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Indépendance du Sud-Soudan : l'ONU se prépare à un nouveau rôle

Les biens de milliers de Sud-Soudanais qui attendent de retourner chez eux alors que l'indépendance va être déclarée le 9 juillet 2011.
Les biens de milliers de Sud-Soudanais qui attendent de retourner chez eux alors que l'indépendance va être déclarée le 9 juillet 2011.

Indépendance du Sud-Soudan : l'ONU se prépare à un nouveau rôle

Quatre jours avant l'indépendance officielle du Sud-Soudant, l'ONU se prépare à un nouveau rôle à la fois sur le terrain et au siège des Nations Unies à New York avec l'arrivée prévue d'un nouvel Etat membre.

Quatre jours avant que le Sud-Soudan ne devienne officiellement indépendant, l’ONU se prépare à la prochaine phase de son rôle dans la région, à la fois sur le terrain et au siège des Nations Unies à New York avec l’arrivée prévue d’un nouvel Etat membre.

De hauts responsables de l’ONU, dont le Secrétaire général Ban Ki-moon, participeront samedi aux cérémonies d’indépendance à Juba, la capitale du nouveau pays, qui est né à la suite d’un processus de paix ayant mis fin à une longue guerre civile entre le nord et le sud du Soudan.

Le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS), qui a été créée après l’Accord de paix global de 2005, expire samedi et une nouvelle opération de l’ONU doit remplacer cette mission de maintien de la paix.

Le Représentant permanent de l’Allemagne auprès des Nations Unies, Peter Wittig, qui occupe la Présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, a expliqué mardi aux journalistes que les membres du Conseil avaient actuellement des discussions intenses sur la forme que prendra la nouvelle mission. Il a précisé qu’un vote est attendu cette semaine.

M. Wittig a indiqué que le Conseil de sécurité se réunirait également le 13 juillet, quatre jours après l’indépendance du Sud-Soudan, pour recommander à l’Assemblée générale de l’ONU que le Sud-Soudan devienne le 193e Etat membre de l’ONU. Le dernier pays a avoir été admis comme Etat membre était le Monténégro, en 2006.

A Juba, où les autorités organisent des répétitions des cérémonies prévues samedi, le Coordonnateur régional de l’ONU pour le Sud-Soudan, David Gressly, a indiqué aux journalistes que la MINUS avait réalisé un certain nombre de choses depuis sa création il y a six ans et demi.

Il a cité le soutien donné au nord et au sud du Soudan afin qu’ils mettent en œuvre l’Accord de paix global, le rôle de l’ONU comme intermédiaire lors de différends entre les deux parties, le désengagement des deux armées, la formation de dizaines de milliers d’officiers de police au Sud-Soudan, et l’assistance dans l’organisation d’élections historiques et du référendum sur l’indépendance.

« Les efforts de mes collègues ont apporté une contribution significative au maintien de la paix et de la stabilité au cours des six dernières années », a dit M. Gressly.

Il a noté toutefois les affrontements violents récurrents entre divers groupes ethniques au Sud-Soudan et entre l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) et des milices rebelles.

De son côté, le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi qu'un nombre significatif de sudistes étaient bloqués au nord du Soudan dans des conditions difficiles, alors qu'ils cherchent un moyen de rentrer chez eux.

Entre 1,5 et 2 millions de Sud-Soudanais résidaient au nord et environ 300.000 sont déjà retournés dans le sud, a précisé un porte-parole du HCR, Dominik Bartsch, lors d'une conférence de presse à Genève.

« Malheureusement, un nombre significatif de Sud-Soudanais restent bloqués en route, notamment à Kosti, une étape le long du Nil où 16.000 personnes se trouvent dans un centre de transit construit pour accueillir 2.000 personnes, ce qui rend les conditions sur ce site très difficiles », a-t-il souligné.

Selon M. Bartsch, un groupe de 17.000 Sud-Soudanais se trouve encore à Khartoum, la capitale du Soudan, nombre d'entre eux attendant un transport vers le Sud qu'on leur a promis mais qui n'a pas été fourni pour des raisons de capacités.

« Par conséquent, de nombreuses personnes sont assises à des carrefours, après avoir vendu leurs biens, attendant que ce transport arrive », a-t-il ajouté.

« Beaucoup de ces personnes qui sont nées à Khartoum se trouvent désormais dans une situation où elles n'ont pas d'assurance sur leur avenir au Soudan. Alors que les apatrides sont souvent traités comme une question juridique, c'est une préoccupation directe pour des centaines de milliers de Sud-Soudanais au nord qui doivent décider s'ils doivent ce rendre au sud », a-t-il encore dit.

M. Bartsch a indiqué que le HCR saluait l'indépendance du Sud-Soudan prévue le 9 juillet. “Le Sud a un certain nombre de points chauds, où il y a des affrontements ethniques et des rebellions armées. » « Ces points chauds pourraient générer des déplacements internes et dans le pire des cas, pousser des réfugiés à traverser la frontière », a-t-il dit.

De son côté, une porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Elisabeth Byrs, a indiqué que l'ONU préparait une demande de fonds pour assister les rapatriés.

Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a récemment distribué des denrées alimentaires à 900.000 personnes dans le sud, a envoyé lundi une péniche chargée de nourriture qui est partie d'un site près de Khartoum et remonte le Nil vers Juba, la capitale de la future République du Sud-Soudan. La péniche doit arriver à Juba le 12 juillet.

Une porte-parole du PAM, Emilia Casella, a indiqué que le PAM saluait l'indépendance du Sud-Soudan, « car la paix est importante pour maintenir la sécurité alimentaire. »