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L'ONU liste les pires auteurs de violences sexuelles dans les conflits

La Représentante spéciale sur la violence sexuelle dans les conflits, Margot Wallström. Photo ONU/JC McIlwaine
La Représentante spéciale sur la violence sexuelle dans les conflits, Margot Wallström. Photo ONU/JC McIlwaine

L'ONU liste les pires auteurs de violences sexuelles dans les conflits

Un rapport de l'ONU sur les violences sexuelles dans les conflits nomme pour la première fois les noms de plusieurs groupes armés soupçonnés d'être parmi les pires auteurs de ce type de violences à travers le monde.

Le rapport annuel des Nations Unies sur les violences sexuelles dans les conflits nomme pour la première fois les noms de plusieurs groupes armés soupçonnés d'être parmi les pires auteurs de ce type de violences à travers le monde.

Le rapport cite ainsi l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) en République centrafricaine et au Soudan du Sud, des milices armées et d'anciennes forces armées en Côte d'Ivoire, et les forces armées de la République démocratique du Congo (RDC).

Ce rapport a été présenté au Conseil de sécurité par la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies sur la violence sexuelle dans les conflits, Margot Wallström.

Le document peut être utile à plus d'un titre, selon Mme Wallström. C'est un instrument pour les décideurs politiques dans les pays en question pour identifier ceux qui se servent des violences sexuelles comme une arme. Le rapport permet aussi de comprendre comment ces crimes sont utilisés à des fins stratégiques ou politiques, a-t-elle expliqué.

Le rapport documente les cas répertoriés et sert donc de preuve, ce qui pourrait être utile pour poursuivre les auteurs en justice. Finalement ce rapport est un document historique qui empêche la négation ou l'oubli de ces crimes.

« En tant que processus d'intimidation, les viols ciblés sont souvent un précurseur au conflit, et c'est souvent la dernière arme à laquelle renoncent les combattants », a souligné Mme Wallström en précisant que souvent la violence sexuelle continue après la fin des combats.

« L'histoire montre que 'après la guerre' n'est pas synonyme avec 'après les viols'. Au Libéria, j'ai vu comment la violence sexuelle commise pendant la guerre civile a laissé des cicatrices profondes sur la société », a dit la Représentante spéciale en rappelant que « la paix n'est pas simplement l'absence de conflit, mais l'existence de justice ».

La violence sexuelle a souvent été utilisée comme moyen de pression ou de répression politique, comme ce qui s'est passé en Libye, en Egypte et actuellement en Syrie. Les viols ont également eu une fonction d'intimidation dans un contexte pré-électoral. C'était le cas au Kenya, en Guinée ou encore en Côte d'Ivoire.

« A cause de la honte et de la stigmatisation des victimes, la plupart des survivants pensent avoir plus à perdre qu'à gagner en déclarant les crimes qu'ils ont vécus. Une collecte de données plus performante est donc liée à un soutien plus fort aux victimes. Notre premier souci doit toujours être les besoins des victimes et non pas le nombre de victimes. La collecte de données n'est pas un objectif en soi, mais une base pour agir », a indiqué Mme Wallström.

Si la violence sexuelle affecte de façon disproportionnée les filles et les femmes, il y a également des garçons et des hommes parmi les victimes et il faut donc adopter une approche sensible au genre et planifier des interventions basées sur les communautés.

« Je rappelle que ce Conseil a déjà changé sa perception des viols. La Convention de la Haye de 1907 considérait les viols en temps de guerre comme un crime contre 'l'honneur familial'. Aujourd'hui la violence sexuelle est perçue comme une véritable menace contre la sécurité. Cela a donné de la crédibilité aux victimes et au final, c'est pour ce genre de transformation des mentalités que nous travaillons », a dit Mme Wallström.