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Côte d'Ivoire : l'ONU exige l'arrêt de la campagne médiatique hostile contre sa mission

Un poste d'observation de l'ONU en Côte d'Ivoire.
Un poste d'observation de l'ONU en Côte d'Ivoire.

Côte d'Ivoire : l'ONU exige l'arrêt de la campagne médiatique hostile contre sa mission

L'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) a dénoncé le lancement par le camp du Président sortant, Laurent Gbagbo, d'une campagne médiatique contre l'ONU, exigeant son arrêt immédiat.

« Le camp du président Laurent Gbagbo, à travers la Radio Télévision Ivoirienne (RTI), a commencé la seconde phase de la campagne médiatique hostile contre l'ONUCI », a estimé mercredi la mission dans un communiqué, exigeant « la cessation immédiate de cette campagne négative ».

« Cette campagne a été planifiée par le cœur du camp du Président Gbagbo le 29 décembre 2010. Depuis cette date, la RTI continue de diffuser des images de deux blessés présentés comme victimes des tirs d'une patrouille de la mission à Abobo. Le ton est récemment monté, et la campagne fait intervenir des acteurs du plus haut niveau du camp du Président Gbagbo », précise l'ONUCI.

Pour l'ONU, c'est la seconde fois que le camp de Laurent Gbagbo « entreprend une campagne négative contre l'ONUCI », qui dénonce une nouvelle fois « les actes de violations des droits de l'homme, y compris des raids des éléments armés envoyés par le camp de Laurent Gbagbo au siège du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) dans la matinée du 4 janvier 2011, entrainant de nombreuses arrestations arbitraires et des victimes ».

Mardi soir, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est entretenu par téléphone avec le Président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, pour discuter de la situation en Côte d'Ivoire. Il a également remercié le Premier ministre kenyan, Raila Odinga, qui s'est joint aux Présidents du Benin, du Cap-Vert et de Sierra Leone, pour négocier avec Laurent Gbagbo et Alassanne Ouatarra une issue pacifique à la crise.

Par ailleurs, sur le terrain, le Haut commissariat pour les réfugiés de l'ONU (HCR) a accéléré l'acheminement de l'aide humanitaire pour plusieurs milliers d'Ivoiriens qui ont déjà fuit vers le Libéria. Selon l'agence onusienne, ils seraient déjà près de 22.000, la plupart étant des femmes et des enfants originaires de l'ouest de la Côte d'Ivoire, qui ont besoin en urgence de vivres, d'abris et d'eau potable. Ces ressources sont particulièrement rares dans les 23 villages du comté de Nimba, dans l'est du Libéria, où les Ivoiriens continuent d'affluer. Selon le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) 62% d'entre eux sont des enfants.

« Le HCR a mobilisé sept camions, partis de la capitale libérienne, Monrovia, vers notre base opérationnelle dans le comté de Nimba, à Saclapéa. Cinq de ces camions serviront à transporter des vivres et des articles non alimentaires, les deux autres seront consacrés au transport du matériel pour la construction d'un camp de réfugié », a indiqué mercredi le porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d'une conférence de presse à Genève en Suisse.

« Nous avons également signé un accord avec le Conseil norvégien des réfugiés pour distribuer simultanément des vivres et des articles d'aide non alimentaire dans tous les villages hébergeant des réfugiés. De plus, nous avons récemment monté un entrepôt mobile à Luguato pour stocker du matériel d'aide humanitaire, y compris des vivres », a-t-il ajouté.

Mercredi matin, le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis à disposition des vivres pour nourrir les milliers de réfugiés ivoiriens. Mardi, l'agence onusienne avait fourni des biscuits à haute teneur énergétique destinés en priorité aux enfants âgés de moins de cinq ans, aux mères allaitantes, aux femmes enceintes et aux malades.

Dans l'attente d'une distribution alimentaire générale, les réfugiés aident les communautés hôtes pour la récolte des cultures en échange d'une portion de riz, de manioc et d'autres aliments de base récoltés, a indiqué le porte-parole du HCR.

« Nous nous sommes concentrés jusqu'à présent sur l'acheminement de l'aide dans la région de Luguato, la région accueillant le plus grand nombre de réfugiés et où l'afflux avait commencé. Nous y avons déjà enregistré quelque 11.500 réfugiés, soit un peu plus de la moitié du total de la population réfugiée ivoirienne.

Les réfugiés se trouvant dans et autour de Luguato sont originaires des villages du département de Danané, à l'ouest de la Côte d'Ivoire. Les autres réfugiés ivoiriens sont accueillis à Butuo et Dubuzon et ont fui depuis le département de Guiglo, également à l'ouest de la Côte d'Ivoire, au sud de Danané », a souligné Adrian Edwards, le porte-parole du HCR.

Parmi les réfugiés, certains sont des partisans d'Alassane Ouattara et d'autres, de Laurent Gbagbo. Ils sont originaires de villages situés entre Danané et Guiglo. Ils disent avoir fui la nuit et avoir marché dans la brousse pour éviter de se faire repérer par des forces représentant une opinion politique contraire et contrôlant les territoires dont ils proviennent, a indiqué le HCR.