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A l'ONU, le Président chypriote prie la Turquie de renoncer à la « diplomatie de la canonnière »

Le Président de Chypre, Demetris Christofias, lors du débat général de l'Assemblée générale, le 25 septembre 2012.
ONU/Rick Bajornas
Le Président de Chypre, Demetris Christofias, lors du débat général de l'Assemblée générale, le 25 septembre 2012.

A l'ONU, le Président chypriote prie la Turquie de renoncer à la « diplomatie de la canonnière »

Le Président de Chypre, Demetris Christofias, a appelé mardi les dirigeants chypriotes turcs à revenir à la table des négociations en vue de réunifier le pays, accusant la Turquie de recourir à des provocations et à une diplomatie de la canonnière.

« Notre engagement demeure inchangé. Il faut retourner à la table des négociations et reprendre les pourparlers de bonne foi », a-t-il plaidé devant l'Assemblée générale de l'ONU au premier jour de son débat général annuel.

M. Christofias a affirmé que le dirigeant chypriote turc, Dervis Eroglu, avait abandonné les négociations visant à établir une fédération bizonale et bicommunautaire et dotée d'une personnalité internationale, ainsi que d'une citoyenneté et d'une souveraineté uniques, dans cette île de la Méditerranée fréquemment secouée par des violences intercommunautaires à partir de 1964 et divisée depuis l'invasion de sa partie nord par la Turquie en 1974.

Après son élection en 2008, M. Christofias avait pris l'initiative, avec le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, de sortir de l'impasse et de lancer un nouveau processus de négociations directes avec le dirigeant de la communauté chypriote turque, Mehmet Ali Talat. Or depuis 2010, le successeur de ce dernier, M. Eroglu, a rompu les engagements pris par son prédécesseur. En mars dernier, alors que Chypre assumait la Présidence de l'Union européenne, il a quitté la table des négociations.

Le président chypriote a affirmé qu'une contribution positive de la Turquie était indispensable pour que les deux communautés de l'île puissent se réunir.

Mais « après avoir envahi Chypre en 1974, la Turquie continue depuis 38 ans d'occuper le nord de l'île, où elle conserve une importante force militaire et continue de transférer en grand nombre des colons venus de Turquie, poursuivant sa politique visant à altérer la composition ethnique du pays », a-t-il accusé.

En outre, a-t-il affirmé, la Turquie viole les droits de l'homme et les libertés fondamentales de dizaines de milliers de personnes déplacées et elle a recours à une « diplomatie de la canonnière » avec de fréquentes démonstrations de force militaire autour de l'île.

M. Christofias a par ailleurs déclaré que son pays encourageait la Tunisie, l'Égypte, le Yémen et la Lybie sur la voie de la consolidation de la démocratie et de l'état de droit. Il a condamné la violence et les massacres de civils innocents en Syrie et s'est dit prêt à contribuer aux efforts internationaux entrepris pour gérer la crise et trouver une solution politique. Il a également appelé à reprendre sans tarder les négociations de paix israélo-palestiniennes.