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ONU : la crise de la dette dans la zone euro, « plus grave menace pour l'économie mondiale »

Drapeau de l'Union européenne.
S. Solberg J.
Drapeau de l'Union européenne.

ONU : la crise de la dette dans la zone euro, « plus grave menace pour l'économie mondiale »

La crise de la dette dans la zone euro demeure la plus grave menace pour l'économie mondiale, ont mis en garde jeudi les Nations Unies dans le rapport sur les « situations et perspectives de l'économie mondiale 2012 » (WESP 2012).

Une escalade de la crise pourrait entraîner de graves remous sur les marchés financiers et une forte poussée de l'aversion pour le risque, ce qui conduirait à un nouvel affaiblissement de la croissance mondiale, conclut les auteurs, des experts du Département des affaires économiques et sociales (DEAS), de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) et des cinq commissions régionales des Nations Unies.

À la suite d'un ralentissement marqué en 2011, la croissance économique mondiale restera probablement faible en 2012, la plupart des régions progressant à un rythme inférieur à leur potentiel. Le produit mondial brut (PMB) devrait connaître une croissance de 2,5% en 2012 et de 3,1% en 2013, après avoir atteint 2,7% en 2011.

« Ces projections de croissance économique représentent une révision légèrement à la baisse de celles présentées en janvier dans le précédent rapport », ont indiqué les auteurs, qui identifient quatre faiblesses principales qui continuent de faire obstacle à une reprise économique forte.

Tout d'abord, le processus de désendettement entrepris par les banques, les entreprises et les ménages, continue d'affaiblir les flux de crédit, ainsi que la demande de consommation et d'investissement. Ensuite, à la fois cause et conséquence de l'absence de reprise économique, le taux de chômage demeure élevé.

Par ailleurs, « les mesures d'austérité budgétaire prises pour tenter d'enrayer la hausse des dettes publiques, non seulement affaiblissent la croissance économique, mais compliquent encore davantage les efforts pour réduire la dette », préviennent les experts. Enfin, la vulnérabilité des banques aux dettes souveraines, combinée à la faiblesse de l'économie mondiale, perpétue la fragilité du secteur financier, renforçant ainsi la marche forcée vers le désendettement.

La croissance du commerce mondial ralentira encore en 2012, pour atteindre 4,1%, contre 13,1% en 2010 et 6,6% en 2011, prévoit le rapport. Dans le contexte d'une demande extérieure qui faiblit et d'une incertitude croissante à l'échelle mondiale, les pays en développement et les économies en transition devraient connaître un ralentissement sensible de leur croissance, respectivement à 5,3% et 4,0%, en 2012. La croissance économique moyenne de ces pays devrait ensuite se redresser légèrement, à condition que les risques mentionnés ne se réalisent pas.

Etant donné les « sombres perspectives » de l'économie mondiale, les auteurs du rapport estiment que les efforts destinés à restaurer la viabilité de la dette par l'austérité budgétaire sont « contreproductifs ». Des efforts mieux coordonnés et plus cohérents en matière de politique économique sont nécessaires pour sortir du cercle vicieux du désendettement continu, de la hausse du chômage, de l'austérité budgétaire et de la fragilité du secteur financier.

Sur le plan fiscal, le rapport affirme que « les politiques menées actuellement dans les pays développés, en particulier en Europe, ne vont pas dans la bonne direction », enfonçant les économies plus profondément dans la crise et accroissant les risques d'une nouvelle récession mondiale.

« Les programmes drastiques d'austérité budgétaire adoptés dans de nombreux pays européens, combinés à des politiques de légère contraction dans d'autres, comme l'Allemagne et la France, renforcent le risque de créer une spirale de récession au coût économique et social énorme. »

Il est donc essentiel de changer de cap en matière de politique fiscale et de cesser de mettre l'accent sur la consolidation à court terme. La réorientation des politiques budgétaires devrait, selon les auteurs du rapport, être coordonnée internationalement et alignée avec des politiques structurelles qui encouragent la création directe d'emplois et une croissance respectueuse de l'environnement.

Ils recommandent enfin que les politiques monétaires soient mieux coordonnées à l'échelle internationale et les réformes des secteurs financiers accélérées afin de réduire la volatilité des taux de change et des flux de capitaux, qui représentent une menace pour les perspectives économiques des pays en développement.