L'actualité mondiale Un regard humain

Mali: Ban demande au Conseil de sécurité d'imposer des sanctions aux responsables de l'instabilité

Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon (au centre) au Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon (au centre) au Conseil de sécurité. Photo ONU/Eskinder Debebe

Mali: Ban demande au Conseil de sécurité d'imposer des sanctions aux responsables de l'instabilité

Préoccupé par la crise au Mali, le Secrétaire général a encouragé mardi le Conseil de sécurité à lancer une action contre les responsables de l'instabilité.

Préoccupé par l'aggravation de la crise au Mali, le Secrétaire général de l'ONU a encouragé mardi le Conseil de sécurité à envisager d'entreprendre une action contre les responsables de l'instabilité à laquelle est en proie ce pays d'Afrique de l'Ouest.

« J'encourage le Conseil de sécurité à envisager d'imposer des sanctions financières et des interdictions de voyager aux individus et groupes qui sont engagés dans des activités extrémistes ou criminelles au Mali », a déclaré Ban Ki-moon.

En janvier dernier, des combats entre les forces gouvernementales et les rebelles touaregs avaient repris dans le nord du pays. L'instabilité et l'insécurité qui en ont résulté, ainsi que la prolifération des groupes armés dans la région au lendemain d'un coup d'état en mars, ont conduit plus de 250.000 Maliens à se réfugier dans les pays voisins. Le nombre de déplacés internes est estimé à 174.000.

« Depuis le début de la crise, nous avons vu la situation prendre un tour de plus en plus alarmant », a souligné M. Ban, en constatant les souffrances occasionnées au peuple malien, ainsi que les menaces pesant sur la sécurité et la paix internationales. Il a également fait part de son extrême préoccupation devant les informations selon lesquelles des groupes armés auraient commis de graves violations des droits de l'homme, en particulier des exécutions sommaires, des viols et des actes de torture. »

Compte-tenu de la dimension complexe et multidimensionnelle de la crise, le Secrétaire général a préconisé une approche holistique et complète pour la résoudre, recommandant notamment au gouvernement malien d'élaborer une stratégie politique globale visant à répondre aux difficultés politiques, économiques et sociales qui se posent dans le pays.

Il a également engagé les Maliens à prendre les choses en main et à faire preuve de détermination, en s'appuyant sur l'aide de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de l'Union africaine, de l'Union européenne, ainsi que des pays de la région et des partenaires. « Avec la création de la Commission nationale de négociation », a espéré le Secrétaire général, « un processus de dialogue organisé par les Maliens eux-mêmes devrait commencer sous peu », s'est-il félicité.

Quant aux Nations Unies, elles continueront à jouer leur rôle, a-t-il assuré, rappelant les efforts déployés par son Représentant spécial pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, qui est en contact étroit avec l'équipe de médiation. En outre, au Siège de l'ONU, le Département des affaires politiques consulte les représentants permanents des pays de la CEDEAO, des pays de la région et d'autres partenaires, a-t-il précisé.

Dans une résolution adoptée à l'unanimité début juin, sous l'empire du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité avait condamné la prise du pouvoir par la force au Mali et demandé la cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités par les groupes rebelles dans le nord du pays.

Le Conseil avait pris note de la demande que lui avaient adressée la CEDEAO et l'Union africaine afin qu'il autorise le déploiement d'une force de stabilisation de la CEDEAO pour accompagner le processus politique au Mali et aider à préserver l'intégrité territoriale du pays et contribuer à lutter contre le terrorisme.

Le groupe Ansar Dine et le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) ont pris le contrôle du nord du Mali après avoir repoussé le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).

Les membres du Conseil s'étaient déclarés prêts à examiner plus avant la demande soumise par la CEDEAO « dés qu'il aura obtenu davantage de précisions sur les objectifs, les moyens et les modalités du déploiement envisagé ». Pour le moment, la CEDEAO n'a pas encore fourni de rapport.

À Bamako, des progrès limités ont été enregistrés pour rétablir l'ordre constitutionnel, a relevé M. Ban, notant que les forces politiques et sociales restaient divisées sur le processus de transition et l'avenir du pays. La junte militaire, qui a gardé la main mise sur ce processus, continue de contrôler les forces de sécurité et de défense et de réprimer violemment les soldats soupçonnés d'avoir soutenu la tentative de coup d'État du 30 avril.

Plaidant en faveur d'un Gouvernement malien plus inclusif, les chefs d'État de la CEDEAO ont désigné un médiateur chargé d'engager de toute urgence des consultations avec les principaux acteurs. Ils ont aussi décidé d'envoyer une mission d'évaluation technique à Bamako pour préparer le déploiement d'une force régionale.

Se félicitant du retour du Président Dioncounda Traoré à Bamako, le Secrétaire général a soutenu que cela confortait la légitimité du processus de transition. Il l'a félicité des mesures prises en vue de former un gouvernement d'unité nationale, ainsi que de l'annonce de la création d'un comité national de transition, d'un comité national de dialogue et d'un haut conseil d'État.