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Syrie : opposé à une offensive militaire étrangère, Brahimi réaffirme son soutien à la solution politique

Le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour le conflit en Syrie, Lakhdar Brahimi, en conférence de presse à Genève.
ONU/Jean-Marc Ferré
Le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour le conflit en Syrie, Lakhdar Brahimi, en conférence de presse à Genève.

Syrie : opposé à une offensive militaire étrangère, Brahimi réaffirme son soutien à la solution politique

Le Représentant spécial conjoint des Nations Unies et de la Ligue des États arabes pour le conflit en Syrie, Lakhdar Brahimi, a indiqué mercredi qu'il semblerait avéré qu'une « certaine substance » chimique a été utilisée lors de l'incident meurtrier de la semaine dernière au cours duquel plus de 1.000 personnes auraient trouvé la mort dans une banlieue de Damas. Il a cependant souligné que des frappes militaires éventuelles contre le régime syrien devaient recevoir l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU.

L'incident du 21 août dans la banlieue de Ghouta a été qualifié par M. Brahimi de « scandaleux et inacceptable ». Une équipe d'inspecteurs des Nations Unies est actuellement déployée dans le pays pour faire la lumière sur les circonstances exactes dans lesquelles s'est produit l'incident.

« Ceci confirme la dangerosité de la situation en Syrie et l'importance de mobiliser une réelle volonté politique au sein de la communauté internationale et parmi les Syriens, afin de trouver une solution politique au conflit », a plaidé M. Brahimi lors d'une conférence de presse à Genève.

Répondant à un journaliste qui l'interrogeait une éventuelle intervention militaire étrangère en réaction aux allégations d'utilisation d'armes chimiques, le Représentant spécial conjoint a souligné que « le droit international est très clair à ce sujet. Toute action militaire doit avoir l'aval préalable du Conseil de sécurité ».

« Le Président Obama et le gouvernement des États-Unis ne sont pas connus pour avoir la gâchette facile. Je ne sais pas ce qu'ils décideront de faire, mais le droit international est clair, le Conseil de sécurité doit donner son feu vert », a-t-il indiqué, faisant allusion à des informations dans la presse, selon lesquelles le gouvernement britannique aurait affirmé être prêt à passer à l'offensive à partir de jeudi.

M. Brahimi a indiqué que, selon toute vraisemblance, « une certaine substance » a été utilisée, réitérant l'appel du Secrétaire général Ban Ki-moon, qui souhaite que l'on laisse aux inspecteurs de l'ONU le temps de conclure leur enquête.

« Les inspecteurs ont déjà passé une journée sur les lieux de l'utilisation présumée de cette substance, quelle qu'elle soit », a-t-il précisé. « Ils ont pu prélever de nombreux échantillons, s'entretenir avec des médecins et entendre des témoins. À l'heure actuelle, ils sont sur un autre site et nous attendons leur rapport ».

M. Brahimi a réaffirmé son opposition à une action militaire en ajoutant que la guerre entre les forces gouvernementales et les groupes de l'opposition avait déjà fait plus de 100.000 morts et provoqué le déplacement de millions d'autres.

Selon le Représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des États arabes, l'incident du 21 août souligne d'autant plus la nécessité de créer les conditions propices au succès de la Conférence de Genève II, dont la date n'a toujours pas été fixée.

L'objectif de cette conférence serait de parvenir à une solution politique au conflit en Syrie grâce un accord entre le gouvernement et les groupes d'opposition pour la mise en œuvre intégrale du Communiqué de Genève du 30 juin 2012.

« J'ai parlé avec les Américains et les Russes, qui me disent être toujours intéressés par l'organisation de la conférence de Genève II », a déclaré M. Brahimi. « Ils sont conscients des conséquences de l'incident du 21 août sur notre façon de procéder et sur les moyens de parvenir à organiser la conférence ».

« La Syrie est sans doute la crise la plus grave actuellement pour la communauté internationale », a signalé M. Brahimi. « 100.000 personnes ont été tuées, nombre d'entre elles par le régime. Donc, à mon avis, la communauté internationale a peur d'être critiquée pour ne pas en avoir fait assez avant le 21 août ».