L'actualité mondiale Un regard humain

Libye : le cessez-le-feu décrété par le régime ne peut pas être vérifié, selon Ban

Libye : le cessez-le-feu décrété par le régime ne peut pas être vérifié, selon Ban

A la frontière tunisienne, des personnes ayant fui les violences en Libye.
Le cessez-le-feu que les autorités libyennes disent avoir décrété afin de se conformer à la résolution 1973, adoptée jeudi par la Conseil de sécurité de l'ONU et qui appelle à l'arrêt de toutes les attaques contre les civils, doit encore être vérifié, a déclaré samedi, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, estimant que les intentions exactes du régime n'étaient pas claires.

Le chef de l'ONU, qui participait au Sommet de Paris destiné à examiner la situation en Libye, a indiqué à la presse qu'il s'était entretenu par téléphone vendredi soir avec le Premier ministre libyen, Baghdadi Mahmoudi, qui lui avait déclaré que le régime « respecterait strictement les termes de la résolution 1973 ».

Le Premier ministre libyen « m'a demandé d'intervenir pour empêcher une action militaire de la part de la communauté internationale », a-t-il expliqué. « Franchement, il semblait plutôt désespéré. Ce qu'ils font n'est pas clair. Il a réclamé une équipe pour surveiller le cessez-le-feu. Cette démarche libyenne doit être vérifiée. Il ne fait aucun doute que les Libyens essayent d'éviter une action militaire ».

« J'avais parlé plusieurs fois avec le ministre des Affaires étrangères de la Libye, pour exhorter le gouvernement à arrêter la violence et cesser le feu immédiatement », a-t-il ajouté.

Selon la presse, au cours des 24 dernières heures, les forces armées libyennes loyales au régime ont attaqué la ville orientale de Benghazi, le siège de l'insurrection, en dépit des affirmations du régime selon lesquelles il aurait décrété un cessez-le-feu.

« Compte tenu de la situation critique sur le terrain, il est impératif que nous continuions à agir avec rapidité et de manière décisive », a encore déclaré Ban Ki-moon, soulignant que l'ONU travaillait en étroite collaboration avec les organisations régionales et les États membres pour « coordonner une approche commune » et une réponse « efficace et rapide ».

Il a également estimé qu'en plus d'un cessez-le-feu immédiat, les autorités libyennes devaient aussi arrêter totalement le déploiement de leurs forces armées dans les principales villes du pays, « afin que les populations puissent se livrer à leurs activités normales sans avoir peur ».

Selon lui, un accès rapide doit par ailleurs être accordé aux organisations humanitaires et le rapatriement des travailleurs migrants et autres personnes qui cherchent à quitter le pays doit être assuré en toute sécurité.

Le Secrétaire général de l'ONU a également indiqué que son Envoyé spécial, Abdul Ilah Khatib, qui s'est rendu en Libye cette semaine, se réunirait lundi avec les membres de l'opposition du pays, pour continuer à travailler avec la communauté internationale.

« Si les actes dont nous sommes les témoins constituent des crimes contre l'humanité, punissables en vertu du droit international, nous devons tenir leurs auteurs pour responsables », a-t-il conclu. L'ONU a annoncé la création d'une commission d'enquête internationale sur toutes les violations présumées du droit international et des droits de l'homme en Libye. Chargée aussi d'identifier leurs auteurs et responsables, elle fera des recommandations au Conseil des droits de l'homme, à Genève, pour empêcher l'impunité de prévaloir.