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Près de 40% de la population mondiale privée de toute couverture santé, selon l'OIT

Des professionnels de santé en Sierra Leone lors d'une session de formation pour lutter contre Ebola. Photo UNICEF/John James
Des professionnels de santé en Sierra Leone lors d'une session de formation pour lutter contre Ebola. Photo UNICEF/John James

Près de 40% de la population mondiale privée de toute couverture santé, selon l'OIT

A l'échelle mondiale, 40% de la population est exclue de la protection sociale de la santé et ce taux s'élève à 80% dans 44 pays, notamment en Afrique de l'Ouest, au Burkina Faso, au Cameroun, en Guinée et en Sierra Leone, selon une étude de l'Organisation internationale du travail (OIT) publiée mardi.

L'étude intitulée « Résoudre la crise sanitaire mondiale: politiques universelles de protection de la santé » indique que les mêmes carences existent aussi en Asie. En Inde, par exemple, plus de 80% des habitants n'ont pas de couverture de protection en matière de santé. D'autres pays se caractérisent par d'importants écarts de couverture comme l'Azerbaïdjan, le Bangladesh, Haïti, le Honduras et le Népal.

La publication de l'étude coïncide avec la Journée de la couverture universelle de santé qui sera observée le 12 décembre.

« La protection universelle de la santé est fondamentale pour lutter contre la pauvreté, réduire les inégalités et alimenter la croissance économique », a déclaré le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder, à l'occasion de la journée internationale.

L'étude de l'OIT dénonce un fort appauvrissement des populations lié aux dépenses privées en matière de santé qui font obstacle à l'accès aux soins de santé. Dans de nombreux pays, comme en Sierra Léone, 75% des dépenses totales de santé proviennent en effet de ressources privées.

Un autre facteur déterminant de cette crise mondiale de la santé concerne la pénurie des personnels de santé, souvent mal rémunérés. A l'échelle mondiale, l'OIT estime qu'il faudrait environ 10,3 millions de professionnels de santé supplémentaires pour combler la pénurie actuelle et assurer la fourniture de soins de santé universels. Dans des pays comme Haïti, le Niger, le Sénégal et la Sierra Léone, 10.000 personnes dépendent des services dispensés par cinq professionnels de santé, voire moins, tandis que dans un pays à haut revenu comme la Finlande, 269 professionnels sont au service de 10.000 habitants.

L'étude montre que 56% de la population mondiale vivant en zone rurale n'a pas accès à la couverture de la protection de la santé, contre 22% de la population urbaine.

« Depuis des décennies, les systèmes publics de santé ont été sous-financés et n'ont pas pu se développer correctement dans les pays à bas revenu ou à revenu intermédiaire. Des solutions ponctuelles comme les petits programmes verticaux (de vaccination par exemple) sont insuffisantes. Les pays ont besoin que l'on investisse dans des systèmes de santé universels », a affirmé Isabel Ortiz, Directrice du Département de la protection sociale de l'OIT.

Les plus fortes inégalités et disparités entre zones rurales et urbaines en terme de couverture ont été observées en Afrique et en Asie-Pacifique.

Les populations rurales sont aussi les plus affectées par la pénurie de professionnels de santé. Parmi les 10,3 millions de professionnels de santé qui font défaut à l'échelle mondiale, 7 millions manquent dans ces zones.

Depuis 2010, les politiques d'assainissement budgétaire ont bloqué voire inversé le mouvement enclenché vers une couverture universelle de santé en alourdissant le fardeau financier qui pèse sur les ménages, en réduisant les services de santé et en diminuant ou plafonnant les salaires des personnels de santé.

L'étude explique que pour surmonter la crise mondiale actuelle de la santé il faut s'orienter vers la protection universelle de la santé. L'investissement dans les systèmes de santé aboutit à une croissance économique soutenue, à une productivité accrue et au bien-être des populations. A titre d'exemple, en Thaïlande, l'introduction de la protection universelle de santé a généré des gains économiques représentant jusqu'à 1,2 fois l'investissement original.