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Invoquant le droit international, le Président serbe réitère son refus de reconnaître l'indépendance du Kosovo

Le Président de la Serbie, Tomislav Nikolic.
ONU/Evan Schneider
Le Président de la Serbie, Tomislav Nikolic.

Invoquant le droit international, le Président serbe réitère son refus de reconnaître l'indépendance du Kosovo

Tout en confirmant sa volonté de poursuivre des négociations directes avec les autorités kosovares, le Président de la Serbie, Tomislav Nikolić, a réaffirmé mercredi son refus de reconnaitre l'existence de « la République autoproclamée du Kosovo » et réitéré sa mise en cause de la légitimité du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).

« La déclaration unilatérale d''indépendance du Kosovo en 2008 est source de problèmes et porte atteinte au système établi par les Nations Unies depuis la création de l'Organisation. La tentative de sécession illégale des institutions provisoires d'administration autonome du Kosovo n'a jamais été reconnue par l'ONU, bien que certain pays, au mépris du droit international, l'aient quant à eux reconnu comme un État indépendant », a dénoncé M. Nikolić devant les États membres, au deuxième jour de leur débat de haut niveau.

Tout en déplorant le fait que certain pays traditionnellement amis de la Serbie aient également reconnu la République kosovare, « sous la pression constante et le chantage de pays influents », le Président serbe s'est félicité de la « réponse mesurée, diplomatique et politique » de son pays, ainsi que son « refus d'utiliser la force pour protéger sa souveraineté et son unité territoriale ».

Insistant sur son engagement en faveur d'une résolution pacifique du différend sur le statut du Kosovo et de la Metohija, M. Nikolić a également souligné sa volonté de poursuivre, sur recommandation de l'Assemblée générale des Nations Unies, des négociations directes avec Pristina, avec pour intention de protéger les populations serbes du Kosovo.

Tout en précisant que ces négociations ont d'ores et déjà donné naissance à des accords bilatéraux, dont l'un sur les élections municipales et la création de la Communauté des municipalités serbes du Kosovo et de la Metohija, M. Nikolić a toutefois précisé que de tels accords « ne constituent en rien une reconnaissance de jure ou de facto de l'indépendance du Kosovo ».

« Nous faisons confiance aux Nations Unies qui ont hérité de l'administration de cette partie de la Serbie en 1999. Nous demandons donc à ce que le mandat de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) reste inchangé, que son personnel ne soit pas réduit et que ses activités soient renforcées », a poursuivi M. Nikolić, rappelant que la MINUK et toute autre partie prenante doivent adopter « une position de neutralité », dans le respect de la résolution 1244 du Conseil de Sécurité « réaffirmant que le Kosovo et la Metohija forment intégralement partie de la République de Serbie ».

Le dirigeant serbe a par ailleurs affirmé son intention de demander justice au nom de son peuple afin que soient poursuivis les auteurs de crimes contre des ressortissants serbes, exhortant les Nations Unies à entamer des démarches en ce sens.

« Je tiens à rappeler que le Rapporteur spécial du Conseil de l'Europe, Dick Marty, sénateur de la Suisse, a prouvé que certains des dirigeants albanais actuels du Kosovo ont organisé l'enlèvement et le meurtre de Serbes, dont les organes ont été récoltés et vendus clandestinement », a précisé M. Nikolić, précisant que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) avait confirmé ses conclusions.

Abordant les activités du TPIY, le dirigeant serbe a tenu à réaffirmer ses propos tenus lors d'un discours prononcé au mois d'avril à l'Assemblée générale des Nations Unies, à l'occasion d'un débat thématique sur le rôle de la justice pénale internationale dans la réconciliation.

« J'ai dit alors que le TPIY a abusé du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité ; qu'il n'a pas aidé le processus de réconciliation sur le territoire de l'ex-Yougoslavie ; qu'il compromettait l'idée de la justice pénale internationale ; qu'il a agi sous la pression politique, qu'il n'était pas indépendant ; qu'il a rendu des jugements différents dans des circonstances similaires ; qu'il a acquitté certains criminels de guerre et, dans un certain nombre de cas, a même échoué à inculper certains d'entre eux ; qu'il a humilié les victimes serbes des guerres de succession yougoslave ; qu'il a tenté de réviser l'histoire », s'est indigné M. Nikolić.

Le TPIY, dont le siège se trouve à La Haye, est une juridiction instituée en février 1993 par le Conseil de sécurité de l'ONU afin de poursuivre et juger les individus qui se sont rendus coupables de violations graves du droit international humanitaire sur le territoire de l'ex-Yougoslavie à compter du 1er janvier 1991, pendant les guerres de Yougoslavie (Guerre de Croatie, Guerre de Bosnie-Herzégovine et Guerre du Kosovo). Depuis sa création, le TPIY a arrêté et condamné divers responsables serbes dans le cadre de son mandat.

« Nous demandons à l'Organisation des Nations Unies et au TPIY de trouver un recours légal permettant de faire en sorte que les Serbes condamnés puissent purger leurs peines de prison en Serbie », a exhorté en conclusion le Président serbe.