L'actualité mondiale Un regard humain

L'ONU préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en République centrafricaine

La Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos, en République centrafricaine en juillet 2013.
OCHA/C. Illemassene
La Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos, en République centrafricaine en juillet 2013.

L'ONU préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en République centrafricaine

Lors d'une réunion mercredi au Conseil de sécurité, la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a exprimé sa vive préoccupation face à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en République centrafricaine.

« La République centrafricaine n'est pas encore un État en faillite, mais elle risque de le devenir si des mesures ne sont pas prises rapidement », a déclaré Mme Amos alors qu'elle présentait son rapport au Conseil.

Elle a indiqué que, au cours des derniers mois, la situation humanitaire en RCA s'est détériorée de façon « spectaculaire » et la situation dans le pays est passée d'une crise de long terme de pauvreté et de vulnérabilité chronique à une situation d'urgence complexe, caractérisé par la violence, des besoins importants et de graves problèmes de protection.

« Si la situation n'est pas correctement gérée, la crise menace de s'étendre au-delà des frontières de la République centrafricaine et de déstabiliser davantage une région déjà confrontée à d'importants défis », a averti Mme Amos.

La République centrafricaine, qui a été marquée par des décennies d'instabilité et de combats, a connu une reprise des violences en décembre dernier, lorsque la coalition rebelle Séléka a lancé une série d'attaques. Un accord de paix a été conclu en janvier, mais les rebelles se sont de nouveau emparés de la capitale Bangui en mars, et forçés le Président François Bozizé à prendre la fuite.

Les récents combats ont affaibli davantage les services les plus élémentaires dans le pays et aggravé la situation humanitaire déjà désastreuse. Selon Mme Amos, la crise humanitaire affecte l'ensemble de la population, soit 4,6 millions de personnes, dont la moitié sont des enfants. Actuellement, 1,6 millions de personnes ont urgemment besoin d'assistance, notamment une aide alimentaire, la protection, accès aux soins de santé, à l'eau potable, à l'assainissement et au logement.

La Secrétaire générale adjointe a indiqué que plus de 206.000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du et près de 60.000 ont trouvé refuge dans les pays voisins, dont les deux tiers en République démocratique du Congo. En outre, plus de 650.000 enfants ne peuvent aller à l'école en raison de l'occupation des écoles par des groupes armés. Près de 484.000 personnes sont actuellement en situation d'insécurité alimentaire sévère et des milliers d'enfants souffrent de malnutrition aiguë.

De son côté, le Sous-Secrétaire général aux droits de l'homme, Ivan Simonovic, qui a également visité le pays récemment, a constaté que le conflit a été marqué par un niveau de violence « précédent », de pillages et de destructions. Une priorité essentielle est d'assurer rapidement la sécurité et de protéger la population contre de nouvelles violations des droits de l'homme.

M. Simonovic a également évoqué la nécessité de renforcer la composante des droits de l'homme du Bureau intégré des Nations Unies en République centrafricaine (BINUCA), soulignant que le bureau ne dispose pas actuellement d'une capacité suffisante pour contrôler, vérifier et rapporter les violations des droits de l'homme dans le pays.

En juillet, l'Union africaine a établi une Mission de consolidation de la paix en République centrafricaine de 3600 hommes (AFISM-CAR), mandatée à protéger les civils et à rétablir la sécurité, l'ordre public, et l'autorité de l'Etat, et de créer les conditions favorables pour la livraison de l'aide humanitaire.

Le Représentant spécial du Secrétaire général en République Centrafricaine et Chef de la BINUCA, le général Babacar Gaye, a indiqué que malgré « l'absence totale » de l'état de droit au niveau national, la situation sécuritaire s'est légèrement améliorée à Bangui. Toutefois, les pillages, les enlèvements, les actes de torture et les massacres se poursuivent.

« Dans l'absence de chaîne de commandement, le pays risque de sombrer dans l'anarchie et le chaos », a déclaré M. Gaye. « Certains policiers se rendent au travail, mais ne sont pas équipés pour exercer leurs fonctions en sécurité et de façon efficace. En outre, ils ne font pas confiance à leurs homologues de la Séléka ».

Bien que la situation générale en République centrafricaine reste « très volatile et imprévisible », il y a, selon M. Gaye, certains progrès sur le plan politique. La plupart des institutions et des mécanismes transitoires ont été mis en place, et l'ancien Ministre de la défense, Michel Djotodia sera assermenté le 18 Août en tant que chef de l'Etat de la transition, qui devrait durer de 18 à 24 mois.

Cependant, les tensions persistent entre M. Djotodia, le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président du Conseil national de transition (CNT), a souligné M. Gaye. « Par conséquent, les réalisations politiques demeurent fragiles, et la feuille de route pour les élections reste à établir ».