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Un Congrès de l'ONU sur la sécurité et la santé au travail s'ouvre à Istanbul

Un Congrès de l'ONU sur la sécurité et la santé au travail s'ouvre à Istanbul

Le 19e Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail.
Le plus vaste rassemblement mondial d'experts de la santé et de la sécurité au travail s'est ouvert ce lundi avec pour objectif de renforcer l'engagement mondial en faveur d'une culture de la santé et de la sécurité au travail.

Le 19e Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail – le plus vaste rassemblement mondial d'experts de la santé et de la sécurité au travail (SST) – s'est ouvert ce lundi avec pour objectif de renforcer l'engagement mondial en faveur d'une culture de la santé et de la sécurité au travail dans un climat difficile du fait des incertitudes économiques mondiales.

La réunion de cinq jours rassemble plus de 3.000 responsables politiques, experts et dirigeants professionnels et syndicaux venus d'une centaine de pays afin de débattre de thèmes tels que les approches globales et proactives de la SST; le dialogue social, les partenariats sur la SST; et les nouveaux défis d'un monde du travail en mutation et d'une reprise économique mondiale inégale, précise dans un communiqué de presse l'Organisation internationale du travail (OIT), l'un des organisateurs du Congrès.

La Conférence s'efforce de prolonger la Déclaration de Séoul sur la sécurité et la santé au travail, adoptée pendant le 18e Congrès mondial en juin 2008, juste avant qu'éclate la crise mondiale économique et de l'emploi. La Déclaration de Séoul engageait ses signataires à « prendre des initiatives afin de promouvoir une culture de prévention en faveur de la santé et de la sécurité et de donner la priorité à la SST sur les agendas nationaux ».

Elle affirmait aussi pour la première fois que le droit à un milieu de travail sûr et salubre devait être reconnu comme un droit humain fondamental.

Les participants à la Conférence discuteront des dernières « Tendances mondiales et enjeux de la santé et de la sécurité au travail » du Bureau international du travail (BIT). Le rapport montre que le nombre global de décès liés à des accidents du travail ou à des maladies professionnelles a augmenté entre 2003 et 2008. Dans le même temps, le rapport indique également qu'alors que le nombre d'accidents mortels a baissé, passant de 358.000 à 321.000, le nombre des maladies mortelles s'est accru, passant de 1,95 million à 2,02 millions pendant la même période.

Le rapport affirme que cela équivaut à une moyenne quotidienne de plus de 6.300 décès liés au travail et, avec 317 millions de travailleurs blessés dans des accidents du travail chaque année, une moyenne d'environ 850.000 lésions par jour qui se traduisent par des arrêts de travail d'au moins quatre jours.

Pourtant, les chiffres cités dans le rapport ne représentent que la partie visible de l'iceberg. Dans son message à l'occasion de la Journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, le directeur général du BIT, Juan Somavia, écrivait : « Certains évènements particulièrement dramatiques, comme l'accident nucléaire de Fukushima qui s'est produit cette année au Japon, ou celui qui est survenu l'an dernier sur le site minier de Pike River en Nouvelle-Zélande, sont fortement médiatisés. Il n'empêche que la plupart des lésions, maladies et décès d'origine professionnelle passent inaperçus. »

Selon le rapport, des progrès considérables ont été réalisés en matière de SST au cours des décennies passées. C'est le résultat d'une prise de conscience croissante dans de nombreux pays de la nécessité de prévenir les accidents et le mauvais état de santé au travail. Le lourd fardeau que représentent des conditions de travail insalubres et dangereuses pour la santé et le bien-être des hommes et des femmes est de mieux en mieux reconnu, tout comme leurs effets néfastes pour la productivité, l'emploi et l'économie dans son ensemble.

Cependant, le rapport constate aussi que «la récession économique mondiale a eu un impact considérable sur la santé et la sécurité des travailleurs et sur leurs conditions de travail. S'il est trop tôt pour dire quels seront ses effets à long terme sur la fréquence des accidents et des maladies, les faits montrent que certains des progrès récents en terme de promotion de la SST sont anéantis parce que les entreprises luttent pour préserver leur productivité ».

« L'intensité accrue du travail liée aux pressions relatives à la performance des entreprises peut conduire à consacrer moins de temps à la prévention et à des systèmes de gestion de la SST moins efficaces », indique le rapport. « Les calendriers de maintenance des usines risquent d'être allégés, augmentant les risques d'accident en raison d'une maintenance médiocre et d'un manque d'investissement dans de nouveaux équipements. Cela peut aussi vouloir dire que les travailleurs doivent continuer de travailler avec des installations, des équipements et des outils plus vétustes et dangereux ».

Le rapport note également que les facteurs psychologiques, comme le stress, le harcèlement et la violence au travail, ont un impact terrible sur la santé des travailleurs, ajoutant que « ces facteurs sont susceptibles d'être plus significatifs parce que l'emploi devient plus précaire pour certains et que les charges et les horaires de travail augmentent souvent pour ceux qui conservent leur emploi ».

Le 19e Congrès mondial, co-organisé par l'Organisation internationale du Travail (OIT) et l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS), en coopération avec le ministère turc du travail et de la sécurité sociale, doit également fixer des directives et des priorités en vue du prochain rassemblement mondial en 2014.