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Conflit israélo-palestinien : l'ONU inquiète de la viabilité même de la solution à deux états

Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen Orientn Robert Serry, au Conseil de sécurité de l'ONU.
Le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen Orientn Robert Serry, au Conseil de sécurité de l'ONU.

Conflit israélo-palestinien : l'ONU inquiète de la viabilité même de la solution à deux états

« L'insuffisance des progrès dans le domaine politique et la persistance du conflit et de l'occupation mettent à risque la viabilité même de la solution à deux États », a prévenu lundi le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient devant le Conseil de sécurité, réuni pour faire le point sur la situation dans la région, et notamment sur la question palestinienne.

Face aux difficultés budgétaires auxquelles fait face l'Autorité palestinienne, Robert Serry a exhorté les bailleurs de fonds à se mobiliser. Il a salué à cet égard l'annonce faite il y a une semaine par le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, du transfert à l'Autorité palestinienne, d'une avance de 225 millions de shekels de taxes.

Alors qu'une nouvelle date-butoir arrêtée par le Quatuor sera atteinte d'ici à la fin de l'année, M. Serry a estimé qu'il était temps pour la communauté internationale de réévaluer sérieusement son rôle dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Le Secrétaire général espère, a-t-il dit, que le Quatuor, en consultation avec les parties, sera en mesure de dessiner une nouvelle voie politique.

Il a prévenu que les deux parties souffriront des conséquences d'un échec, « si nous devions nous éloigner encore de la solution à deux États et de la paix régionale, telle qu'envisagée par les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'initiative de paix arabe ».

Alors que le 13 septembre a marqué le 19ème anniversaire de l'Accord d'Oslo, le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a récemment fait part de son intention de faire évoluer, par le biais de l'Assemblée générale, la demande d'adhésion de la Palestine auprès des Nations Unies.

« Dans une région instable, la vision d'une solution à deux États et les réalisations de l'Autorité palestinienne sont des éléments de stabilité et de progrès qui ne doivent pas être perdus, mais maintenus et mis en œuvre sans délais », a plaidé M. Serry. Pour ce faire, a-t-il ajouté, un appui sans faille de la communauté internationale à l'Autorité palestinienne est nécessaire, de même que des efforts collectifs intensifiés pour régler les difficultés fiscales qui se posent à elles et préserver les acquis institutionnels, notamment de la part d'Israël, qui porte une responsabilité particulière à cet égard.

Au-delà de l'impasse politique, M. Serry a souligné le risque lié aux crises économiques et financières qui affectent l'Autorité palestinienne en rappelant que, depuis le 4 septembre, des milliers de Palestiniens sont descendus dans la rue en Cisjordanie pour manifester contre la hausse de la TVA, l'augmentation du prix de l'essence et des matières premières et le report du paiement des salaires des fonctionnaires pour le mois d'août.

Alors que le Gouvernement israélien a annoncé la confiscation de terres près de Naplouse, l'ONU rappelle que la construction de colonies de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, est contraire au droit international, a poursuivi M. Serry, qui a fait état de 35 incidents impliquant des violences de colons à l'encontre de Palestiniens. Un chauffeur palestinien a également tué un gardien de sécurité israélien suite à un différend routier près de la barrière et de la colonie d'Oranit.

Par ailleurs, il a cité la publication, le 27 août 2012, d'un rapport intitulé « Gaza 2020 » qui met en évidence les difficultés qui se posent concernant la satisfaction des besoins en eau potable, en électricité, en soins de santé et en matière d'éducation d'une population gazaouite qui atteindra 2,1 millions d'habitants en 2020. Ce rapport estime qu'il pourrait ne plus y avoir d'eau potable à Gaza en 2016.

Rappelant que l'unité politique palestinienne est indispensable à l'avènement d'une solution à deux États, le Coordonateur spécial a regretté les obstacles à la réconciliation palestinienne. Alors que le Président Abbas juge la tenue d'élections générales comme la clef de la réconciliation, le Hamas considère qu'aucune élection ne devrait être tenue avant la réconciliation. Dans ce contexte, M. Serry a salué les efforts de facilitation égyptiens pour ramener les factions palestiniennes à la table des négociations.