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Haïti : l'ONU plaide pour donner directement plus d'aide à l'Etat

Haïti : l'ONU plaide pour donner directement plus d'aide à l'Etat

Une jeune fille haïtienne transporte de l'eau à Port-au-Prince.
Le Bureau de l'Envoyé spécial pour Haïti estime que l'aide internationale doit davantage transiter par l'Etat haïtien afin d'accélérer la reconstruction, créer des emplois et améliorer les services publics.

Dans un nouveau rapport publié jeudi sur l'aide en Haïti, le Bureau de l'Envoyé spécial pour ce pays estime que les flux financiers de l'aide internationale doivent davantage transiter par l'Etat haïtien afin d'accélérer la reconstruction, renforcer les institutions, créer des emplois et améliorer les services publics.

« Le fait que 99% du financement de secours contourne les institutions publiques haïtiennes rend par exemple le leadership du gouvernement d'autant plus difficile », a déclaré l'Envoyé spécial adjoint pour Haïti, Paul Farmer, en introduction du rapport.

« Après le séisme (de janvier 2010), la communauté internationale a promis des ressources financières importantes, à la fois pour les secours et les efforts de reconstruction. Cependant, beaucoup d'entre nous ont été frustrés par la transition entre ces deux phases. Au cours de l'année passée, les bailleurs ont décaissé plus de 1,74 milliard de dollars pour des activités de reconstruction, mais plus de la moitié (2,84 milliards de dollars) de ce qu'ils avaient promis pour 2010 et 2011, demeure entre leurs mains », a-t-il ajouté.

Intitulé « L'aide-t-elle changé ? Acheminement de l'aide en Haïti avant et après le séisme », le rapport a pour objectif de comprendre comment l'aide a été acheminée en Haïti avant et après le la catastrophe.

Le rapport indique que l'aide à Haïti a triplé entre 2009 et 2010, augmentant de 1,12 milliard de dollars (142,1 millions en secours et 977,6 millions de dollars en aide au développement) à environ 3,27 milliards de dollars au total (1,55 milliard de dollars en secours et 1,73 milliard en reconstruction et aide au développement).

L'aide des bailleurs bilatéraux et multilatéraux demeure une ressource beaucoup plus importante que les recettes internes du gouvernement haïtien, approximativement 130% des recettes internes du gouvernement en 2009 et 400% des recettes internes du gouvernement en 2010, selon les estimations.

Le Bureau de l'Envoyé spécial de l'ONU pour Haïti, Bill Clinton, plaide pour une intensification des l'investissement dans les institutions locales et nationales afin notamment de créer des emplois.

Selon le rapport, environ 99% de l'aide d'urgence post séisme à été décaissée vers des agences humanitaires bilatérales ou multilatérales, la Croix-Rouge, et des fournisseurs de services non étatiques, y compris des ONG et des contractants privés. Pour les experts du rapport, davantage de ces fonds devraient transiter par l'Etat afin que les Haïtiens soient en mesure de disposer de ces fonds.

En effet, avant le séisme, la plupart de l'aide à Haïti prenait la forme de subventions directes et de coopération technique. Après le séisme, plus de 60% de l'aide de secours et de reconstruction des bailleurs bilatéraux et multilatéraux ont été fournis sous la forme de subventions directes à différents bénéficiaires. Quatorze pour cent supplémentaires d'aide à la reconstruction ont été acheminés sous forme de subventions par le biais du Fonds de Reconstruction d'Haïti.

« Les bailleurs ont décaissé près de 70% des fonds promis pour 2010. Plus de 60% des fonds promis pour les exercices cumulés 2010 et 2011 demeurent non décaissés. Le calendrier de flux d'aide importants, y compris de l'appui budgétaire, demeure imprévisible », souligne le rapport.

Il y a donc eu, après le séisme, une augmentation significative de l'aide et des tentatives des bailleurs d'améliorer le respect de leurs engagements et la volonté de fournir de l'appui budgétaire.

Le Bureau de l'Envoyé spécial plaide pour le renforcement « des secteurs publics et privés, créant ainsi plus d'opportunités pour les citoyens haïtiens, en commençant par changer les modalités et les bénéficiaires de l'aide ».

Enfin, pour les experts, l'aide devrait « se concentrer sur la création d'un secteur public robuste et d'un secteur privé sain, de manière à offrir des opportunités significatives aux citoyens ».