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L'Afrique doit rester unie face à la crise ivoirienne, estime Ban Ki-moon

L'Afrique doit rester unie face à la crise ivoirienne, estime Ban Ki-moon

Des Casques bleus en Côte d'Ivoire.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a encore souligné samedi les principes qui devraient, selon lui, guider les efforts destinés à résoudre la crise politique en Côte d'Ivoire, parmi lesquels figure le retrait du président sortant Laurent Gbagbo, pour permettre la désignation d'un gouvernement d'unité nationale par le président élu, Alassane Ouattara.

Intervenant à la Réunion de haut niveau sur la Côte d'Ivoire organisée à la veille de l'ouverture du sommet de l'Union africaine (UA), à Addis Abeba, en Ethiopie, il a estimé que la remise en cause des résultats de l'élection présidentielle de novembre 2010 « constituerait une grave injustice et créerait un précédent malheureux ».

« Notre premier devoir, c'est vis-à-vis de la population de la Côte d'Ivoire. Nous avons l'obligation de rester ferme et unis, et d'envoyer un signal aux peuples d'Afrique, notre engagement envers nos principes est réel », a déclaré le Secrétaire général.

« Nous devons préserver notre position commune, agir ensemble, et tenir ferme contre la tentative de Laurent Gbagbo de s'accrocher au pouvoir en utilisant la force », a-il ajouté.

Il a également appelé à des actions concrètes pour lever le siège de l'Hôtel du Golf, où Alassane Ouattara et son entourage exercent le pouvoir sous la protection des casques bleus de la Mission de l'ONU dans le pays (ONUCI), et tous les obstacles au travail de l'ONU en Côte d'Ivoire.

Le Secrétaire général a également souligné qu'une fois un gouvernement légitime établi en Côte d'Ivoire, celui-ci aura besoin du plein appui de la communauté internationale pour relever efficacement les défis économiques et sociaux du pays, promouvoir la réconciliation et faire respecter la justice et les droits de l'homme.

Vendredi, le Conseil de la paix et de la sécurité de l'UA a décidé de mettre en place un « panel » de chefs d'Etat, qui doit rendre dans un délai d'un mois des décisions « contraignantes » pour toutes les parties ivoiriennes.

Dans son intervention, Ban Ki-moon a estimé que ce panel devrait travailler en étroite coordination avec l'ONU sur tous les aspects et à toutes les étapes du processus. « À cet égard, l'ONU est disposée à envoyer un de ses représentants pour travailler avec l'équipe d'experts », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, le Secrétaire général a fait part de sa profonde préoccupation face aux actions hostiles commanditées par Laurent Gbagbo contre des Casques bleus de la mission de l'ONU dans le pays (ONUCI).

Il a rappelé que l'ONUCI avait un mandat clair, déterminé par les accords de paix antérieurs signés par le président Laurtent Gbagbo lui-;même à l'époque et d'autres dirigeants ivoiriens, et prévoyant la protection du vainqueur de l'élection, en l'espèce Alassane Ouattara et son Premier ministre, Guillaume Soro.

« Malheureusement, depuis le 16 décembre, les forces régulières et irrégulières fidèles à M. Gbagbo entravent les mouvements des casques bleus, interrompent leurs approvisionnements en carburant et autres fournitures essentielles, tirent à balles réelles contre eux et font le blocus de l'Hôtel du Golf », a-t-il déploré.

« Je suis également profondément préoccupé par la détérioration de la situation des droits de l''homme et la situation humanitaire », a-t-il poursuivi, soulignant que plus de 260 personnes avaient été tuées dans des incidents violents depuis la mi-décembre.

Selon l'ONU, plus de 30.000 Ivoiriens ont fui vers les pays voisins, en particulier le Libéria, où un premier camp de réfugié est en cours de construction. 17.000 Ivoiriens ont également été déplacés à l'intérieur du pays.

L'existence de charniers a également été signalée, mais le personnel de l'ONU chargé de la protection des droits humains s'est vu refuser l'accès aux sites suspicieux.

« Tous les responsables d'actes graves contre le peuple ivoirien et les casques bleus de l'ONU doivent être traduits en justice et tenus pour responsables de leurs crimes », a estimé le Secrétaire général.

Samedi, à Addis à Abeba, Ban Ki-moon avait eu des entretiens avec une délégation de la Commission économique des États de l'Afrique de l 'Ouest (CEDEAO), au cours de laquelle il a félicité l'organisation régionale ouest africaine « pour ses efforts visant à trouver une solution pacifique à l'incertitude politique en Côte d'Ivoire ».

« Le Secrétaire général a souligné l'importance pour l'ONU, la CEDEAO et l'Union africaine de préserver leur position commune de principe », a indiqué un de ses porte-parole, après ces entretiens.