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Violences sexuelles dans les conflits : mieux vaut prévenir que guérir, selon l'ONU

Violences sexuelles dans les conflits : mieux vaut prévenir que guérir, selon l'ONU

Margot Wallström.
Dans les situations de conflits à travers le monde, la communauté internationale a l'obligation de se souvenir des femmes, « même dans la tyrannie de l'urgence, avant que des preuves tangibles (de violences sexuelles) n'émergent », a déclaré jeudi la Représentante spéciale de l'ONU pour la violence sexuelle dans les conflits, Margot Wallström.

« Nos efforts pour maintenir la sécurité internationale ne seront pas entiers s'ils n'incluent pas ceux destinés à mettre fin aux violences sexuelles avant qu'elles ne commencent », a-t-elle ajouté lors d'une séance consultative du Conseil de sécurité consacrée à cette question.

Dans son intervention, Mme Wallström a estimé qu'il « n'y avait aucun doute sur le fait que le Conseil a adopté des résolutions historiques pour combattre le fléau des violences sexuelles liées aux conflits ». La plus importante, selon elle, est la résolution 1960 adoptée en décembre dernier, qui « marque un engagement politique d'utiliser tous les outils dont dispose le Conseil de sécurité pour assurer la prévention des viols atroces en temps de guerre ».

Mais Margot Wallström s'est interrogée sur la portée de cette résolution et des autres textes onusiens sur ce sujet : « qu'est ce que les résolutions veulent dire, tout de suite, maintenant, pour les femmes en Libye ? ».

Dans sa ligne de mire, la résolution 1970 adoptée en mars par le Conseil de sécurité, pour permettre la protection des civils libyens visés par le régime du Colonel Qadhafi et encadrer, à ce titre, une intervention internationale.

« Dans son préambule, la résolution 1970 énumère des préoccupations liées aux droits de l'homme : détentions arbitraires, disparitions forcées, torture, exécutions sommaires, répression de manifestations pacifiques », a-t-elle rappelé, avant de regretter qu'aucune mention n'ait été faite des violences sexuelles contre les femmes. « La résolution 1970 offrait pourtant l'occasion d'agiter le chiffon rouge, de traduire concrètement les intentions puissamment exprimées en décembre », a-t-elle ajouté, soulignant que « lorsque la situation politique et sécuritaire se détériore dans un pays, les violences sexuelles font partie du répertoire de la répression ».

Poursuivant son intervention, Margot Wallström a mis en avant une autre résolution, adoptée également en mars, cette fois-ci sur la Côte d'Ivoire, pour imposer des sanctions internationales au Président sortant Laurent Gbagbo et à son entourage et dans laquelle « les violences sexuelles sont dûment mentionnées ».

Après avoir mis en avant cette contradiction apparente dans des résolutions du Conseil de sécurité adoptées à quelques semaines d'intervalles, sur deux pays en conflit, la Représentante spéciale s'est dite « optimiste » de voir la résolution 1960 « réorienter le débat d'une réaction aux violences sexuelles, comme à n'importe quelle tragédie, à la prévention de ces violences, comme pour n'importe quelle menace ».

Devant les membres du Conseil de sécurité, Margot Wallström a ensuite consacré une large part de son exposé à ses récentes visites dans plusieurs pays d'Afrique, notamment la République démocratique du Congo (RDC) et l'Angola, où la lutte contre l'impunité reste l'une des principales priorités pour enrayer le fléau des violences sexuelles. A ce titre, elle a salué les condamnations récentes de plusieurs hauts gradés de l'armée nationale congolaise responsables de viols, les qualifiant « d'actions exemplaires ».

« Il est essentiel que tous les auteurs soient poursuivis systématiquement et sans relâche, afin d'augmenter le prix à payer pour avoir commis, commandé ou toléré des violences sexuelles, et ainsi dissuader les autres », a-t-elle ajouté.

Revenant enfin sur la coopération entre l'ONU et l'Union africaine dans ce combat, elle s'est également félicitée de l'organisation fin mars, par le Conseil de la paix et de la sécurité de l'organisation panafricaine, d'un débat sur « les enfants et les femmes dans les conflits armés » au cours duquel elle est intervenue et qui a débouché sur la nomination d'une Représentante spéciale de l'UA pour les femmes, la paix et la sécurité.

« La coopération entre l'ONU et l'Union africaine peut encore être améliorée dans un certain nombre de domaines », a-t-elle poursuivi, avant d'indiquer que son bureau développait à l'heure actuelle « un certain nombre d'outils pour accélérer la mise en œuvre de la résolution 1960 » sur la prévention des violences sexuelles dans les conflits.

Il s'agit de « l'établissement de mécanismes de surveillance et de suivi, de méthodes d'analyse et de collectes d'informations pour déceler les signes avant-coureurs et aider le personnel de terrain à prédire et anticiper des violences sexuelles, ou encore la construction d'un régime de responsabilisation ayant un impact réel dans le monde pour lutter contre l'impunité ».