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Cameroun: les petites exploitations plus efficaces pour combattre l'insécurité alimentaire

Cameroun: les petites exploitations plus efficaces pour combattre l'insécurité alimentaire

Olivier de Schutter.
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter, a attiré lundi l'attention sur la persistance de l'insécurité alimentaire au Cameroun, malgré les mesures prises à la sortie de la crise de 2008 et la hausse des revenus liés à l'importante exploitation de ressources naturelles.

« La volonté politique ne manque pas au Cameroun. Mais il n'est pas certain que la stratégie poursuivie soit celle qui soit la plus proche des intérêts des populations vulnérables en matière d'accès à l'alimentation », a déclaré M. De Schutter lors d'une conférence de presse clôturant sa mission officielle au Cameroun débutée le 16 juillet.

« Le Cameroun subit ce que j'appelle la dictature de l'urgence : face à la colère de la population, descendue dans les rues en 2008 pour lutter contre les hausses des prix alimentaires, une stratégie basée sur des solutions rapides a été initiée. Le Cameroun a en fait amplifié ce qu'il connaissait déjà : réduire les taxes à l'importation sur quelques denrées de base et développer des méga-plantations, sans que ceci contribue au développement rural et à réduire la pauvreté des petits agriculteurs et éleveurs », a estimé M. De Schutter.

L'expert indépendant de l'ONU a rappelé que 33% des enfants souffrent de malnutrition chronique au Cameroun. La majorité d'entre eux sont issus de familles de petits paysans, d'éleveurs, de pêcheurs. Cependant, les efforts nationaux sont essentiellement orientés pour développer des grandes plantations, qui créent en majorité des emplois pour travailleurs migrants acceptant des conditions de travail minimales, et en nombre bien plus réduit que ce que l'agriculture paysanne peut produire avec un soutien adéquat.

Le Rapporteur spécial des Nations Unies a salué le mécanisme de redistribution aux populations locales des redevances issues de l'exploitation forestière, qui est en cours d'amélioration pour maximiser son impact sur le développement. « C'est un exemple concret, même imparfait, de l'obligation des pays à agir au maximum de leurs ressources disponibles en vue d'assurer progressivement le plein exercice des droits de l'homme, notamment le droit à l'alimentation ».

M. De Schutter a cependant appelé à garantir une réelle participation des communautés locales aux processus de prise de décisions, y compris les peuples autochtones et les femmes, ainsi que des mécanismes de sanction et de recours permettant d'améliorer la transparence dans l'utilisation des revenus. «Sans une meilleure reddition des comptes, il ne pourra être garanti que les revenus seront utilisés pour le bien des populations concernées, comme l'exige le droit au développement».