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Le Président des États-Unis présente sa vision du multilatéralisme à la lumière du conflit syrien

Le Président des Etats-Unis, Barack Obama, lors du débat général de la 68ème session de l'Assemblée générale, le 24 septembre 2013. Photo ONU/Rick Bajornas
Le Président des Etats-Unis, Barack Obama, lors du débat général de la 68ème session de l'Assemblée générale, le 24 septembre 2013. Photo ONU/Rick Bajornas

Le Président des États-Unis présente sa vision du multilatéralisme à la lumière du conflit syrien

Alors que la communauté internationale est confrontée à une série de « nouveaux défis considérables », le Président des États-Unis, Barack Obama, a engagé mardi les États membres de l'ONU à faire preuve du courage et de la détermination nécessaires pour agir de manière décisive « face à l'effondrement complet de sociétés et à des violences si répétées contre les civils »

« L'Assemblée générale continue d'être mise à l'épreuve. La question qui se pose est de savoir si nous possédons la sagesse et le courage requis en tant que membres de la communauté internationale pour relever ces défis : si les Nations Unies peuvent passer l'épreuve de notre temps », a déclaré M. Obama, dans son allocution au débat général de l'Assemblée, qui a débuté aujourd'hui.

« Ceci exigera une nouvelle manière de réfléchir et des choix draconiens. Alors que les Nations Unies ont été conçues pour prévenir des guerres entre les États, de plus en plus souvent, nous sommes confrontés au défi de prévenir des massacres à l'intérieur même des États », a noté le Président américain. Un défi d'autant plus difficile à relever lorsque les États concernés sont fragiles ou en voie d'effondrement ; « des lieux où des violences horribles menacent hommes, femmes et enfants innocents sans espoir d'être protégés par leurs institutions nationales ».

« J'ai clairement dit que même lorsque les intérêts profonds de l'Amérique ne sont pas directement menacés, nous étions prêts à faire notre part pour prévenir des atrocités de masse et protéger les droits humains fondamentaux. Mais nous ne pouvons ni ne devons porter ce fardeau seuls », a poursuivi M. Obama.

Abordant la situation en Syrie, le Président a estimé que la communauté internationale devait d'abord et avant tout faire respecter l'interdiction des armes chimiques. « Quand, s'est-il expliqué, j'ai fait part de ma disposition à ordonner des frappes ciblées contre le régime syrien pour riposter contre l'utilisation d'armes chimiques, je ne l'ai pas fait à la légère, mais convaincu qu'il est de l'intérêt des États-Unis et de la communauté internationale de faire respecter une interdiction dont les origines sont bien antérieures à l'ONU elle-même. »

Invoquant les preuves « accablantes » réunies par l'équipe d'experts de l'ONU sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie le 21 août, le Président s'est dit conscient des doutes qui existent quant à la légitimité d'une frappe, même limitée, en l'absence d'un mandat clair du Conseil de sécurité. Mais, a-t-il ajouté, sans une menace militaire crédible, celui-ci n'aurait montré aucun volonté d'agir.

Dans ses discussions avec son homologue russe, Vladimir Poutine, M. Obama n'a eu de cesse de rappeler sa préférence pour l'option diplomatique. Si un accord a pu être conclu, à l'issue duquel la Syrie a présenté comme mesure préalable la liste de ses stocks d'armes chimiques, une résolution vigoureuse du Conseil s'impose pour veiller à ce que le régime de Bachar Al-Assad respecte ses engagements et prévoir des conséquences dans le cas contraire. Un accord sur les armes chimiques pourrait galvaniser une offensive diplomatique plus large pour un règlement politique de la crise syrienne, a affirmé Barack Obama, convaincu que ni la poursuite des affrontements militaires par les parties prenantes au conflit, ni une intervention des puissances étrangères ne pourraient être vecteurs d'une paix durable.

« Je ne crois pas non plus, a-t-il poursuivi, que les États-Unis ou tout autre pays devraient choisir le prochain leader de la Syrie. » Toutefois, a-t-il souligné en faisant allusion à Bachar Al-Assad, un dirigeant qui « assassine » ses citoyens et répand des gaz mortels sur des enfants ne peut selon lui avoir la légitimité nécessaire pour diriger un pays profondément divisé.

Il est temps que la Fédération de Russie et l'Iran réalisent que leur insistance à propos d'Assad conduira inévitablement à ce qu'ils craignent, à savoir la montée en puissance des extrémistes. Parallèlement, a-t-il concédé, ceux d'entre nous qui appuient l'opposition modérée doivent la persuader qu'un règlement politique ne peut être obtenu sans une réponse aux préoccupations légitimes des Alaouites et d'autres minorités.

Après avoir annoncé que son gouvernement débloquerait 340 millions de dollars de plus à l'appui de l'aide humanitaire en Syrie, M. Obama a prévenu que celle-ci ne saurait remplacer un règlement politique en bonne et due forme.

La situation en Syrie, a-t-il constaté, illustre une contradiction persistante depuis une décennie au sujet du Moyen-Orient : d'un côté, les États-Unis sont accusés de s'y ingérer d'être derrière tous les complots ; de l'autre, on les accuse d'inaction et de manifester une indifférence à l'égard des souffrances des musulmans.

« Nous ne cesserons jamais d'appuyer les principes conformes à nos idéaux et rejetterons toujours la notion selon laquelle ces principes ne sont que des concepts occidentaux incompatibles avec le monde arabo-musulman. Le danger n'est pas une Amérique impatiente de s'ingérer dans les affaires des autres, mais une Amérique qui, après une décennie de guerre, préoccupée, à juste titre, par ses propres problèmes, consciente de l'hostilité née de son engagement dans la région, se désengage, créant ainsi le vide dans un leadership qu'aucune autre nation ne veut assumer. »

Les États-Unis, a tranché le Président, sont prêts à recourir à tous les moyens en leur possession, « y compris la force militaire », pour protéger leurs intérêts au Moyen-Orient. Mais, a-t-il cependant reconnu, une action unilatérale ne saurait suffire à la poursuite de tels objectifs. Les États-Unis, a-t-il affirmé, veulent mettre l'accent diplomatique sur deux dossiers essentiels au Moyen-Orient : le nucléaire iranien et le conflit arabo-israélien.

Quant à l'Égypte, où le gouvernement provisoire « a pris des décisions pas tout à fait conformes à une démocratie inclusive », M. Obama a assuré avoir refusé de prendre parti pour les Frères musulmans ou l'armée pendant les manifestations qui ont abouti à la destitution du Président Morsi. L'appui américain à ce pays dépendra avant tout des progrès qu'il fera sur une voie plus démocratique, a-t-il promis en conclusion.