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L'ONUDC met en garde contre les liens entre criminalité et terrorisme

L'ONUDC met en garde contre les liens entre criminalité et terrorisme

Yury Fedotov.
En ouverture d'une réunion internationale sur les connexions entre terrorisme et criminalité internationale, organisée à Vienne, en Autriche, le Directeur de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Yury Fedotov, a appelé à renforcer la coopération internationale et à intensifier les efforts dans la lutte « contre les menaces combinées de la criminalité et du terrorisme ».

« La mondialisation s'est révélée être une arme à double tranchant. Aujourd'hui, les marchés de la criminalité sont partout sur la planète, et dans de nombreux cas, leurs profits soutiennent des groupes terroristes », a-t-il déclaré devant plus de 250 représentants de près de 90 pays venus participer à cet évènement consacré à l'évolution constante des modes opératoires des organisations terroristes, et à leur présence croissante dans les réseaux criminels transnationaux.

Selon le chef de l'ONUDC, l'ouverture des frontières, l'ouverture des marchés, la libre circulation des biens et des personnes et le développement des moyens de communication ont bénéficié à la fois aux terroristes et aux criminels.

« Grâce aux progrès de la technologie, de la communication, de la finance et des transports, les réseaux terroristes et les groupes criminels opérant au niveau international sont plus à même d'entrer en relation », a-t-il indiqué, estimant qu' « en mettant en commun leurs ressources et leur expertise, ils peuvent augmenter de manière significative leurs capacités ».

Le Directeur de l'agence onusienne a ainsi souligné que « le trafic de drogue, la circulation des armes à feu illicites et le blanchiment d'argent » étaient « devenues partie intégrante des activités des organisations terroristes ».

Pour Yury Fedotov, ces agissements relevant de la criminalité mais qui soutiennent des groupes terroristes représentent « une augmentation des menaces et des défis à la sécurité mondiale à un certain nombre de niveaux », à l'instar de l'Afghanistan, où les actions terroristes des Talibans sont financées par la production d'opium, ou de la Colombie, où les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) poursuivent leurs activités grâce au trafic de cocaïne ou aux rançons d'enlèvements.

Le chef de l'ONUDC a également mis en avant les liens entre criminalité et terrorisme dans les régions et les pays fragilisés par la pauvreté, les conflits armés ou la corruption, et qui ont pour première conséquence « d'aggraver de nombreuses situations déjà fragiles ».

Organisée pour marquer le dixième anniversaire de l'adoption du Plan d'action de Vienne contre le terrorisme en septembre 2001, la réunion internationale a également été marquée par l'intervention de la fondatrice du Réseau mondial des survivants, une organisation de victimes du terrorisme dans le monde

« Les victimes d'actes terroristes sont trop souvent vues comme de simples nombres. Nous voulons rappeler qu'ils ont des noms, faire entendre aussi leurs voix et nous attaquer aux meurtriers et à leurs messages erronés répandus dans le monde », a souligné Carie Lemack.

« Dans la complexité de la lutte contre le terrorisme, les témoignages de véritables personnes victimes de tels actes représentent un outil incroyablement puissant pour faire réfléchir à deux fois ceux qui seraient tentés de basculer dans le terrorisme », a-t-elle ajouté.

C'est d'ailleurs dans cette perspective que le documentaire « Killing in the Name », nominé aux Oscars, a été réalisé. Le film raconte l'histoire de l'un des co-fondateurs du Réseau mondial des survivants, Ashraf Al-Khaled, un Iraquien qui a perdu 27 membres de sa famille dans un attentat terroriste pendant un mariage. Pour l'association, « en montrant les expériences de ceux qui ont été directement et indirectement touchés par des actes terroristes, un pari est fait, celui de combattre ce crime grâce aux voix des victimes ».

Selon l'ONUDC, l'accroissement des activités terroristes dans le monde montre que le terrorisme constitue aujourd'hui « l'une des principales menaces pour la sécurité des pays et de leurs citoyens ». Dans ce contexte, l'agence onusienne estime que « les liens qui se développent avec la criminalité internationale vont continuer de représenter un problème urgent et réel, nécessitant de renforcer la coordination des efforts internationaux ».

A l'occasion de cette réunion internationale de Vienne, l'ONUDC lancera une nouvelle plateforme virtuelle sur Internet, destinée à permettre aux spécialistes de la lutte anti-terroriste et à tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans ce combat, de mieux communiquer entre eux, d'échanger des informations, de partager des expériences et de renforcer la coopération internationale.