Venezuela : des experts de l'ONU alarmés par le maintien en détention d'une juge
« Nous sommes très préoccupés par la prolongation de la mesure de détention préventive émise à l'encontre de la juge Afiuni Mora », déclarent les experts dans un communiqué conjoint. Le 13 décembre 2011, un juge a accepté la demande du procureur de prolonger la mesure d'assignation à résidence contre la juge Afiuni pendant deux années supplémentaires.
« Honnêtement, il devient de plus en plus difficile de comprendre ce que subit la juge Afiuni », a déclaré le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Méndez. « La mesure de substitution préventive d'assignation à résidence imposée il y a quelques mois semblait être une étape positive », a-t-il ajouté. « Cependant, la plus récente décision représente une aggravation inacceptable de sa situation, en particulier à la lumière de son état physique et mental délicat. »
« Il est incroyable que la détention arbitraire de la juge Afiuni continue d'être prolongée et il est impératif qu'elle soit libérée immédiatement », a déclaré de son côté El Hadji Malick Sow, Président-Rapporteur du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, qui a publié un avis en 2010 déclarant que la détention de la juge Afiuni Mora était arbitraire.
« En outre, on ne voit pas très bien quels sont, dans cette affaire, les 'motifs graves' qui, en conformité avec la loi du Venezuela, doivent être présents pour qu'une mesure de coercition personnelle de ce genre soit prolongée », a ajouté l'expert.
La juge Afiuni, qui a déjà fait l'objet de divers recours par les experts des Nations Unies, est privée de liberté depuis le 10 décembre 2009, quand elle a été détenue pour avoir ordonné la libération d'Eligio Cedeño, conformément à une décision prise par le Groupe de travail de l'ONU sur la détention arbitraire.
« Il est significatif que la décision de prolonger la détention du juge Afiuni ait été prise, en l'absence des parties, par un juge qui a été contesté par la juge Afiuni et ses avocats à plusieurs reprises pour son manque présumé d'impartialité », a observé pour sa part la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur l'indépendance des juges et des avocats, Gabriela Knaul.
« Comme la détention de la juge Afiuni le montre, l'indépendance du pouvoir judiciaire est gravement compromise au Venezuela. Les acteurs du monde judiciaire craignent le même sort que la juge Afiuni s'ils osent agir contre les intérêts gouvernementaux », a conclu la Rapporteuse spéciale.