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L'ONU appelle à éradiquer l'esclavage moderne et à aider les victimes

L'ONU appelle à éradiquer l'esclavage moderne et à aider les victimes

Une fillette récupère d'une année aux mains de rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), en Ouganda.
A l'occasion de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé que les victimes et les rescapés de l'esclavage « doivent avoir des voies de recours et la possibilité d'obtenir réparation » et a appelé les Etats à contribuer « généreusement au Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d'esclavage ».

« L'esclavage moderne est un crime. Ceux qui s'en rendent coupables, le passent sous silence ou le favorisent doivent être traduits en justice. Victimes et rescapés doivent avoir des voies de recours et la possibilité d'obtenir réparation : c'est un droit », a déclaré le Secrétaire général.

« En cette Journée internationale, j'exhorte tous les États à ratifier et appliquer les instruments juridiques pertinents, et à coopérer pleinement avec le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d'esclavage. Je demande en outre à tous les États Membres de l'ONU de contribuer généreusement au Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d'esclavage, qui a déjà aidé des milliers de victimes à reconstruire leur vie et à retrouver leur dignité », a-t-il ajouté.

L'article 4 de la Déclaration universelle des droits de l'homme dispose que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes ». Pourtant, l'esclavage reste aujourd'hui un problème grave qui se manifeste sous diverses formes : servitude pour dettes, servage, travail forcé, travail et servitude des enfants, trafic de personnes et d'organes humains, esclavage sexuel, utilisation d'enfants soldats, vente d'enfants, mariage forcé et vente de femmes et exploitation de la prostitution.

La Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage commémore l'adoption par l'Assemblée générale de la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui du 2 décembre 1949.

« L'inquiétude de la communauté internationale face à la détresse de ceux qui vivent dans des conditions s'apparentant à l'esclavage a donné lieu à de nombreux instruments juridiques importants, dont le plus récent est le Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, entré en vigueur en 2003 », a souligné Ban Ki-moon.

Le chef de l'ONU a également précisé que les juridictions du monde entier ont ouvert la voie à de nouveaux progrès en matière de recours légal.

« La Cour internationale de Justice, par exemple, a contribué à ce que l'esclavage soit considéré comme un crime contre l'humanité. De son côté, le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a émis un acte d'accusation au chef de l'esclavage considéré comme un crime contre l'humanité pour des faits de viol et d'esclavage. La Cour de justice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a elle aussi récemment rendu une décision faisant de l'esclavage un crime contre l'humanité », a-t-il conclu.

La Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines d'esclavage, Gulnara Shahinian, a pour sa part souligné que les travailleurs domestiques qui sont victimes « d'abus de nature physique, émotionnelle ou sexuelle sont effectivement traités comme des esclaves ».

« Cette forme d'esclavage existe dans les ménages du monde entier alors que les victimes restent largement invisibles. Cette servitude domestique constitue une inquiétude globale », a-t-elle expliqué.

Elle a rappelé qu'aucune personne de moins de 18 ans ne devrait vivre en tant que domestique avec leurs employeurs et qu'il devrait être interdit d'employer des enfants de moins de 15 ans. « Les Etats devraient concentrer leurs efforts pour réduire l'invisibilité des travailleurs domestiques notamment en renforçant les régulations sur l'emploi d'enfants domestiques », a-t-elle conclu.