L'actualité mondiale Un regard humain

Chine : des experts de l'ONU dénoncent une vague de disparitions

Chine : des experts de l'ONU dénoncent une vague de disparitions

Jeremy J. Sarkin, expert du Groupe de travail de l'ONU sur les disparitions forcées ou involontaires.
Le Groupe de travail de l'ONU sur les disparitions forcées ou involontaires a exprimé vendredi ses graves préoccupations après la récente vague de disparitions qui se serait déroulée en Chine au cours des derniers mois.

« La disparition forcée est un crime en vertu du droit international. Même des détentions secrètes sur une période courte peuvent être considérées comme des disparitions forcées. Il ne peut jamais y avoir d'excuse justifiant la disparition de personnes, en particulier lorsque qu'elles n'ont fait qu'exprimer pacifiquement leur désaccord avec le gouvernement de leur pays », a indiqué le Groupe de travail dans un communiqué.

Ces derniers mois, les quatre experts qui le composent ont reçu des rapports faisant état d'un nombre important de personnes ayant étant soumis à une disparition forcée, y compris les avocats Teng Biao, Tang Jitian, Jiang Tianyong et Tang Jingling.

Selon ces rapports, il apparaît que les disparitions forcées sont un mode de fonctionnement en Chine, où des personnes soupçonnées de dissidence sont emmenées dans des centres de détention secrets, où ils sont souvent torturés et intimidés, avant d'être libérés ou mis « en détention douce » et interdit d'entrer en contact le monde extérieur.

« Les personnes soumises à des disparitions forcées semblent être des militants des droits de l'homme, des avocats et des étudiants », poursuit le communiqué du Groupe de travail, estimant que « ces disparitions forcées constituent la continuation d'une tendance inquiétante à la répression des dissidents ».

Le Groupe de travail examine également des cas antérieurs de disparitions forcées en Chine, notamment sur le cas de Gedhun Choekyi Nyima, disparu en 1995, à l'âge de six ans, et connu comme étant le 11ème Panchen Lama, le deuxième plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain, juste après le Dalaï-lama.

Bien que les autorités chinoises aient reconnu l'avoir enlevé, elles ont toujours refusé de divulguer toute information à son sujet ou sur le lieu de sa détention, ce qui fait de son cas une disparition forcée au sens juridique. Un certain nombre d'organes de l'ONU chargés de protéger les droits de l'homme, dont le Comité contre la torture, le Comité sur les droits de l'enfant et le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, ont demandé à plusieurs reprises aux autorités chinoises de révéler l'endroit où il se trouvait.

Autre cas sur lequel les experts onusiens continuent d'exprimer leur préoccupation, l'avocat spécialisé dans la défense des droits de l'homme, Gao Zhisheng, qui a disparu depuis près de deux ans et aurait transmis des informations sur des tortures qu'il subirait de la part de la police chinoise. Le Groupe de travail avait d'ailleurs adressé une demande d'action au gouvernement chinois en février 2009.

Enfin, le Groupe de travail s'inquiète du cas de Jiang Feng, un pratiquant de Falun Gong, disparu en février 2010 après avoir été arrêté par les autorités chinoises à l'aéroport de Shanghai, alors qu'il s'apprêtait à embarquer pour rejoindre les Etats-Unis et y retrouver son épouse.

« La Chine a une obligation de se conformer aux normes les plus strictes dans le domaine des droits de l'homme. Il convient également de coopérer pleinement avec les organes spéciales de l'ONU, en particulier avec le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires », ont par conséquent souligné les experts dans leur communiqué, avant d'appeler « les autorités chinoises à libérer toutes les personnes disparues, à fournir des informations complètes sur leur sort ».

« Il faut faire en sorte qu'il y ait des enquêtes approfondies sur ces pratiques et que des réparations intégrales soient offertes à ceux qui ont subi cette pratique honteuse », conclut le Groupe de travail.