L'actualité mondiale Un regard humain

Syrie : les tueries de Houlah pourraient constituer des crimes contre l'humanité, selon Navi Pillay

La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
La Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Photo ONU/Jean-Marc Ferré

Syrie : les tueries de Houlah pourraient constituer des crimes contre l'humanité, selon Navi Pillay

La Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a déclaré dimanche que les meurtres « systématiques et peut-être délibérés » des habitants de Houlah, près de Homs en Syrie, pourraient constituer des crimes contre l'humanité.

Mme Pillay s'est déclaré « horrifiée » par le nombre de victimes et de blessés faits dans les trois villages du district de Houlah, vendredi et samedi dernier : « Une fois de plus, j'exhorte le Gouvernement syrien à mettre fin à l'usage disproportionné de la force à l'encontre des civils », a-t-elle lancé.

« Jusqu'à présent, les Nations Unies ont établi que 90 personnes au moins, dont 34 enfants âgés de moins de 10 ans, auraient été tués, tandis que d'autres informations qui restent à vérifier évoquent un bilan beaucoup plus lourd », a déploré la Haut Commissaire.

Ces atrocités pourraient selon elle constituer des crimes contre l'humanité ou relever d'autres formes de crimes graves ou de violations du droit international. Les observateurs de la Mission de supervision des Nations Unies en Syrie (MISNUS) ont établi de leur côté que 108 personnes au moins avaient été tuées au cours des attaques.

« Une enquête sans entraves devrait être immédiatement ouverte par un organe international indépendant et impartial », a estimé Mme Pillay, soulignant la responsabilité juridique et morale du Gouvernement syrien de coopérer pleinement avec une telle enquête et de prendre des mesures concrètes pour empêcher que de tels actes se reproduisent.

Le district de Houlah comprend les villages de Taldaou, Kafr Laha et Tal Addahab. Il semblerait que l'armée syrienne ait maintenu ses forces dans le secteur depuis plusieurs mois.

Les informations préliminaires indiquent que les premiers échanges de tirs entre individus armés et militaires syriens ont débuté vendredi 25 mai vers 12 heures 30, peu après une manifestation de résidents du secteur. L'armée aurait alors effectué des tirs à l'arme lourde qui se seraient poursuivis jusqu'à samedi, 2 heures du matin.

Des informations qui n'ont pas pu être vérifiées indiquent que les groupes paramilitaires pro-gouvernementaux « chabiba » sont également entrés dans les villages pour y tuer des dizaines de personnes et y causer de nombreux dégâts. « Malheureusement, ces allégations sont cohérentes avec d'autres incidents déjà documentés par mon Bureau, la Commission internationale d'enquête sur la Syrie et d'autres organisations des droits de l'homme », a précisé Mme Pillay.

Les nombreux attentats que la Syrie a endurés au cours des derniers mois ne peuvent être considérés que comme des actes terroristes, a assuré la Haut Commissaire. « Je condamne de tels actes, qui ont également fait des victimes, mais j'aimerai rappeler au président Al-Assad que le droit de se défendre contre le terrorisme ne justifie en aucun cas les violences et les tueries que les forces gouvernementales et leurs alliés ont perpétrées à Houlah », a-t-elle ajouté.

Mme Pillay a demandé que les commanditaires de ces attaques, les personnes qui en ont facilité l'exécution ou ont échoué à les empêcher d'êtres commises, soient tenus pour pénalement responsables de leurs actes. Elle a de nouveau exhorté le Conseil de sécurité à envisager le renvoi de la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale (CPI).