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Wikileaks : un expert de l'ONU demande un accès sans entraves à Manning

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan E. Méndez.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Juan E. Méndez.

Wikileaks : un expert de l'ONU demande un accès sans entraves à Manning

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Juan Mendez, a exprimé mardi son inquiétude sur les restrictions mises en place par le gouvernement des Etats-Unis concernant l'interaction avec les détenus, notamment Bradley E. Manning, un militaire américain emprisonné en mai 2010 pour avoir transmis des documents confidentiels à Wikileaks. M. Manning est en détention provisoire dans l'attente d'un procès.

« Le gouvernement des Etats-Unis m'a assuré que le régime d'emprisonnement et de confinement de M. Manning est nettement meilleur que ce qu'il était lorsqu'il était à Quantico. Cependant, en plus d'obtenir une information de première main sur les nouvelles conditions de confinement, j'ai besoin de vérifier les conditions auxquelles il a été soumis pendant plusieurs mois à Quantico », a dit M. Mendez dans un communiqué.

« Pour cela, il est impératif que je parle à M. Manning dans des conditions où je suis sûr qu'il est absolument sincère », a-t-il ajouté.

Le Département de la défense des Etats-Unis avait autorisé le Rapporteur spécial à s'entretenir avec le détenu sous surveillance. De telles conditions violent les conditions que l'ONU demande dans le monde entier s'agissant de visites des prisonniers. En dépit de cette situation, Juan Mendez avait proposé à M. Manning de s'entretenir dans de telles conditions, une offre que le détenu a déclinée.

Depuis le début de l'année, l'expert de l'ONU négocie avec le gouvernement américain pour obtenir un accès à M. Manning. Le mois dernier, le gouvernement l'a informé qu'il n'était pas en en mesure d'accéder à la demande d'un entretien privé sans surveillance avec M. Manning.

« La question de mon accès sans entraves à un détenu va au-delà de ma demande de rencontrer M. Manning, cela touche à la question de savoir si je serai en mesure de conduire un entretien privé et sans surveillance avec des détenus si je devais mener une visite de pays aux Etats-Unis », a souligné M. Mendez.

Il a aussi expliqué que maintenir le principe de l'accès sans entraves aux détenus constitue une part importante de sa responsabilité en tant qu'expert sur la torture. Cela détermine également de savoir si les experts de l'ONU sont en mesure de conduire des enquêtes crédibles sur les allégations de tortures et de mauvais traitement lorsqu'ils visitent des lieux de détentions et des prisonniers.

En 2004, le gouvernement américain avait autorisé Manfred Nowak, le prédécesseur de M. Mendez, et trois de ces collègues à accéder au site de Guantanamo Bay. Cependant, les conditions imposées par l'administration de l'ancien Président américain, George W. Bush, n'avaient pas été acceptées par l'ONU. M. Mendez a de nouveau demandé à avoir accès à ce site, mais aucune réponse n'a été adressée au Rapporteur.

« Les Etats-Unis, en tant que leader du monde, sont un fort soutien au système international des droits de l'homme. Par conséquent, ils doivent chercher à donner la cadence concernant les bonnes pratiques afin de renforcer le rôle des mécanismes des droits de l'homme en garantissant et en maintenant l'accès sans entraves aux détenus pendant les enquêtes », a conclu l'expert.