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La FAO et l'OIT demandent de protéger les enfants travaillant dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture

Photo: ONU/Martine Perret
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La FAO et l'OIT demandent de protéger les enfants travaillant dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation internationale du travail (OIT) ont exhorté jeudi les Gouvernements à prendre les mesures nécessaires pour protéger les enfants des travaux dangereux dans le secteur de la pêche artisanale et de l'aquaculture.

Selon un rapport publié conjointement par les deux agences onusiennes, si la quasi-totalité des pays ont signé des conventions internationales de protection des enfants, beaucoup d'entre eux n'ont pas traduit ces accords dans leur législation nationale.

Ainsi, de nombreux enfants travaillant dans ce secteur sont exposés à des conditions de travail difficiles et dangereuses, comme la plongée à des profondeurs excessives et souvent de nuit, des longues heures de travail dans des usines de transformation insalubres, au risque de contracter des infections, ou la manipulation de produits chimiques toxiques et de matériel ou d'appareils dangereux. Les filles astreintes au travail dans les hangars de transformation du poisson risquent également d'être victimes de violence sexuelle.

« Ce type de travail est intolérable », a déclaré le Sous-directeur général de la FAO chargé des pêches et de l'aquaculture, Árni M. Mathiesen, dans un communiqué de presse. « Il compromet la santé des enfants et leurs capacités d'apprentissage, et les empêche souvent d'aller à l'école ».

« Tous les travaux qui nuisent au développement physique, mental, psychologique, social et éducatif des enfants sont inacceptables et constituent des violations des conventions internationales », a souligné la Directrice du Programme international de l'OIT pour l'abolition du travail des enfants, Constance Thomas. « Nous devons veiller à la mise en application des accords visant à combattre le travail des enfants ».

La FAO et l'OIT estiment que près de 130 millions d'enfants dans le monde travaillent dans l'agriculture, l'élevage et les pêches, ce qui représente 60% du travail des enfants. Il n'existe pas de données illustrant le nombre d'enfants au travail dans les pêches et l'aquaculture, mais des études de cas montrent que le problème est particulièrement prononcé dans les petites et moyennes pêcheries et entreprises aquicoles du secteur informel et dans les activités familiales.

« Les enfants courent davantage de risques que les adultes en matière de sécurité et de santé car leur développement n'est pas encore achevé », a expliqué le Directeur de la Division de la parité, de l'équité et de l'emploi rural de la FAO, Rob Vos. « De nombreuses tâches dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture ne sont pas adaptées aux enfants. Nous devons concentrer nos efforts sur la prévention du travail des enfants. Les programmes de réduction de la pauvreté et d'amélioration des techniques et pratiques de pêche rendront inutile le travail des enfants ».

Le rapport souligne que les activités de pêche dans lesquelles sont impliqués des enfants ne sont pas toutes à bannir. Certaines peuvent même être propices à leur développement en leur permettant d'acquérir des compétences pratiques et sociales, dont l'apprentissage de la pêche et de la commercialisation.

La FAO et l'OIT exhortent les pays à veiller au respect des règlements internationaux visant à protéger les enfants travaillant dans le secteur. Il s'agit notamment des Conventions de l'OIT relatives à l'âge minimum, aux pires formes de travail des enfants et au travail dans la pêche, de la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant et du Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable.

Les deux agences insistent sur l'importance des évaluations de la sécurité et de la santé au travail (OSH) dans l'estimation des dangers et risques spécifiques aux enfants. Il est en outre essentiel de collaborer avec les communautés de pêcheurs pour garantir que les enfants reçoivent des soins et une instruction adéquats, et ne soient pas impliqués dans des activités dangereuses.