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Appel humanitaire pour la Syrie : la cible initiale de 1,5 milliard de dollars dépassée

Le Secrétaire général Ban Ki-moon lors de la Conférence internationale d'annonces de contributions pour l'aide humanitaire en Syrie.
ONU/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général Ban Ki-moon lors de la Conférence internationale d'annonces de contributions pour l'aide humanitaire en Syrie.

Appel humanitaire pour la Syrie : la cible initiale de 1,5 milliard de dollars dépassée

Des annonces de contributions de plus de 1,5 milliard de dollars ont été faites aujourd'hui par des pays et des organisations régionales afin de financer l'aide humanitaire aux civils touchés par le conflit en Syrie, dépassant l'objectif initial que s'étaient fixées les Nations Unies et ses partenaires.

Des annonces de contributions de plus de 1,5 milliard de dollars ont été faites aujourd'hui par des pays et des organisations régionales afin de financer l'aide humanitaire aux civils touchés par le conflit en Syrie, dépassant l'objectif initial que s'étaient fixées les Nations Unies et ses partenaires.

« Aujourd'hui, nous avons vu la solidarité mondiale en action », s'est félicité le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors de cette conférence qui se tenait à Koweït City. « Nous avons adressé un message d'espoir à des millions de Syriens touchés par cette crise terrible. »

La conférence d'aujourd'hui a pour objectif de lever 1,5 milliard de dollars en faveur des Syriens piégés par le conflit, mais aussi de ceux qui ont trouvé refuge à l'extérieur du pays. La cible initiale a donc été dépassée, bien que le montant final n'ait pas encore été calculé.

M. Ban, qui présidait cette manifestation, a souligné que l'ONU et ses partenaires humanitaires faisaient tout leur possible pour venir en aide à autant de gens que possible. Toutefois, les ressources sont limitées et davantage doit être fait pour maintenir l'assistance au cours des six prochains mois. M. Ban a indiqué que les fonds seraient utilisés pour répondre aux besoins vitaux du peuple syrien.

Plus tôt dans la journée, le Secrétaire général Ban Ki-moon avait appelé la communauté internationale à fournir des fonds pour l'aide humanitaire, tout en soulignant la nécessité d'une solution politique à la crise.

« La situation en Syrie est catastrophique et s'aggrave de jour en jour », avait déclaré M. Ban dans son allocution d'ouverture à la conférence d'annonces de contributions qui se déroule aujourd'hui à Koweït City. « Et chaque jour qui passe, les Syriens font face à un catalogue d'horreurs : une violence incessante, l'amenuisement de l'aide alimentaire et des médicaments et des violations des droits de l'homme, notamment des violences sexuelles et des arrestations et détentions arbitraires. »

Plus de 60.000 personnes, principalement des civils, ont été tuées depuis le début du soulèvement contre le régime du Président syrien Bachar Al-Assad en mars 2011. Les derniers mois ont été marqués par une escalade du conflit, qui a laissé quatre millions de personnes en besoin d'assistance humanitaire, dont deux millions de déplacés privés de services de base.

« Nous avons de votre aide de toute urgence », avait indiqué ce matin M. Ban. « Je suis parfaitement conscient des contraintes financières qui pèsent sur tous les gouvernements à l'heure actuelle, mais nous ne pouvons permettre qu'elles nous empêchent d'apporter une aide vitale aux populations en détresse. En l'absence de ressources, nous ne pouvons pas distribuer cette aide. En l'absence de ressources, plus de gens mourront. »

Parallèlement, l'aide humanitaire seule ne peut résoudre la crise, a souligné M. Ban, qui a appelé toutes les parties syriennes, en particulier le gouvernement, à mettre immédiatement fin aux violences. « L'effusion de sang et la misère ne prendront fin que lorsqu'une solution politique sera trouvée. J'appelle toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, à cesser les tueries. Au nom de l'humanité : cessez les violences. »

Egalement présente lors de la conférence, la Coordonatrice des secours d'urgence des Nations Unies, Valerie Amos, a indiqué que 519 millions de dollars sur le milliard et demi seraient utilisés pour répondre aux besoins dans dix secteurs à l'intérieur même de la Syrie avec quatre domaines prioritaires d'action : fournir des articles de première nécessité aux plus vulnérables ; prêter assistance aux personnes déplacées et à leurs communautés d'accueil ; appuyer la reconstruction d'infrastructures cruciales ; et aider les populations les plus pauvres à échapper au dénuement le plus total.

« Une tragédie humaine se déroule sous nos yeux. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour faire cesser les violences, mais pendant qu'elle se poursuit, nous devons aussi faire tout notre possible pour aider les populations touchées », a plaidé Mme Amos, qui est également la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires.

Alors qu'une opération de grande envergure est en cours dans tous les gouvernorats du pays, Mme Amos a prévenu que la détérioration des conditions sécuritaires continue d'entraver les opérations humanitaires et qu'il est toujours difficile d'accéder aux zones contrôlées par l'opposition ou à celles où se déroulent des combats.

« Nous devons bénéficier d'un meilleur accès à toutes les personnes ayant besoin d'assistance et j'appelle tous ceux qui exercent une influence sur le gouvernement syrien et l'opposition à faire ce qu'ils peuvent pour faciliter un tel accès », a-t-elle lancé. « Notre travail est seulement guidé par l'impératif humanitaire d'aider les nécessiteux. »

Mme Amos, qui se trouvait tout récemment en Syrie, a souligné la nécessité d'un financement plus large alors que les agences onusiennes ne cessent de déployer des personnels et d'acheminer des fournitures dans le pays et les pays voisins – Iraq, Jordanie, Liban et Turquie – afin d'y améliorer la réponse apportée jusqu'à présent.

« Nous faisons face à de graves pénuries qui pourraient totalement remettre en question nos opérations en Syrie », a prévenu la Secrétaire générale adjointe. « La violence actuelle a brisé les vies de millions de personnes […]. L'effondrement de l'économie, la hausse des prix des denrées alimentaires, la hausse du chômage et la destruction d'infrastructures de base exercent une pression considérable sur le secteur social et a un impact sur l'ensemble du pays. L'agriculture est en crise et les gens sont maintenant démunis et désespérés. »

En marge de la conférence, le Secrétaire général s'est entretenu avec le Roi Abdullah II, de la Jordanie, lui témoignant sa gratitude pour le soutien généreux accordé par son pays aux réfugiés syriens. M. Ban s'est également entretenu avec le Prince héritier Salman bin Hamad bin Issa Al Khalifa, du Bahreïn, dont il a salué les efforts pour promouvoir un dialogue inclusif, la bonne gouvernance, les droits humains et les réformes dans son pays, lui offrant l'assistance des Nations Unies à cet égard.