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Haïti : l'ONU poursuit la lutte contre l'épidémie meurtrière de choléra

Haïti : l'ONU poursuit la lutte contre l'épidémie meurtrière de choléra

Un bébé et d'autres patients souffrant de diarrhées sont allongés sur le sol d'un hôpital dans le département d'Artibonite, en Haïti.
L'épidémie de choléra en Haïti a fait plus de 2.700 morts et affecté plus de 70.800 personnes depuis qu'elle est apparue en octobre, a indiqué le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), qui s'inquiète en particulier d'une augmentation des contaminations et des décès dans le sud-est du pays.

Au 18 décembre, le choléra avait touché 70.865 personnes et en avait tué 2.761, a précisé OCHA dans un rapport qui fait le point de la situation. « Alors que depuis le 1er décembre, le taux de mortalité décroit dans la plupart des départements et s'élève désormais à 2,1% sur l'ensemble du pays, il est passé de 12,9% à 13,1% dans le département du Sud-Est entre le 11 et le 18 décembre », déplore-t-il.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) poursuit ses opérations de soutien aux autorités haïtiennes. Elle a ainsi participé à l'élaboration, l'impression et la distribution de 97.000 affiches et 150.000 tracts en créole, pour décrire les actions à entreprendre pour prévenir et traiter les infections.

En coopération avec le gouvernement, des formations sur la gestion de la maladie ont également été mises en place pour les responsables des communautés et les chefs religieux. L'OMS a aussi assuré la formation de plus de 500 agents de santé.

Dans le département de l'Artibonite, d'où est partie l'épidémie, des brigades communales chargées de suivre l'évolution de l'épidémie ont été mises en place après une flambée d'infection dans la région montagneuse de Gros-Mornes. Une baisse des infections dans le sud du département a en revanche permis le redéploiement d'équipes de l'organisation non-gouvernementale Médecin Sans Frontières (MSF).

L'OMS a identifié plusieurs secteurs dans lesquels des obstacles demeurent, dont la mobilisation des communautés locales pour la prévention, l'accès à l'eau propre et à des latrines, l'accès aux traitements de la maladie et la coordination entre les différentes ONG et agences onusiennes.

Selon l'agence onusienne, « il y a un besoin urgent d'activités offrant une mobilisation massive pour promouvoir la prévention et les traitements ». « Le contrôle de l'épidémie dépendra aussi du niveau d'accès à de l'eau propre et à des installations sanitaires de base, ainsi qu'à la mise en oeuvre de mesures d'hygiène ».

A Port-au-Prince, en coordination avec les agences onusiennes et les ONG, le ministère haïtien des travaux publics prépare actuellement une campagne de 30 jours destinée à améliorer les conditions sanitaires des marchés de la capitale.

Des agents sanitaires sillonneront ces lieux pour y organiser des activités de promotion de l'hygiène, notamment le nettoyage des étals, le ramassage des ordures et l'entretien des latrines.

Des activités identiques sont en cours dans huit autres départements du pays, où 963 agents sanitaires ont été formés entre le 20 et le 24 décembre dernier.

Par ailleurs, OCHA indique que dans les localités de Mariani, Bizoton, Archachon et Rivière Froid, les équipes de MSF ont mis en évidence le lien entre les perturbations dans la distribution de l'eau propre et l'augmentation des infections. Elles recommandent donc en urgence quatre mesures : la création de stocks de carburants dans les stations de pompage pour pallier aux coupures d'électricité, l'augmentation du pompage pour maintenir les niveau des réservoirs au plus haut, l'ajustement des quantités de chlore utilisées pour éviter des résidus dans le réseau de distribution, la mise en place d'équipes de réparation d'urgence pour intervenir rapidement et éviter les perturbations ou les interruptions des distributions.

Enfin, selon OCHA, dans le Département du Sud, l'un des principaux problèmes reste celui de la gestion des cadavres, notamment à Les Cayes, où 64 corps sont restés plusieurs semaines à l'hôpital en raison du refus des familles de les faire enterrer dans une fosse commune.