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Le Directeur de l'AIEA toujours préoccupé par la Corée du Nord et l'Iran

Le Directeur de l'AIEA toujours préoccupé par la Corée du Nord et l'Iran

Yukiya Amano
En ouverture de la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à Vienne, le Directeur général de cette agence onusiennne, Yukiya Amano, s'est dit jeudi très inquiet des récentes informations concernant un nouveau site d'enrichissement d'uranium et la construction d'un nouveau réacteur à eau légère en République populaire démocratique de Corée.

En ouverture de la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), à Vienne, le Directeur général de cette agence onusiennne, Yukiya Amano, s'est dit jeudi très inquiet des récentes informations concernant un nouveau site d'enrichissement d'uranium et la construction d'un nouveau réacteur à eau légère en République populaire démocratique de Corée.

Devant les 35 gouverneurs réunis pendant deux jours pour faire le point sur les activités de l'année écoulée, il a également fait part de son « grand regret » que l'agence n'ait « pas eu d'inspecteurs en Corée du Nord depuis avril 2009 » et que cette dernière n'ait « pas permis à l'agence de mettre en œuvre les garanties depuis décembre 2002 ».

Après avoir rappelé l'appel lancé en septembre dernier par la Conférence générale de l'AIEA, demandant à la Corée du Nord de respecter pleinement les résolutions du Conseil de sécurité, de se conformer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et de coopérer sans délai avec l'agence, Yukiya Amano a exhorté « instamment la RPDC à mettre pleinement en oeuvre toutes les résolutions pertinentes de la Conférence générale et du Conseil de sécurité ».

« Etant la seule organisation multilatérale de vérification nucléaire, l'AIEA a un rôle essentiel à jouer dans la vérification du programme nucléaire de la RPDC », a-t-il ajouté.

Se penchant ensuite sur la situation au Moyen-Orient, le chef de l'AIEA a une nouvelle fois regretté le manque de coopération de l'Iran et de la Syrie, qui font tous deux l'objet d'une enquête de l'agence pour des activités nucléaires présumées illicites.

A propos de l'Iran, Yukiya Amano a souligné que « l'agence a besoin de la coopération de l'Iran pour clarifier les questions en suspens qui alimentent l'inquiétude sur une possible dimension militaire de son programme nucléaire, notamment en ayant accès à tous ses sites, à ses équipements, à ses employés et aux documents réclamés ».

L'AIEA estime en effet que l'Iran continue d'entraver le travail de ses inspecteurs, empêchant l'agence, après huit ans d'enquête, de déterminer si le programme nucléaire iranien est pacifique, comme l'affirme les autorités, ou a des fins militaires, comme le soutienne les grandes puissances. Le manque de coopération de l'Iran a d'ailleurs débouchée cette année sur le renforcement du régime de sanction imposée par le Conseil de sécurité, qui demande notamment l'abandon de l'enrichissement d'uranium.

Dans son dernier rapport publié fin novembre, l'AIEA signalait l'arrêt temporaire du programme d'enrichissement le 16 novembre. L'agence onusienne ne fournissait pas d'information sur la raison et la durée de cet arrêt, les inspecteurs de l'AIEA n'étant restés sur le site d'enrichissement de Natanz, dans le centre de l'Iran, que quelques heures. Selon la presse, qui cite des responsables iraniens, cet arrêt serait dû à des problèmes techniques et non à une décision politique visant à se conformer aux demandes de la communauté internationale.

Dans son intervention, Yukiya Amano a néanmoins salué la reprise des négociations entre l'Iran et le Groupe 5 +1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne + Allemagne), programmé à Genève les 6 et 7 décembre prochain, après plus d'un an d'interruption.

A propos de la Syrie, le Directeur de l'AIEA a regretté que celle-ci n'ait « pas coopéré depuis juin 2008 sur les questions en suspens concernant plusieurs sites, dont celui de Dair Alzour ».

L'agence onusienne cherche en effet à accéder à plusieurs installations dispersées sur le territoire syrien, en particulier celui de Dair Alzour, bombardé par Israël en septembre 2007, en raison de soupçons de la construction d'un réacteur nucléaire. En 2008, la Syrie avait accepté la venue d'inspecteurs de l'AIEA, mais n'a pas délivré de nouvelle autorisation depuis cette date.

Devant le Conseil des gouverneurs, Yukiya Amano a indiqué avoir « écrit une lettre au ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne le 18 novembre 2010, pour demander au gouvernement d'assurer à l'agence un accès rapide aux informations et aux emplacements liés à Dair Alzour ».

La réunion annuelle du Conseil des gouverneurs de l'AIEA se poursuivra jusqu'à vendredi. Au programme des discussions également, la création d'une banque internationale de combustible nucléaire.