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La paix au Moyen-Orient dépend en premier lieu de la reconstruction de Gaza, selon l'ONU

Des Palestiniens dans les ruines de Gaza. Photo : UNRWA/Shareef Sarhan
Des Palestiniens dans les ruines de Gaza. Photo : UNRWA/Shareef Sarhan

La paix au Moyen-Orient dépend en premier lieu de la reconstruction de Gaza, selon l'ONU

Les perspectives de paix au Moyen-Orient dépendent en grande partie de la résolution de la crise actuelle à Gaza, a déclaré lundi le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Serry, lors d'une visite dans l'enclave palestinienne ravagée par le conflit de l'été dernier.

Dans un communiqué de presse rendu public à Gaza, M. Serry, dont le mandat de sept ans arrive bientôt à échéance, s'est dit encouragé par « certains progrès » réalisés en matière de reconstruction.

« A ce jour, plus de 72.000 personnes ont été autorisées à recevoir des matériaux de construction – ce qui signifie que près des trois quarts des 100.000 personnes dans le besoin ont reçu une aide – et environ 55.000 personnes ont dans les faits acheté du matériel pour reconstruire leurs maisons », a salué le Coordonnateur spécial.

Selon une étude récente réalisée par l'ONU, plus de 100.000 maisons ont été endommagées ou détruites à Gaza lors des 51 jours de conflit entre Israël et des groupes armés palestiniens durant l'été 2014. La destruction a touché plus de 600.000 personnes, dont beaucoup n'ont toujours pas retrouvé un accès à l'eau. Parallèlement, la population est victime de pannes fréquentes d'électricité pouvant aller jusqu'à 18 heures d'affilée. En outre, les affrontements ont causé la mort de plus de 2.100 Palestiniens et 70 Israéliens.

Cependant, M. Serry a déploré la lenteur du processus de reconstruction.

« Je comprends parfaitement la frustration de la population de Gaza en raison de la lenteur globale de la reconstruction. Beaucoup d'entre ceux qui ont désormais accès à des matériaux de construction n'ont pas suffisamment d'argent pour les acheter ou pour réaliser les travaux », a-t-il déploré, ajoutant qu'en février 2015, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a dû suspendre les paiements en espèces aux familles de réfugiés en raison de l'absence de soutien des bailleurs de fonds.

Selon le Coordonnateur spécial, la situation est encore pire pour les non-réfugiés.

« Seul un faible pourcentage des 5,4 milliards de dollars promis lors de la Conférence du Caire pour la reconstruction a été effectivement perçu. C'est franchement inacceptable », s'est insurgé M. Serry.

« Je crains que Gaza ne soit plus isolée que jamais », a-t-il ajouté, mentionnant notamment les nombreuses restrictions toujours imposées par Israël s'agissant de la circulation des biens et des personnes et la quasi-fermeture du passage frontalier de Rafah.

De plus, le Coordonnateur spécial a souligné qu'il était impossible d'avoir une économie stable et en bonne santé sans un cessez-le-feu durable et un gouvernement reconnu, légitime et inclusif présidant au rétablissement de Gaza.

« Lors de ma visite, j'ai exhorté mes homologues à Gaza à s'engager à accomplir ce qui est attendu d'eux – un gel pluriannuel des activités militaires au-dessus et en-dessous du sol. J'ai reçu des indications selon lesquelles ils étaient prêts à s'y résoudre, à condition que la partie adverse s'engage à ouvrir davantage les voies de passage pour permettre la récupération et la reconstruction intégrale et accélérée de Gaza », a déclaré M. Serry.

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies a appelé instamment toutes les parties prenantes, la communauté internationale et les bailleurs de fonds à changer de politique et à adopter une stratégie faisant de Gaza leur ultime priorité. « Je suis convaincu qu'il ne peut y avoir de paix sans répondre d'abord aux besoins de Gaza », a-t-il conclu.