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Les pays les plus pauvres doivent mettre en œuvre des réformes structurelles pour rompre le cercle vicieux - ONU

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Les pays les plus pauvres doivent mettre en œuvre des réformes structurelles pour rompre le cercle vicieux - ONU

Selon le Rapport 2014 sur les pays les moins avancés publié jeudi par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la communauté internationale doit tirer les leçons du fait que la plupart des pays les plus pauvres n'atteindront pas les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) alors qu'ils ont enregistré une forte croissance économique.

Selon le Rapport, ce sont dans les Pays les moins avancés (PMA) que la bataille se livrera et que l'on saura si le programme de développement pour l'après-2015 est un échec ou une réussite. Sa réussite dépendra des mesures prises par la communauté internationale et par les PMA pour transformer structurellement leur économie et rompre le cercle vicieux de développement économique et humain dans lequel les pays pauvres sont piégés.

Ce « paradoxe des PMA » vient de l'incapacité de ces économies de procéder à des changements structurels alors qu'ils enregistrent une croissance vigoureuse en raison du niveau élevé des prix des exportations et de l'augmentation des courants d'aide. Un certain nombre d'autres pays en développement, qui ne font pas partie de la catégorie des pays «les moins avancés», en particulier ceux qui dépendent essentiellement de produits de base pour la production, l'emploi et les exportations, se sont aussi heurtés au même paradoxe.

Entre 2002 et 2008, la croissance des PMA a été supérieure à l'objectif de 7 % décidée par la communauté internationale, et même après la crise financière de 2008, ces pays ont connu une croissance plus rapide que d'autres pays en développement, avec un taux moyen de 5,7 % par an.

Seul un PMA, la République démocratique populaire lao, est en bonne voie pour atteindre la totalité des sept cibles relevant d'OMD analysées dans le Rapport, et seulement quatre des 39 PMA en dehors de l'Asie du Sud et de l'Asie du Sud-Est (l'Éthiopie, le Malawi, le Rwanda et l'Ouganda) devraient atteindre la plupart de ces cibles.

Selon le Rapport, dans le cadre des OMD, la pauvreté a été réduite de moitié dans le monde grâce à des progrès rapides réalisés dans les pays en développement les plus avancés, même si l'un des objectifs centraux du programme de développement pour l'après 2015 devrait être l'éradication de la pauvreté d'ici à 2030. Cela signifie que la pauvreté devra être réduite à zéro partout dans le monde et c'est dans les PMA que la tâche sera la plus difficile. Leur performance déterminera en grande partie la réussite ou l'échec de l'ensemble du programme de développement pour l'après-2015.

L'éradication de la pauvreté en quinze ans est un objectif beaucoup plus ambitieux que la cible de l'OMD consistant à réduire de moitié la pauvreté en vingt-cinq ans, a affirmé le Rapport. Même la Chine n'y est pas parvenue alors qu'elle a enregistré un développement et une croissance économiques extraordinaires pendant une période deux fois plus longue. De surcroît, les perspectives concernant les exportations sont désormais beaucoup plus incertaines à la suite de la crise financière, alors que l'aide aux PMA a cessé de progresser, de plus en plus de pays donateurs ayant mis en œuvre des politiques d'austérité.

Le Rapport met en avant trois grandes priorités d'action pour les PMA dans le cadre d'un programme de développement pour l'après-2015: mobiliser des ressources pour l'investissement afin d'en maximiser l'effet sur le développement, diriger ces ressources vers des activités économiques qui contribueront sensiblement à transformer leur économie et établir des politiques macroéconomiques qui favorisent l'investissement et l'augmentation de la demande plutôt que l'inverse. La diversification des économies rurales doit aussi être un élément clef de la transformation si l'on veut parvenir à éliminer la pauvreté.

Toutefois, selon le Rapport, la réussite du programme pour l'après-2015 dépendra aussi des facteurs ci-après:

• Le respect par les donateurs des engagements qu'ils ont pris depuis longtemps concernant le montant et les conditions de l'aide aux PMA, notamment en fondant leur appui sur les stratégies de développement des pays bénéficiaires;

• La réforme du système financier international afin d'améliorer la prévention des crises et les réponses à ces crises, ainsi que la réforme de la gouvernance fiscale au niveau mondial;

• La réforme du système commercial international pour fournir aux PMA l'accès au marché dont ils ont besoin, et leur permettre d'avoir recours à des politiques commerciales pour soutenir leurs programmes de développement;

• L'adoption au niveau international de mesures rapides, efficaces et équitables pour faire face aux changements climatiques.

Selon le Rapport, le développement n'est pas seulement une question de croissance économique mais il exige aussi une transformation structurelle de la base économique par deux processus parallèles : l'accroissement de la productivité au sein des activités productives et la réallocation d'emplois d'activités à faible productivité − telles que l'agriculture à petite échelle et les services hors économie formelle − vers des activités plus dynamiques et à plus forte productivité, telles que l'industrie manufacturière et les services de haute valeur. Ce n'est pas seulement la croissance économique qui aidera les PMA à atteindre les OMD, mais une conjonction de ces deux moteurs de la transformation structurelle.

Le cœur du programme de développement pour l'après-2015 devrait être un cercle vertueux entre développement économique et développement humain, permettant de rompre le cercle vicieux dans lequel les PMA se trouvent, d'après le Rapport. Le fait de réduire la pauvreté, d'améliorer la nutrition et la santé, et de développer l'instruction permet d'accroître le potentiel productif des personnes, ce qui contribue alors à réduire la pauvreté, améliorer la nutrition et la santé, et développer l'instruction. Cela suppose toutefois que l'augmentation du potentiel productif donne lieu à des revenus plus élevés, ce qui, selon le Rapport, signifie qu'il faut créer davantage d'emplois mieux rémunérés en procédant à une transformation économique.