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Le HCR préoccupé par le sort de 145.000 femmes réfugiées syriennes chefs de famille qui luttent pour leur survie

Des réfugiés syriens arrivant au Liban après avoir fui l'ouest de la Syrie. Photo UNHCR/A. McConnell
Des réfugiés syriens arrivant au Liban après avoir fui l'ouest de la Syrie. Photo UNHCR/A. McConnell

Le HCR préoccupé par le sort de 145.000 femmes réfugiées syriennes chefs de famille qui luttent pour leur survie

Selon un rapport publié mardi par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 145.000 familles réfugiées syriennes en Egypte, au Liban, en Iraq et en Jordanie – soit un quart de tous les foyers – sont dirigées par des femmes confrontées à une lutte solitaire pour leur survie.

Le HCR a indiqué que ces femmes réfugiées sont engagées dans une lutte quotidienne pour joindre les deux bouts, garder leur dignité et s'occuper de leurs familles dans des habitations délabrées et surpeuplées ou des tentes et des abris de fortune peu sûrs. Beaucoup vivent sous la menace de la violence ou de l'exploitation, et leurs enfants font face à des traumatismes et à une détresse qui s'accentuent.

Le rapport se base sur les témoignages personnels de 135 de ces femmes, recueillis au cours de trois mois d'entretiens début 2014. Contraintes d'assumer seule la responsabilité de leurs familles après que leurs maris aient été tués, enlevés ou séparés pour une raison ou une autre, elles sont prises dans une spirale de souffrance, isolement et anxiété.

« Pour des centaines de milliers de femmes, fuir leur patrie en ruine n'a été que la première étape d'un parcours semé d'embûches », a déclaré le chef du HCR, António Guterres, dans un communiqué de presse.

« Elles n'ont plus d'argent, font face à des menaces quotidiennes pour leur sécurité et sont traitées comme des parias pour avoir perdu leurs maris dans une guerre brutale. C'est une honte. Elles sont humiliées d'avoir tout perdu », a-t-il ajouté en ajoutant que le HCR a demandé que de nouvelles mesures soient prises d'urgence par les donateurs, les gouvernements des pays d'accueil et les organisations humanitaires.

« Les femmes réfugiées syriennes maintiennent les liens au sein d'une société brisée. Elles ont une force extraordinaire, mais elles luttent toutes seules. Leurs voix sont un appel à l'aide et à la protection qui ne peut pas être ignoré », a affirmé Angelina Jolie, l'émissaire du HCR.

La vie en exil a contraint ces femmes à devenir le principal soutien de famille et pourvoyeur de soins et elles doivent se débrouiller seules et avec leurs proches, loin de leurs communautés et sources traditionnelles de soutien. Pour la plupart d'entre elles, la charge est énorme, et beaucoup dépendent entièrement de l'aide extérieure. 60% des femmes interrogées ont exprimé un sentiment d'insécurité, et une sur trois est trop effrayée ou accablée pour sortir de chez elle.

De nombreuses femmes se sont plaintes d'être régulièrement harcelées verbalement – par des chauffeurs de taxi, des conducteurs de bus, des propriétaires, des prestataires de services, et par des hommes dans les magasins, sur le marché, dans les transports publics et même lors des distributions d'aide.

Plus de 150 organisations offrent des services ou un soutien aux femmes réfugiées syriennes et à leurs familles. Les recherches ont révélé plusieurs exemples de femmes réfugiées prenant des initiatives, se soutenant mutuellement et s'efforçant de trouver des solutions à leur lutte quotidienne. Elles ont également mis en lumière plusieurs actes de gentillesse et de générosité de la part des pays et des communautés d'accueil.

Avec 2,8 millions de réfugiés et plusieurs millions de déplacés, la Syrie est devenue la crise de déplacement de population la plus importante au monde. Depuis début 2014, plus de 100.000 réfugiés syriens sont enregistrés dans les pays voisins chaque mois. Le nombre total de réfugiés devrait atteindre 3,6 millions à la fin 2014.