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Côte d'Ivoire : le HCDH demande une enquête après l'attaque d'un camp de déplacés

Des enfants sur un site pour familles déplacées à Guiglo, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Des enfants sur un site pour familles déplacées à Guiglo, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.

Côte d'Ivoire : le HCDH demande une enquête après l'attaque d'un camp de déplacés

Le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a condamné mardi l'attaque lancée vendredi dernier contre un camp de personnes déplacées à proximité de la ville de Duékoué, en Côte d'Ivoire, et qui a fait au moins sept morts et 67 blessés.

« L'attaque était clairement motivée par des considérations ethniques, ce qui souligne le besoin urgent de combattre l'impunité pour les violations passées en Côte d'Ivoire », a estimé le porte-parole du HCDH, Rupert Colville lors d'un point presse à Genève.

Selon le HCDH, l'attaque contre le camp de déplacés de Nahibly aurait visé des membres de la communauté Guere accusés par celle des Dioula d'avoir commis un vol à main armé plus tôt dans la journée de vendredi, attaque au cours de laquelle cinq personnes ont été tuées.

« À l'apogée de la crise postélectorale en mars 2011, deux massacres ont eu lieu dans la région de Duékoué-Guiglo. L'un aurait fait près de 100 victimes chez les Dioula, l'autre 244 chez les Guere, principalement des hommes, retrouvés morts après la prise de Duékoué, le 28 mars 2011, par les Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) », a rappelé M. Colville.

Plus d'un an après les évènements de mars 2011, peu de progrès ont été enregistrés sur les plans judiciaire et de la reddition de comptes. Si plus de 176 membres du camp pro-Gbagbo, partisans du Président déchu, ont été inculpés, il n'y aurait eu, selon le HCDH, aucune arrestation de partisans de l'actuel Président, Alassane Ouattara, en relation avec les crimes perpétrés.

« La Haut Commissaire Navi Pillay a souligné l'importance de combattre l'impunité et nous encourageons le gouvernement à lancer des poursuites contre les auteurs d'actes criminels des deux camps, dans le cadre d'un processus judiciaire équitable et impartial. Il ne peut y avoir de réconciliation sans justice, sous peine de voir resurgir le ressentiment et provoquer des incidents violents comme celui de vendredi dernier », a déclaré M. Colville.

La Commission ivoirienne dialogue, vérité et réconciliation devrait organiser, en septembre prochain, des consultations avec le soutien de spécialistes des droits de l'homme sur le terrain. C'est une initiative importante, mais le HCDH a également rappelé qu'elle ne remplacerait pas des poursuites pénales contre les auteurs de violations.

« Nous saluons la condamnation sans équivoques des crimes de Duékoué par le Président Ouattara et l'exhortons à veiller à l'impartialité et à l'indépendance des enquêtes et à ce que les responsables soient traduits en justice », a conclu M. Colville.