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L'OMS plaide pour un nouvel élan en faveur de la lutte contre le paludisme

Au Ghana, un bébé protégé du paludisme par une moustiquaire imprégnée d'insecticde.
Banque mondiale/Arne Hoel
Au Ghana, un bébé protégé du paludisme par une moustiquaire imprégnée d'insecticde.

L'OMS plaide pour un nouvel élan en faveur de la lutte contre le paludisme

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé mercredi un appel à un financement durable pour venir en aide au plus de trois milliards de personnes dans le monde qui sont à risque de contracter le paludisme.

En effet, si les efforts déployés pour combattre et éliminer cette maladie ont permis de sauver 3,3 millions de vies depuis 2000 et de réduire de 45% le taux de mortalité dans le monde et de 49% celui en Afrique, l'édition 2013 du Rapport sur le paludisme conclut à la nécessité de « faire davantage ».

« Ces progrès remarquables ne sont pas une raison de relâcher nos efforts: en chiffres absolus, le nombre des cas de paludisme et des décès ne baisse pas aussi vite qu'il le pourrait », relève la Directrice générale de l'OMS, Margaret Chan. « Le fait que tant de personnes contractent l'infection et meurent après avoir été piquées par des moustiques est l'une des grandes tragédies du XIXe siècle. »

L'OMS estime qu'il y a eu, en 2012, 207 millions de cas de paludisme ayant provoqué environ 627.000 décès. Selon les estimations, 3,4 milliards de personnes continuent d'être exposées, principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est. Près de 80% des cas de paludisme apparaissent en Afrique.

Après avoir pris son essor entre 2005 et 2010, la prévention du paludisme a connu un revers. Le rapport de l'OMS relève, pour la deuxième année consécutive, un recul dans l'accès aux moustiquaires imprégnées d'insecticide, principalement par manque de fonds.

En Afrique subsaharienne, la proportion de la population ayant accès à ce type de moustiquaires est restée largement en-deçà des 50% en 2013. Seulement 70 millions de nouvelles moustiquaires ont été distribuées dans les pays d'endémie en 2012, un chiffre bien inférieur au minimum des 150 millions nécessaires chaque année pour garantir une protection à toute personne exposée au risque.

En 2013 cependant, environ 136 millions de moustiquaires ont été distribuées et les perspectives pour 2014 semblent encore meilleures, semblant indiquer qu'un réel revirement de la situation a des chances de se produire.

En outre, les tests de diagnostic du paludisme n'ont pas connu un tel revers et ont continué de s'étendre ces dernières années. De 2010 à 2012, la proportion de cas suspects ayant bénéficié d'un test de diagnostic dans le secteur public est passée de 44 à 64% à l'échelle mondiale.

En dépit de ces progrès, des millions de personnes n'ont toujours pas accès au diagnostic et à des traitements de qualité garantie, en particulier dans les pays n'ayant pas un système de santé solide. Le déploiement des traitements préventifs, recommandés pour les nourrissons, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, a également été lent ces dernières années.

« Pour remporter la bataille du paludisme, nous devons avoir les moyens d'assurer la prévention et le traitement de la maladie pour chaque famille qui en a besoin », affirme l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour le financement des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé et pour le paludisme, Raymond Chambers. « Nos efforts collectifs ne servent pas seulement à mettre un terme aux souffrances inutiles de millions de personnes: ils aident aussi les familles à prospérer et à injecter dans les économies des milliards de dollars que les pays peuvent utiliser autrement.»

Le financement international de la lutte antipaludique est passé de moins de 100 millions de dollars en 2000 à près de deux milliards en 2012, auxquels s'ajoutent les financements nationaux d'un montant d'environ un demi-milliard pour cette même année. Cela ne représente toutefois que la moitié des 5,1 milliards nécessaires chaque année pour parvenir à l'accès universel aux différentes interventions.

Faute de financement suffisant et prévisible, les progrès sont également menacés par l'émergence de la résistance parasitaire à l'artémisinine, la composante essentielle des Combinaisons Thérapeutiques à base d'Artémisine (CTA), et de la résistance des moustiques aux insecticides. La résistance à l'artémisinine a été détectée dans quatre pays d'Asie du Sud-Est et celle aux insecticides dans au moins 64 pays.

« Les progrès remarquables accomplis contre le paludisme sont encore fragile », prévient le Directeur à l'OMS du Programme mondial de lutte antipaludique, le Dr. Robert Newman. « Au cours des 10 à 15 prochaines années, le monde aura besoin d'outils et de techniques innovantes, ainsi que d'approches stratégiques pour pérenniser et accélérer les progrès. »

« Le vote de confiance exprimé par les donateurs la semaine dernière à la conférence de reconstitution volontaire des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme témoigne du succès du partenariat mondial. Mais il nous faut combler le déficit annuel de 2,6 milliards de dollars pour atteindre la couverture universelle et éviter les décès par paludisme», a exhorté la Directrice exécutive du Partenariat Faire reculer le paludisme. « C'est notre chance historique de vaincre cette maladie. »