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Egypte : une délégation de l'ONU salue les avancées démocratiques

Egypte : une délégation de l'ONU salue les avancées démocratiques

Des Egyptiens manifestant au Caire en janvier 2011 contre le régime de l'ancien Président Hosni Moubarak.
Au terme d'une visite de huit jours en Egypte, une délégation du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a indiqué qu'un certain nombre de mesures en faveur des droits de l'homme avaient été mises en œuvre dans le pays depuis le soulèvement populaire de janvier et a encouragé les autorités à traduire les aspirations légitimes du peuple égyptien pour le changement par des réformes institutionnelles concrètes et démocratiques.

Dans un communiqué rendu public vendredi, la délégation a également appelé à « un effort concerté et une vigilance renouvelée » dans la lutte contre les violations des droits de l'homme et l'impunité. Elle demande aussi « de garantir la transparence » et d'établir « un dialogue inclusif » au cours de la période de transition.

Parmi ces réalisations, figure en particulier l'enregistrement des partis politiques et de nouveaux syndicats indépendants, l'ouverture d'enquêtes sur des violations des droits de l'homme et l'annonce de mises en accusation dans les cas de corruption. L'équipe du HCDH a également salué la Déclaration constitutionnelle du 30 mars annonçant la préparation d'élections législatives et présidentielles.

Au cours de leur séjour en Egypte les cinq membres de la délégation ont rencontré le vice-Premier ministre, le ministre du travail, ainsi que des représentants des ministères des affaires étrangères, de l'intérieur, de la justice, et des membres de la magistrature et du Conseil national des droits de l'homme. Ils ont aussi eu des entretiens avec des représentants des partis politiques et de la société civile, dont des avocats, des associations de défense des droits humains et des mouvements de jeunesse.

« Nous avons été encouragés par les engagements pris par les représentants des autorités d'institutionnaliser le respect des droits de l'homme, notamment par la ratification de plusieurs traités internationaux ou leurs protocoles facultatifs, et en prévoyant des procédures de plaintes individuelles », a indiqué le chef de la délégation, Anders Kompass, qui dirige la division de la coopération technique et des opérations sur le terrain au HCDH.

« Nous avons été impressionnés par la clarté de l'analyse présentée par les représentants de la société civile, en particulier les jeunes, et leur vision pour une nouvelle Egypte fondée sur des slogans de la révolution qui mettent en avant la dignité, la liberté et la justice sociale », indiquent les experts onusiens, qui ajoutent que « la crédibilité des réformes entreprises pour toute société en transition dépend de la manière dont elles sont mises en œuvre et dont les violations actuelles des droits sont prises en compte ».

Rappelant notamment qu'il est difficile d'inverser plusieurs décennies de politiques abusives, la délégation a souhaité mettre en avant les propos d'une jeune militante rencontrée : « les révolutions ne font pas de changements, elles ouvrent des portes et créer les conditions du changement, mais les mentalités anciennes doivent aussi changer ».

« Si les Egyptiens font confiance à l'Etat et aux institutions, les autorités doivent pour leur part rester vigilantes et veiller au plein respect des droits de l'homme », a encore souligné la délégation, insistant sur « l'importance de montrer des résultats tangibles dans la lutte contre les abus et l'impunité passés, et d'assurer une responsabilisation à tous les niveaux afin que la justice soit rendue et que cela soit perçu comme tel ».

Seule ombre au tableau, les experts onusiens ont noté « avec préoccupation » qu'ils avaient reçu des informations faisant état « de la poursuite des arrestations et détentions arbitraires, ainsi que de torture et mauvais traitements sur certain citoyens, y compris des femmes », et « de tentatives d'imposer des restrictions sur les libertés d'expression et de réunion ».

« Ces violations présumées des droits doivent être rapidement examinées et revues, et un effort important est nécessaire afin de s'assurer qu'elles ne se reproduisent pas », a indiqué la délégation, avant de se dire aussi « préoccupée par la pratique continue des procès civils devant des tribunaux militaires dont les jugements sont sans appel, et des violations des garanties à un procès équitable et une procédure régulière, notamment en interdisant de contacter des avocats et des membres de la famille ».

« Tout ceux que nous avons rencontré ont affirmé que l'Egypte ne pourrait jamais revenir en arrière, comme elle était avant le 25 janvier », a conclu la délégation, estimant toutefois qu'il était « crucial de garantir l'inclusion et la participation de toutes les parties de la société, sans discrimination, au développement d'un nouveau contrat social ».