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Côte d'Ivoire : Ban Ki-moon inquiet du risque de guerre civile

Côte d'Ivoire : Ban Ki-moon inquiet du risque de guerre civile

Des personnes déplacées à la mission catholique à Duékoué, en Côte d'Ivoire.
Alors que le HCR s'inquiète de l'arrivée de nouveaux réfugiés ivoiriens au Libéria et du nombre croissant de déplacés internes, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exprimé vendredi « sa plus grave inquiétude face à la dégradation de la situation en Côte d'Ivoire, notamment les affrontements armés à Abidjan, et les combats à l'Ouest du pays entre des éléments des Forces nouvelles et des forces loyales à Laurent Gbagbo ».

Dans un communiqué rendu public par son porte-parole, Martin Nesirky, le chef de l'ONU souligne que « ces événements représentent une escalade inquiétante de la situation qui risque de replonger le pays dans la guerre civile ».

« Le Secrétaire général déplore fermement les menaces proférées par le camp de Laurent Gbagbo à l'encontre des Nations Unies, y compris l'appel lancé récemment pour entraver à partir d'aujourd'hui les mouvements des casques bleus déployés à Abidjan. Il exige la cessation immédiate de ces menaces et des obstructions aux activités des casques bleus, notamment leurs efforts visant à protéger la population civile », a ajouté Martin Nesirky.

Ban Ki-moon « réitère son appel à la retenue et exhorte les deux côtés à collaborer avec le Groupe de haut niveau de l'Union africaine ». Il rappelle également « que tous ceux qui incitent ou commettent des actes de violence contre la population civile et les casques bleus seront tenus responsables de leurs actes conformément au droit international ».

De son côté, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s'est aussi inquiété de ce regain de violence en Côte d'Ivoire, qui s'est traduit par l'arrivée au Libéria de quelque 5.000 Ivoiriens en 24 heures.

Selon l'agence onusienne, alors qu'en début de semaine, environ 100 Ivoiriens franchissaient quotidiennement la frontière pour échapper à la montée des tensions politiques dans leur pays, leur nombre a bondi après les violences de ces derniers jours, à Abidjan et dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire.

Préoccupé par « la montée soudaine et inquiétante des déplacements transfrontaliers », le HCR a envoyé trois équipes aux points de passage de Buutuo, Gborplay et Luguatuo, au Libéria, pour évaluer la situation de ces nouveaux réfugiés. Ils viennent s'ajouter aux quelques 45.000 Ivoiriens qui ont déjà rejoint le Libéria depuis fin novembre, selon le HCR.

Par ailleurs, en Côte d'Ivoire même, et notamment à Abidjan, l'agence onusienne surveille les déplacements de population afin d'évaluer la situation qui évolue rapidement. Principale source de préoccupation, les 39.000 déplacés internes dans l'Ouest du pays, à proximité de la frontière avec le Libéria.

Dans la région de Duékoué où des combats ont éclaté, le HCR a suspendu ses travaux d'aménagement d'un camp de déplacées, destinés à alléger la pression sur une mission catholique où 9.000 Ivoiriens ont trouvé refuge.

« Même sans les derniers combats, le HCR estime que le risque de déplacement dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire demeure substantiel », a déclaré vendredi une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d'une conférence de presse à Genève.

« La semaine dernière, une mission d'évaluation conjointe avec nos partenaires a rapporté que des groupes armés itinérants et des bandes organisées avaient attaqué des déplacés le long de l'axe Duékoué-Man, où les villages sont désertés par leurs habitants », a-t-elle ajouté.

En décembre et janvier, plusieurs villages de cette région avaient déjà été attaqués, entraînant d'importants déplacements de population vers Duékoué, qui accueille aujourd'hui 23.000 déplacées internes.

« Les familles d'accueil ont du mal à accueillir et prendre en charge ces personnes particulièrement vulnérables. Certains déplacés, qui ont fui les attaques contre leurs villages, seraient encore vivants et se cacheraient dans la brousse », a encore indiqué la porte-parole du HCR, avant de préciser que des témoignages de femmes faisaient aussi état de viols.