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L'agriculture familiale en première ligne pour éradiquer la faim, selon la FAO

Une agricultrice dans un champ de fruits du dragon au Viet Nam (juillet 2013). Photo : FAO / Hoang Dinh Nam
Une agricultrice dans un champ de fruits du dragon au Viet Nam (juillet 2013). Photo : FAO / Hoang Dinh Nam

L'agriculture familiale en première ligne pour éradiquer la faim, selon la FAO

A l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation qui est célébrée le 16 octobre, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) préconise de transformer le demi-milliard d'exploitations agricoles familiales en agents de changement pour assurer la sécurité alimentaire et éradiquer la faim.

Sur les 570 millions d'exploitations agricoles dans le monde neuf sur dix sont gérées par des familles. Les exploitations agricoles familiales produisent environ 80% des denrées alimentaires mondiales.

Du fait de leur prévalence et de leur production, elles « sont vitales pour la solution du problème de la faim » qui afflige plus de 800 millions de personnes dans le monde, écrit le Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, dans l'avant-propos d'un nouveau rapport intitulé « La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2014 ».

L'agriculture familiale est également la gardienne d'environ 75% des ressources agricoles mondiales. Elle est de ce fait essentielle à la durabilité écologique et la conservation des ressources naturelles. Dans le même temps, elle est parmi les plus vulnérables à l'impact de l'épuisement de ces mêmes ressources et aux effets pervers du changement climatique.

Les exploitants d'entreprises familiales « sont la clef de voûte d'une agriculture durable et profitant à tous, et des systèmes alimentaires », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans un message pour cette journée.

« Les petits exploitants contribuent de manière essentielle à la marche en avant du progrès mondial mais sont défavorisés en ce qui concerne l'accès à la technologie, aux services et aux marchés. En outre, ils subissent de plein fouet les phénomènes météorologiques extrêmes, les changements climatiques et la dégradation de l'environnement », a-t-il ajouté. « Il faut assurer l'égalité d'accès aux ressources productives, en particulier aux femmes, pour donner aux 500 millions de petits exploitants les moyens de contribuer à l'élimination de la pauvreté et à la préservation de l'environnement. »

Selon le rapport de la FAO, bien que les chiffres montrent des rendements impressionnants sur les terres gérées par les exploitations agricoles familiales, beaucoup de fermes de petite taille sont incapables de produire suffisamment pour assurer une vie décente aux familles qui en tirent leurs moyens d'existence.

Les exploitations agricoles familiales sont donc confrontées à trois défis: accroître leur production pour couvrir les besoins du monde en termes de sécurité alimentaire et de nutrition; assurer la durabilité de l'environnement pour protéger la planète et maintenir leurs propres capacités productives; et améliorer leur productivité tout en diversifiant les moyens d'existence pour échapper à la faim et à la pauvreté.

« Dans tous les cas, les exploitants familiaux doivent être les protagonistes de l'innovation car c'est seulement ainsi qu'ils peuvent assumer la responsabilité du processus et garantir que les solutions répondent à leurs besoins. L'agriculture familiale est une composante clé des systèmes alimentaires sains dont nous avons besoin pour conduire une vie plus saine », a declaré José Graziano da Silva.

Pour relever tous ces défis, les exploitations agricoles doivent s'ouvrir à l'innovation, selon le rapport qui invite le secteur public, en concertation avec les agriculteurs, les organisations de la société civile et le secteur privé, à améliorer les systèmes d'innovation dans l'agriculture. Dans cette perspective, tous les acteurs et institutions concernés doivent aider les agriculteurs à élaborer et adopter des méthodes de travail plus adaptées à la complexité grandissante du monde d'aujourd'hui.

La capacité d'innovation doit être encouragée à tous les niveaux avec des incitations aux agriculteurs, aux chercheurs et aux prestataires de services de conseil et il convient aussi d'intégrer les chaînes de valeur pour l'interaction et la création de réseaux et de partenariats de partage de l'information, selon le rapport.

Les décideurs doivent tenir compte de la diversité des exploitations agricoles familiales en termes de taille, de technologies utilisées, d'intégration aux marchés et de conditions écologiques et socio-économiques, une diversité qui se traduit par des besoins différents au regard de l'innovation.

Quoi qu'il en soit, toutes les exploitations ont besoin d'une meilleure gouvernance, de stabilité macroéconomique et d'infrastructures de marché physiques et institutionnelles. A ces éléments, il convient d'ajouter l'éducation et la recherche agricole de base, toujours selon le rapport.

Des investissements publics accrus dans la recherche et les services de conseil et de vulgarisation – lesquels devraient être plus participatifs lors de leur conception – sont requis pour mettre en valeur l'intensification durable et combler les écarts de productivité de la main-d'œuvre qui caractérisent le secteur agricole dans beaucoup de pays en développement.

Bien que la recherche agricole privée soit en expansion, les investissements du secteur public demeurent indispensables pour financer la recherche dans des domaines de peu d'intérêt pour le secteur privé, notamment la recherche fondamentale, les cultures orphelines et les pratiques de production durables.