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Plus de 3000 Nigérians forcés de fuir au Niger suite à une attaque du groupe Boko Haram - HCR

Des fillettes dans une école dans la région de Diffa, au Niger, où plus de la moitié des écoliers sont des Nigérians déplacés.
HCR/K. Mahoney
Des fillettes dans une école dans la région de Diffa, au Niger, où plus de la moitié des écoliers sont des Nigérians déplacés.

Plus de 3000 Nigérians forcés de fuir au Niger suite à une attaque du groupe Boko Haram - HCR

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a rapporté vendredi qu'une attaque de Boko Haram cette semaine contre la ville de Damassak au Nigéria avait fait 50 morts et forcé au moins 3000 personnes à fuir vers la région de Diffa au Niger voisin.

« La ville de Dammasak se trouve à seulement quelques kilomètres de la frontière avec le Niger. Boko Haram en aurait pris le contrôle le 24 novembre», a déclaré le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève. « Selon nos équipes à Diffa, l'afflux continue au Niger depuis le Nigéria suite à cette attaque. »

Selon le personnel du HCR sur le terrain, des Nigérians attendent des bateaux pour franchir la rivière Komadougou Yobé qui sépare les deux pays. Par ailleurs, d'autres tentent de traverser à la nage dans leur quête désespérée de sécurité. Les habitants de la région ont déclaré avoir vu des personnes se noyer durant leur tentative de traversée à la nage.

D'autres auraient été abattus par Boko Haram qui les a pourchassés jusqu'aux rives du fleuve. Selon les nouveaux arrivants, de nombreux déplacés, pour la plupart des femmes, des enfants, des personnes âgées – dont certains sont blessés – attendent encore du côté nigérian de la rivière pour rejoindre le Niger.

Les nouveaux arrivants ont déclaré que de nombreux civils ont été tués lors de l'attaque commise contre Damassak, surtout de jeunes hommes. Les insurgés ont également tiré sur des femmes et des enfants. Certains ont expliqué qu'ils pensaient que l'attaque était en représailles à l'enrôlement de jeunes hommes dans des groupes d'auto-défense, qui ont été formés pour combattre les insurgés.

De nombreux enfants ont été séparés de leurs parents lors de l'attaque et la fuite au Niger. Dans la ville la plus proche, Chétimari, des enfants et des adultes errent autour des installations de fortune à la recherche de leurs proches.

« Les réfugiés ont expliqué qu'ils n'avaient pas eu le temps d'emporter des affaires. Ils ont dû tout laisser derrière eux. Avec ses partenaires et la communauté locale, le HCR a fourni des bâches en plastique et des couvertures pour aider les personnes déracinées à monter des abris temporaires et à se protéger contre les basses températures la nuit », a indiqué le porte-parole du HCR.

Une attaque commise contre le village nigérian de Malan Fatori, le 5 octobre dernier, avait poussé plus de 1000 personnes à s'exiler au Niger. L'attaque contre la ville de Damassak est la deuxième attaque commise en moins de deux mois, à seulement quelques kilomètres de la frontière entre le Nigéria et le Niger. La présence croissante des insurgés à proximité de la frontière avec le Niger pourrait générer de nouveaux déplacements dans un avenir proche.

Les afflux réguliers de réfugiés nigérians et de ressortissants nigériens de retour dans leur pays d'origine font porter une lourde charge sur la région de Diffa, une région reculée et économiquement sous-développée. Selon les autorités, plus de 100.000 personnes ont rejoint le Niger depuis mai 2013, lorsque le Gouvernement nigérian avait déclaré l'état d'urgence dans trois États du nord-est, suite à des attaques de Boko Haram.

Plus de 30 000 personnes ont trouvé refuge dans la région ces deux derniers mois seulement. « Les communautés locales partagent leurs maigres ressources avec les réfugiés nigérians et nous craignons que la structure économique déjà fragile dans cette région pourrait s'effondrer sous la pression », a déclaré M. Edwards.

La violence au Nigéria a également poussé plus de 39.000 Nigérians à fuir au Cameroun ces deux derniers mois ainsi que 2800 autres vers le Tchad. Au Nigéria, quelque 700.000 personnes sont déplacées à l'intérieur des Etats de Borno, Yobé et de l'Adamaoua, selon les statistiques gouvernementales.