renforcer la protection des droits de l'homme dans le monde, de faire face aux situations de violations des droits de l'homme et de formuler des recommandations les concernant.

M. Zeid a par ailleurs salué le travail de tout le personnel du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH), en particulier ceux qui travaillent dans des conditions dangereuses sur le terrain. Il a exprimé sa consternation face au fait que, « en raison du manque de volonté des Etats membres », l'ONU ne soit pas en mesure de prendre les dispositions appropriées pour appuyer le personnel blessé dans le cadre de missions à haut risque ou les familles des membres du personnel de l'ONU tués dans l'exercice de leur fonction.

« Franchement, c'est épouvantable et je fais appel à vous tous pour y remédier », a-t-il dit.

S'adressant au Conseil dans un message vidéo, le Président de l'Assemblée générale de l'ONU, Sam Kutesa, a quant à lui déclaré que les Etats membres ont la responsabilité de protéger leurs citoyens ainsi que leur droits.

« Ces derniers temps, à travers le monde, nous avons assisté à une hausse inquiétante et sous multiforme de l'intolérance, de la discrimination et des préjugés. Ces comportements ont abouti à un large éventail de conséquences négatives, y compris les stéréotypes, la stigmatisation, l'exclusion, les menaces et même la violence extrême », a-t-il déploré.

M. Kutesa a appelé le Conseil des droits de l'homme à se concentrer davantage sur les droits sociaux et économiques et, en particulier, sur le droit au développement, dans la mesure où ces derniers sont essentiels à la réalisation d'un niveau de vie acceptable dans les parties du monde les plus défavorisées économiquement.

« Alors que nous sommes en train de formuler un nouveau cadre de développement transformatif cette année aux Nations Unies, nous devons garder à l'esprit le lien inextricable entre le développement et les droits humains », a-t-il ajouté.