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La Turquie fustige l'impuissance de la communauté internationale à mettre fin à la tragédie syrienne

Le Ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.
ONU/J Carrier
Le Ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

La Turquie fustige l'impuissance de la communauté internationale à mettre fin à la tragédie syrienne

Le Ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, s'est indigné vendredi, devant l'Assemblée générale de l'ONU, de l'impuissance de la communauté internationale à faire cesser l'effusion de sang en Syrie, affirmant que son inaction devenait « un instrument entre les mains de despotes » qui détruisent leurs pays.

Rappelant que « 30.000 » personnes ont déjà été tuées en Syrie, que 300.0000 Syriens ont fui vers les pays voisins et qu'un million de personnes sont déplacées à l'intérieur des frontières syriennes, M. Davutoglu a déploré que cette tragédie semble se réduire à « des statistiques ».

« Qu'a fait la communauté internationale pour arrêter ce carnage ? » a-t-il demandé. « C'est une honte de voir que, 20 ans après, les fantômes de Srebrenica et d'Halabja continuent de nous hanter dans les rues de Syrie », s'est indigné le Ministre turc.

Il a estimé qu'il n'y avait aucune explication légitime à « l'échec du Conseil de sécurité à se faire l'écho de la communauté internationale » et que cette incapacité encourageait, par ailleurs, le régime syrien à tuer davantage. Il a également rappelé que son pays accueillait, à présent, 90.000 réfugiés syriens et que la situation en Syrie posait une véritable menace à la paix et à la sécurité de la région.

« Notre rôle est d'œuvrer pour réaliser la paix et répondre, ainsi, aux attentes de l'humanité », a ajouté M. Davutoglu. « Mais comment parler de liberté et de justice lorsque nous sommes incapables d'agir pour préserver les principes universels qui sont les fondements des Nations Unies ? Comment allons-nous maintenir la paix et la sécurité internationales si nous demeurons incapables de contraindre des régimes brutaux de respecter la primauté du droit ? », s'est-il interrogé. Il a considéré que, face à la situation que connaît « jour et nuit » la Syrie, l'incapacité de la communauté internationale devenait un instrument entre les mains de despotes qui détruisent leurs pays et leurs populations.

Le Ministre turc a également évoqué d'autres situations selon lui injustes, comme celle de la Palestine, émettant l'espoir qu'elle devienne un jour membre à part entière de l'Assemblée. Il a également plaidé pour un règlement pacifique du conflit au Nagorno-Karabakh, dans le respect de l'intégrité de l'Azerbaïdjan. En outre, il a évoqué la question de Chypre qui, depuis 50 ans, n'a pas permis d'aboutir à une solution. Les Chypriotes turcs, a-t-il dit, continuent de subir « l'isolement et un embargo injuste en raison de leur appui au règlement proposé par les Nations Unies ».

Dans ce contexte, M. Davutoglu a estimé nécessaire que les Nations Unies soient « efficaces, solides et crédibles » et qu'elles s'attaquent à « la question en souffrance », c'est-à-dire leur réforme. « Le Conseil de sécurité devrait devenir un organe plus efficace, plus fonctionnel et plus représentatif afin de répondre aux véritables besoins du monde ».

Enfin, M. Davutoglu a condamné les offenses récemment faites à l'Islam et au prophète Mahomet, les qualifiant de « provocations flagrantes visant à dénigrer les valeurs sacrées d'une confession ». Il a également estimé que l'islamophobie était devenue une nouvelle forme de racisme et que la liberté d'expression ne devrait pas être synonyme d'« anarchie » mais de « responsabilités ». Il a, par ailleurs, vigoureusement condamné l'assassinat de l'Ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens. « Toute forme de violence à l'encontre d'innocents ne pourra jamais trouver de justification », a-t-il affirmé.