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Bosnie-Herzégovine : les violences contre les femmes, triste héritage de la guerre, conclut une experte de l'ONU

Rashida Manjoo, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes. Photo ONU/Paulo Filgueiras
Rashida Manjoo, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes. Photo ONU/Paulo Filgueiras

Bosnie-Herzégovine : les violences contre les femmes, triste héritage de la guerre, conclut une experte de l'ONU

La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les violences faites aux femmes, Rashida Manjoo, a prévenu mardi que la hausse des cas de violences domestiques en Bosnie-Herzégovine était largement liée à l'héritage de la guerre dans ce pays et que de nombreux Bosniaques souffrent de troubles de stress post-traumatique.

« Alors que le gouvernement bosnien tente d'évaluer et de traiter l'impact de la guerre sur les hommes et d'empêcher que les femmes soient victimes de violences domestiques, il ne faut pas oublier les expériences traumatisantes que les femmes ont subies pendant le conflit et leurs droits à la justice, à des réparations et à l'information quant au sort des personnes disparues », a déclaré mardi Mme Manjoo au terme d'une mission qu'elle a effectuée en Bosnie.

« Il est très important que les autorités à tous les niveaux reconnaissent l'existence de victimes civiles femmes indépendamment de leur appartenance ethnique ou religieuse et leur garantissent un accès aux services adéquats », a-t-elle ajouté dans un communiqué de presse.

La Rapporteuse spéciale a exhorté les autorités bosniennes à veiller à ce que les formes spécifiques de violence sexuelle soient pleinement prises en compte dans la mise en œuvre des initiatives visant à améliorer le fonctionnement de la justice, ainsi qu'à offrir des recours pour les victimes.

Mme Manjoo a salué le gouvernement pour avoir adopté une stratégie de justice transitionnelle, qui assure l'accès aux réparations pour toutes les victimes civiles de la guerre, y compris les victimes de violence sexuelle.

Cependant, elle a relayé « la vive crainte exprimée par des victimes de viol et de tortures en temps de guerre, alors que justice n'a toujours pas été rendue. Il est primordial d'accélérer le rythme des procédures et de parvenir à des solutions politiques au niveau de l'État ».

Selon Mme Manjoo, la justice transitionnelle devrait assurer la reconnaissance publique des victimes féminines, leur accès aux compensations, y compris pour des dégâts non matériels ainsi que leur autonomisation.

« Cela est particulièrement important à la lumière de la situation économique dans le pays et de l'impact du taux de chômage élevé. J'encourage les autorités de Bosnie à finaliser au plus vite l'adoption de ces initiatives juridiques et sociales et exhorte les autorités de la Fédération de Bosnie-Herzégovine et de la Republika Srpska à participer activement à leurs mise en œuvre », a souligné Mme Manjoo.